Pacte de responsabilité : les chimères de Monsieur Valls

Par Jérôme Dubus  |   |  673  mots
Le pacte de responsabilité apparaît bien léger au regard des réformes à accomplir. Il ne permettra pas de ramener le déficit public à 3% du PIB en 2015. Par Jérôme Dubus, secrétaire national de l’UMP en charge de la croissance

C'est un fait : sous la pression internationale notamment celle des créditeurs de la France, la gauche au Gouvernement a enfin réalisé qu'elle ne pouvait pas maintenir une « exception économique nationale ». Cela provoque des résistances au sein même du Parti socialiste où subsistent encore quelques nostalgiques des années 1980, drogués à la dépense publique et à la relance par la consommation. La base renâcle, convaincue que les propositions du candidat François Hollande étaient applicables. Comment en vouloir à des élus et des militants sincères dans leurs convictions dont les dirigeants eux-mêmes, et notamment le premier d'entre eux, ont toujours refusé de faire œuvre de pédagogie à leur égard ?

Un réveil brutal

Le réveil est brutal, au moins aussi brutal que celui des années Mitterrand, où le parti de la « rigueur » succéda à celui des illusions lyriques. Mais ce réveil n'intervient-il pas trop tard et surtout de manière trop peu crédible ? Car les hypothèses sur lesquelles repose ce pacte de responsabilité apparaissent pour le moins très optimistes voire pour certaines d'entre elles fantaisistes.

François Hollande nous a, depuis deux ans, habitués à jongler avec la vérité des chiffres. Aucune prévision n'a été respectée que ce soit en matière de croissance, d'emploi, de déficit, d'endettement ou de comptes extérieurs. Mois après mois, la crédibilité de Président et de son Gouvernement est battue en brèche, quand tombe, tel un couperet, la litanie des mauvaises nouvelles économiques. Dans ces conditions, comment faire confiance à ces nouvelles annonces ? Le « paquet-cadeau » apparaît certes séduisant mais il recèle déjà un échec économique retentissant. Les prévisions de croissance retenues reposent en effet sur des hypothèses chimériques : 2,25% en 2016 ce qui impliquerait un doublement par rapport à 2015 alors qu'à ce jour tous les moteurs sont à l'arrêt que ce soit l'investissement (-1, 2% en 2013), les exportations (toujours en baisse) ou la consommation. Quant à l'équilibre des comptes publics, on ne voit pas comment il serait atteint alors qu'aucune réforme structurelle d'envergure n'est prévue.

Des réductions de dépenses vagues et incertaines

 Renégocié déjà à deux reprises, le niveau du déficit public ne pourra pas atteindre 3% en 2015 tant les réductions de dépenses publiques prévues demeurent vagues et incertaines. Ceci implique la poursuite de l'endettement de notre pays, devenu en 2014 le 1er emprunteur européen. Le seuil fatidique d'une dette représentant 100% du PIB en 2017 ne peut désormais être exclu, ce qui marquerait un niveau jamais atteint, renvoyant à leurs chères études les prophètes de l'indépendance nationale et de l'anti-européisme. La France n'a pas d'autre choix que de sortir de trente années de politique économique reposant sur la relance de la consommation à crédit.

 Notre pays, et ses élus, doivent accepter les réformes effectuées par tous les autres pays sans exception. Il s'agit désormais, à court terme, du maintien de la France dans les dix pays les plus puissants. Le pacte de responsabilité apparait donc bien léger au regard des réformes à accomplir : baisse réelle de la dépense publique ; refonte globale de notre système de protection sociale trop coûteux ; rétablissement des marges de nos entreprises pour relancer l'investissement ; réforme du marché du travail pour plus de flexi-sécurité.

La confiance, mère de toute reprise, n'existe plus

Présenté comme un effort sans précédent par ses concepteurs, le plan Valls, même s'il réussit à abuser quelques élus hésitants, apparemment peu solides dans leurs convictions, n'est qu'une chimère, reposant sur des hypothèses très fragiles et dont les résultats sont déjà surestimés notamment en matière d'emplois.  Il intervient enfin dans un contexte politique où la confiance n'existe plus alors qu'elle est la mère de toute reprise économique. Dans ces conditions, on voit mal pourquoi l'opposition volerait au secours de la chronique d'un échec annoncé.