Hamon contre Valls ou la revanche macabre des frondeurs

Par Jean-Christophe Gallien  |   |  498  mots
Le ‎second tour de la primaire à gauche s'annonce sanglant, presque sans retour ... et potentiellement sans espoir pour le premier tour de l'élection, la vraie, la présidentielle. Par Jean Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne, Président de j c g a, CEO de Zenon7

Pendant ce temps, loin de France, François Hollande se recueillait sur la tombe de Salvador Allende, avant de visiter une ferme solaire chilienne. Entre cimetière et désert, il n'a pas souhaité commenter le premier dimanche de la primaire de ses vieux amis socialistes, radicaux de gauche et écologistes. Avec 1,7 millions de votants, ce premier tour, s'il ne s'est pas tout à fait déroulé dans un désert participatif, pourrait pourtant annoncer l'enterrement prochain du PS. Si la Belle Alliance en reste à ce niveau de mobilisation, le vainqueur du second tour, quel qu'il soit, aura de mal à prétendre incarner une légitimité politique conquérante pour tenter d'infléchir les trajectoires adverses d'Emmanuel Macron et Jean Luc Mélenchon.

Au delà, ce résultat décrit deux versions du socialisme si différentes qu'on peut douter de la capacité de rassembler deux fonds et deux formes si opposées. Valls et Hamon ce sont deux projets de société et deux narrations politiques personnelles sans possibilité de synthèse au delà d'une vieille logique d'appareil socialiste. Benoit Hamon c'est le chemin de Jeremy Corbyn, Bernie Sanders, un PS façon Podemos, Manuel Valls ressemble davantage à Hillary Clinton, Sigmar Gabriel, un PS façon SPD allemand.

Le ‎second tour s'annonce sanglant, presque sans retour ... et potentiellement sans espoir pour le premier tour de l'élection, la vraie, la présidentielle.

Bal mortifère

La seule véritable dynamique, celle de Benoit Hamon qui va s'associer à Arnaud Montebourg comme dans une revanche macabre des frondeurs, devrait l'emporter. L'unique chance de Manuel Valls, face au momentum Hamon notamment porté par les jeunes socialistes, c'est qu'il clarifie encore une offre politique illisible jusqu'au troisième débat télévisuel, qu'il disqualifie celle d'un adversaire qui fut, rappelons-le, un ministre de l'éducation qui démissionna à quelques jours de la rentrée scolaire de 2014, la seule qu'il aurait pu assurer, et qu'il parvienne à mobiliser au delà de ces 1,7 millions de votants du premier tour. Sinon il sera implacablement éliminé comme le fut Alain Juppé lors de la primaire de la droite et du centre quelques semaines plus tôt

Observateurs souriants, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon savourent leur décision de ne pas être entrés dans ce bal mortifère. Ils devront cependant attendre dimanche prochain pour savoir lequel d'entre eux deux pourra vraiment danser. Macron votera Hamon et Mélenchon choisira Valls.

Nettoyage politique

Ce qui est déjà certain, c'est qu'une nouvelle géographie politique va se matérialiser durant ce prochain semestre électoral. Les français, poursuivent leur nettoyage politique. Ceux de gauche ont semble-t-il décidé d'enterrer le PS et d'ouvrir entre le futur vainqueur de cette primaire, Jean Luc Mélenchon et Emmanuel Macron une bataille pour une recomposition de cet espace politique.‎

Jean Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne, Président de j c g a, CEO de Zenon7, Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals