Ile de France : faut-il vraiment libéraliser pour gagner en attractivité ?

Par Franck Margain  |   |  560  mots
Libéraliser à tout va, ne conduit pas forcément en renforcer l'attractivité du territoire, notamment de l'Ile de France. Par Franck Margain, Président de Paris Region Entreprises

Pas de précipitation. Telle est certainement la principale conclusion que les partisans de la libéralisation à tout-va devraient tirer de l'étude publiée par PricewaterhouseCoopers (PwC) la semaine dernière, sur l'attractivité des trente principales villes du monde. Paris, loin de traîner dans les bas-fonds du classement, y apparaît en effet en quatrième place, derrière Londres, Singapour et Toronto. La capitale est ainsi la seule métropole à être classée dans le top 10 pour neuf familles de critères sur dix : elle obtient de très bons résultats en matière d'innovation et de capital intellectuel. Elle bat même les records en termes de qualité de vie, grâce au maillage de ses transports et à son dynamisme culturel notamment.

Voilà qui, du côté des partisans de la remise en cause du modèle social français, devrait poser question. Avant même l'application de mesures destinées par exemple à faciliter les licenciements économiques, à donner aux entreprises la possibilité de décider des questions du temps et de l'organisation du travail, ou à permettre l'ouverture 24h sur 24 et 7 jours sur 7 des magasins et des services - des préconisations très répandues en ces temps de campagne électorale - Paris est la quatrième ville la plus attractive du monde...

Les atouts parisiens

Il faut dire qu'une réalité simple est trop souvent ignorée : derrière les millions apportés par chaque « investisseur étranger », et au-delà des questions fiscales ou de flexibilité du marché du travail, se cache aussi un homme ou une femme soucieux d'habiter dans une ville où il/elle sait que ses enfants recevront une bonne éducation, seront bien soignés, vivront dans un cadre agréable et auront accès à de nombreux musées. Il s'y cache aussi un chef d'entreprise qui devra recruter des employés bien formés, et développer éventuellement des projets de recherche et développement. Une fois que les dirigeants étrangers qui envisagent de s'implanter ont établi le potentiel de marché, et si une hésitation persiste encore entre deux métropoles, ce sont ces atouts parisiens qu'ils mettent en avant et qui font finalement pencher la balance en faveur de notre territoire.

Maîtriser ses coups

Certes, l'immobilisme économique n'est pas même une option. D'autant que sur des critères comme l'emploi et le coût de la vie, Paris obtient de mauvais résultats dans le classement de PwC. Il faut progresser pour renforcer l'attractivité du territoire. En facilitant par exemple la gestion de toutes les formalités d'implantation des investisseurs étrangers. Paris Region Entreprises s'y emploie. En mettant certainement aussi en place, au niveau national, certaines mesures de réduction des coûts et d'amélioration de la flexibilité, au nom de l'emploi. Mais l'erreur, avant de les décréter, serait de ne pas évaluer leur impact en matière de qualité de vie et de capacité d'innovation - des atouts que Paris a su conserver malgré la mauvaise conjoncture mondiale et les terribles événements. Quel serait celui de la généralisation de l'ouverture des magasins le dimanche par exemple, ou de la mise en place de contrats zéro heure ? Même si le contexte électoral facilite les annonces coup de poing, plus que jamais il est urgent de maîtriser ses coups...