Le Brexit présente de nouveaux défis : les industriels britanniques sauront-ils s’adapter ?

Par Adeline Javaudin  |   |  628  mots
Adeline Javaudin, responsable Marketing et innovation de Syncron pour publication dans La Tribune. (Crédits : Reuters)
L'origine préférentielle confère certains avantages aux marchandises échangées entre certains pays au sein de l'union douanière, à savoir l'importation à un taux réduit ou à un taux nul. Or les gouvernements européens viennent de recommander aux industriels de ne plus se fournir en pièces détachées en provenance du Royaume-Uni pour produire leurs biens devant être exportés. Par Adeline Javaudin, responsable marketing et innovation chez Syncron.

Le retrait officiel du Royaume-Uni de l'Union Européenne l'an prochain résulte en un grand nombre d'incertitudes, tant au niveau des échanges commerciaux que des relations frontalières - et plus particulièrement au sein de l'industrie, où le Royaume-Uni reste extrêmement dépendant  de sa relation avec l'UE.

Les pièces détachées britanniques hors jeu ?

Récemment, la tournure des événements semble évoluer plus rapidement que les entreprises britanniques ne l'ont envisagé. Selon le média Sky News et en anticipation du Brexit, les gouvernements européens recommandent aux industriels de ne plus se fournir en pièces détachées en provenance du Royaume-Uni pour produire leurs biens devant être exportés. Dans une récente annonce, le gouvernement néerlandais a ainsi informé les entreprises exportatrices locales que "si une part importante de leurs biens étaient composée de pièces britanniques", ils pourraient se voir révoqués les accords de libre-échange existants. Et de préciser également que "le Brexit aura des conséquences sur les exportations en dehors de l'Union Européenne. À la suite du Brexit, les pièces fabriquées au Royaume-Uni ne seront plus prises en compte pour la production minimum dans l'Union Européenne".

L'annonce fait référence à ce qui est connu sous le nom de règle d'origine, qui définit qu'une certaine proportion (environ 55% des pièces d'un produit) doit provenir de l'UE pour être admissible dans les accords de l'Union. À présent, le gouvernement néerlandais ne souhaite plus appliquer cette règle d'origine aux pièces britanniques. Cette conséquence du Brexit est un avertissement qui a été souligné dans les notices techniques de l'UE sur le sujet, précisant qu'"à compter de la date officielle du retrait, le Royaume-Uni devient un pays tiers ", et rend par conséquent les produits et pièces britanniques non originaires de l'Union Européenne.

Risque sur la compétitivité des constructeurs

L'industrie automobile est plus particulièrement touchée par ces bouleversements, chaque voiture étant constituée d'environ 30.000 pièces uniques. Dans un dossier paru dans Le Monde en décembre 2017, l'industrie automobile britannique serait en effet la grande perdante du Brexit, en raison de la complexification de la chaîne logistique transfrontalière. Dans le "scénario du pire" - sans accord sur le Brexit - le Royaume-Uni redeviendrait un simple membre de l'OMC, et les tarifs douaniers sur les pièces détachées de 4,5 % seraient appliqués, mettant alors à mal la compétitivité des constructeurs automobiles.

Optimiser la supply chain pour contrer les effets du Brexit

Mais les supporters du Brexit continuent d'affirmer que "tout va bien", comme le démontre un sondage mené par le Chartered Institute of Procurement and Supply, attestant que 63% des responsables supply chain des 27 pays membres, collaborant avec des fournisseurs britanniques, envisagent de déplacer une partie de leur chaîne logistique hors du Royaume-Uni. L'impact d'un tel fractionnement, tant au niveau financier qu'opérationnel semble évident. Pour contrer les effets du Brexit, les constructeurs peuvent d'ores et déjà se préparer en optimisant de bout en bout leur supply chain, et particulièrement leur supply chain des pièces de rechange.

La plupart des industriels sont aujourd'hui conscients qu'optimiser la gestion des pièces détachées représente est un levier clé de croissance, mais ils sous-estiment encore trop souvent les opportunités liées à l'optimisation des stocks et de la tarification des pièces. Ces deux stratégies d'optimisation combinées, associées à une politique forte orientée services, permettront aux entreprises de rester dans la course, d'améliorer leurs bénéfices et de réduire les inefficacités - quelles que soient les conséquences du Brexit.