Macron et Fillon : deux stratégies de baisses d'impôts différentes

Par Dominique Villemot  |   |  391  mots
"Les programmes fiscaux d'Emmanuel Macron et de François Fillon se démarquent de ceux des autres candidats à la présidentielle en proposant des baisses d'impôts importantes pour les entreprises comme pour les ménages. Pour autant, ces programmes présentent des différences profondes", explique Dominique Villemot, avocat en droit fiscal, membre du Comité politique d’En Marche.
Emmanuel Macron et François Fillon proposent tous les deux des baisses d'impôts pour les ménages et les entreprises. Si le but poursuivi est le même, la méthode employée est différente explique Dominique Villemot, avocat en droit fiscal, membre du Comité politique d’En Marche.

Les programmes fiscaux d'Emmanuel Macron et de François Fillon se démarquent de ceux des autres candidats à la présidentielle en proposant des baisses d'impôts importantes pour les entreprises comme pour les ménages. Pour autant, ces programmes présentent des différences profondes. Il est utile de le rappeler ici.

La première a trait au financement des baisses de charges sociales. François Fillon propose de le faire via une augmentation de deux points du taux normal de TVA, alors qu'Emmanuel Macron propose d'augmenter de 1,7% le taux de la CSG.

Quatre différences

Une augmentation de la TVA pèserait en effet uniquement sur la consommation, principal moteur de la croissance française et réduirait les marges des commerçants qui, en cette période de forte pression sur les prix, ne pourront probablement répercuter cette hausse sur leurs prix, contrairement à la hausse de la CSG qui touchera l'épargne comme la consommation et évitera d'affecter les entreprises.

La deuxième différence porte sur l'ISF. François Fillon le supprime pour tous les actifs,
Emmanuel Macron le supprime pour tous les actifs, à l'exception des actifs immobiliers non professionnels. La proposition d'Emmanuel Macron présente l'avantage, sans augmenter la pression fiscale sur l'immobilier, de favoriser l'investissement en actions, nettement insuffisant en France, sur l'investissement dans la pierre.

La troisième concerne l'impôt sur le revenu. François Fillon veut augmenter significativement le plafond du quotient familial, alors qu'Emmanuel Macron propose d'instaurer pour les couples une option pour l'imposition séparée afin de permettre une indépendance financière pour les femmes qui le souhaitent.

La quatrième différence est relative à la charge fiscale subie par les classes moyennes et populaires. François Fillon ne prévoit pas de baisse d'impôt spécifique pour elles, à la différence d'Emmanuel Macron qui propose d'exonérer de taxe d'habitation 80% des foyers.

On le voit le programme fiscal de François Fillon est assez classique et rejoint ce que
préconisait la Troïka européenne il y a quelques années, c'est-à- dire une dévaluation fiscale bénéficiant aux entreprises, à l'investissement et aux contribuables aisés. Si la politique fiscale d'Emmanuel Macron bénéficie aussi aux entreprises, elle est ciblée sur
l'investissement productif et n'oublie pas les classes moyennes et populaires.