Notre-Dame-des-Landes vs Nantes-Atlantique : ce qu'il faut savoir

Par Geoffroy Bouvet  |   |  575  mots
(Crédits : Stephane Mahe)
Alors que le gouvernement va bientôt trancher sur la réalisation ou pas de l'aéroport de Notre-Dame-des Landes, Geoffroy Bouvet explique pourquoi l'extension de l'aéroport actuel de Nantes-Atlantique apparaît comme la meilleure solution. Auditionné dans le cadre du rapport rendu en décembre à Édouard Philippe, Geoffroy Bouvet est président de l'association des professionnels navigants de l'aviation (APNA) et commandant de bord B777.

Le rapport des trois « missionnaires » aéroportuaires a été rendu : l'extension de l'aéroport de Nantes-Atlantique coûtera moins cher au contribuable français que la création de toutes pièces d'un nouvel aéroport éloigné du centre-ville qui s'ajoutera aux quelque 10 aéroports bretons éloignés d'environ 70 km les uns des autres. Le débat qui oppose les deux parties (pro ou opposants à Notre Dame des Landes) depuis 30 ans rappelle celui de l'aéroport montréalais de Mirabel annoncé comme la panacée d'une pollution éloignée des citadins, avant d'être abandonné aux seuls avions-cargos. Les mêmes citadins québécois, usagers du transport aérien, ont tout bonnement préféré un peu de pollution sonore en échange de facilités de transports.

Au-delà de ce débat qui rappelle celui de nos humoristes sur le déplacement des villes à la campagne, nos trois missionnaires français mandatés par le président Macron, avaient aussi à répondre à la question de la faisabilité d'une croissance du trafic passagers, qui se comptent à la fois en nombre de passagers pour la définition des aérogares et des moyens d'accès terrestres, mais aussi en nombre de décollage/ atterrissage pour respecter les contraintes de sécurité des vols et de nuisances sonores.

Contrat de confiance

C'est ce dernier aspect qui engage la communauté des pilotes dans un contrat de confiance avec leurs passagers et les riverains des aéroports.

Visiblement, la perspective de la création de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes a empêché les acteurs de l'aéroport de Nantes-Atlantique (gestionnaire d'aéroport, mairie et autorités aéronautiques) d'investir dans les moyens du développement de leur plate-forme. Les aérogares obsolètes, le tramway stoppé à 2 km des aérogares et l'absence d'un radar d'approche comme de moyens de guidage vertical sur la piste orientée au vent dominant face au sud-ouest ne sont que simples exemples d'un abandon prématuré d'un aéroport, voué au devenir une réserve foncière d'une ville en pleine croissance.

Nouvelles procédures

Le choix éventuel du développement de Nantes-Atlantique au bénéfice des usagers aérien de sa région devra être accompagné d'un rattrapage d'investissements indispensables, et pourquoi pas d'une exemplarité dans l'expérimentation de procédures à la fois protectrice de la sécurité des riverains, mais aussi de réductions des nuisances sonores. Ces expérimentations, une fois éprouvées, pourraient alors s'étendre aux 43 autres aéroports internationaux français.

Ainsi, les approches en virage par faible visibilité (dites RNP AR) permettraient d'éviter le survol de la ville de Nantes, comme elles éviteraient, par exemple, le survol de la presqu'ile d'Antibes à Nice. L'expérimentation d'atterrissages par vent arrière sur une piste allongée, réduirait largement le nombre d'approches du côté ville. L'augmentation de pente d'approche à sa limite de 3,5° sur la piste face au vent éloignerait verticalement les avions du centre-ville. La mise en œuvre par les pilotes de procédure d'approche à moindre bruit, en coopération avec les contrôleurs aériens, mobiliserait la communauté des pilotes. Au-delà de ces expérimentations exemplaires, la création d'une piste décalée dans son axe, telle que proposée par le rapport des missionnaires, limitera par elle-même le champ de la nuisance sonore. Les 37 recommandations du rapport nécessiteront la coopération des acteurs aéronautiques. Les pilotes se tiennent prêts.