Seuls le dialogue et le consensus permettront de rénover la gare du Nord

Par Alexandra Cordebard et Jean-Louis Missika  |   |  509  mots
(Crédits : Valode & Pistre)
TRIBUNE. Les gares ne sauraient se résumer à des centres commerciaux et leur rénovation doit se faire en partenariat avec la ville et les habitants et non pas contre eux. Par Alexandra Cordebard, maire du 10ème arrondissement de Paris, et Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris chargé de l'urbanisme, de l'architecture, des projets du Grand Paris, du développement économique et de l'attractivité.

La commission d'enquête a donné un avis favorable pour la gare du Nord et le gouvernement s'apprête à passer en force et à délivrer le permis de construire de manière imminente, juste après, voire même avant les élections municipales, négligeant ainsi le nécessaire dialogue avec la population et la ville de Paris. Comment peut-on imaginer mener la transformation d'un lieu aussi important que la Gare du Nord contre l'avis de la Mairie de Paris, des élus locaux et des habitants ? Cette méthode inacceptable débouchera sur des conditions catastrophiques de chantier, rendant impossible une concertation à l'échelle du quartier sur les travaux et un travail en bonne intelligence.

Depuis plusieurs mois, la Ville de Paris se mobilise aux côtés de riverains, d'associations d'utilisateurs des transports, de protection du patrimoine et de l'environnement, pour revoir le projet Gare du Nord 2024 porté par la SNCF et Ceetrus. Nous en appelons à une refonte du projet afin qu'il respecte les voyageurs, les riverains et l'environnement.

La mobilisation collective autour du projet gare du Nord 2024 a révélé des problèmes majeurs : l'allongement du temps de trajet pour les voyageurs, la construction d'un centre commercial surdimensionné, la non prise en compte des voyageurs du quotidien, l'atteinte au patrimoine, la création d'embouteillages supplémentaires dans le quartier. Des rapports d'experts de l'urbanisme et des systèmes ferroviaires ont souligné un allongement des durées d'accès aux quais pouvant aller jusqu'à 8 minutes, des « problèmes de congestion et des risques de sécurité ».

La SNCF et Ceetrus n'ont pas répondu à l'appel au dialogue lancé par la Ville de Paris et refusent d'apporter des modifications au projet, tout comme la Commission d'enquête qui n'a pas pris en compte les remarques des différentes parties prenantes.

Nous rappelons les demandes raisonnables portées par la Ville de Paris à l'occasion du Conseil de Paris, par voie de presse, dans les commissions d'Aménagement Commercial et dans l'avis sur le Permis de Construire et demandons leur prise en compte dans le projet final : la dé-densification du projet, l'ouverture du projet vers le Nord, et vers le quartier, notamment sur la rue du Faubourg-Saint-Denis, l'abandon de la séparation des départs et des arrivées qui rallonge les trajets, crée des problèmes de congestion et de sécurité, l'amélioration du confort pour les voyageurs du quotidien qui se déplacent majoritairement dans les sous-sols alors que ceux-ci ne sont pas concernés par la rénovation, l'intégration dans le projet de la dépose taxi et VTC pour ne pas emboliser la rue du Faubourg Saint Denis, une réelle protection du patrimoine, une modification du programme commercial et l'abandon de la salle de spectacle, l'augmentation des surfaces végétalisées et la création d'un parc d'un seul tenant.

Les gares ne sauraient se résumer à des centres commerciaux et leur rénovation doit se faire en partenariat avec la ville et les habitants et non pas contre eux.