L'assurance-vie est en situation de décollecte, une première depuis 2008

Par Laura Fort  |   |  514  mots
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Les Français ont beaucoup ponctionné leurs contrats et effectué moins de versements. Une situation liée en grande partie à la crise actuelle.

Cela n'était pas arrivé depuis la fin de l'année 2008. Au mois de septembre, l'assurance vie affiche une collecte nette négative, appelée aussi « décollecte ». Ce qui signifie que les versements ne compensent pas les rachats effectués sur les contrats. Ainsi, à fin septembre, les prestations versées par les assureurs au titre de ces rachats ont augmenté de 19 % en un an. Et la collecte nette (cotisations versées moins ces rachats) passe donc sous la barre de zéro, avec 1,8 milliard d'euros en négatif, soit une baisse de 57 % sur un an. L'encours est quant à lui en baisse depuis deux mois, un fait plutôt rare, « lié à la baisse de la valorisation des unités de compte », explique Pierre de Villeneuve, président du comité vie à la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA).

En 2008, l'assurance-vie s'était trouvée en situation de décollecte en octobre (- 3,1 milliards d'euros) et en décembre (- 0,4 milliard d'euro). « Les mouvements de forte amplitude liés à Lehamn Brothers ont amené de l'inquiétude sur le marché de l'épargne financière. La collecte nette négative du mois de septembre 2011 s'explique de la même manière : les épargnants ont besoin de confiance ».

Mais pourquoi justement le mois de septembre a-t-il souffert plus que les autres ? Cette collecte nette négative s'est produite à un moment où les versements sont traditionnellement moins importants. Septembre est aussi traditionnellement un mois de dépenses conséquentes. Or, les épargnants n'hésitent plus à puiser dans leurs contrats pour satisfaire leurs besoins de consommation courante en période de crise.

Complément de revenus

L'effet de vase communicant entre l'assurance-vie et les produits d'épargne liquide joue toujours, d'autant plus que le taux du livret A a été relevé à 2,25 % au 1er août. Il vient frayer avec celui de l'assurance-vie, qui atteint 3,40 % en moyenne et qui pourrait passer sous les 3 % en fin d'année (voir ci-contre). D'autres facteurs peuvent aussi jouer en sa défaveur : l'arrivée à maturité de nombreux contrats, le départ en retraite de la génération du baby boom qui l'utilise comme complément de revenus, ou le rachat de contrats pour investir dans l'immobilier et éviter ainsi de faire appel au crédit.

La profession ne craint pas de nouvel épisode de décollecte d'ici à la fin de l'année, qui concentre pourtant les impôts, les soldes et les achats de Noël. « Nous sommes plutôt confiants, car les sorties de septembre ont été consécutives à l'ambiance anxiogène générale et à la forte baisse de la Bourse au mois d'août. Nous avons le sentiment que la situation a été prise en main et que le contexte devrait évoluer positivement », estime Pierre de Villeneuve.

Si les Français ponctionnent leurs contrats, la question d'un « insurance run » (liquidation massive de contrats) n'est pourtant pas à l'ordre du jour.

Sur un an, l'encours progresse de 4 % pour atteindre les 1.368 milliards d'euros et la collecte nette sur l'année restera positive. À fin septembre, elle s'établit encore à 19,2 milliards d'euros.