Chantier EuroRennes : le quartier de la gare entame sa mutation

Par Pascale Paoli-Lebailly, à Rennes  |   |  797  mots
Quartier d'affaires, EuroRennes prévoit ainsi 1430 nouveaux logements pour 3 000 habitants, 30 000m2 de commerces et services, et 125 000m2 de bureaux.
Les premiers chantiers du vaste projet urbain EuroRennes démarrent cet été. En 2017, la nouvelle gare accueillera la LGV mais à horizon 2019-2020, c’est tout le quartier de la gare qui aura été remodelé en quartier d’affaires.

Rennes, à 1 h 27 de Paris, et porte d'entrée de la Bretagne !

C'est l'argument choc de la métropole : d'abord pour expliquer aux riverains et aux Rennais la future et grandiose mutation du quartier de la gare, dans la perspective de l'arrivée de la LGV en 2017 ; ensuite pour interpeller et draguer les entreprises.

Avec le démarrage des premiers travaux de la SNCF sur le parvis Nord, le quartier de la gare entame sa mue dès cet été. Le chantier Trigone, du nom d'un ensemble de trois immeubles de sept à huit étages reliés par des passerelles, débutera quant à lui à l'automne, pour une livraison prévue en 2017. Signé par les architectes des agences Hamonic et Masson à Paris et a/LTA à Rennes, ce programme aux allures de cristaux baptisé Urban Quartz constituera un des éléments architecturaux phares d'EuroRennes.

Critiqué pour son caractère surdimensionné

Etabli en 2010 dans le cadre d'une Zone d'aménagement concerté d'une surface de 58 hectares, ce projet urbain, souvent critiqué pour son caractère surdimensionné par les élus de l'opposition, entre dans une phase active.

La fin du chantier de la ZAC est fixée à 2025 : mais à horizon 2020, ce programme, équivalent à Euralille ou Euratlantique à Bordeaux, aura déjà profondément remodelé le centre-ville de Rennes, de part et d'autre de l'axe ferroviaire.

Conçu pour prolonger le cœur de ville vers le Sud, c'est un nouveau quartier à vivre qui se dessine, mais aussi, selon Rennes Métropole, « un quartier pour travailler et pour se déplacer ».

Un axe économique en centre ville

Quartier d'affaires, EuroRennes prévoit ainsi 1.430 nouveaux logements pour 3.000 habitants,  30.000m2 de commerces et services, et 125.000m2 de bureaux.

L'immobilier d'affaires a de quoi favoriser l'implantation de nouvelles activités économiques, mais les bureaux d'EuroRennes viendront s'ajouter aux quelque 110.000 M2 déjà disponibles en ville, pour un prix relativement plus élevé, autour de  200 euros le m2, contre 130 à 150 euros en moyenne dans l'agglomération.

En juin, lors d'une réunion publique, Nathalie Appéré, la maire de Rennes, et Emmanuel Couet, le président de Rennes Métropole, laissaient entendre qu'entre 120 et 170 entreprises pourraient s'y installer à terme, pour un total de 7.000 emplois.

Pour l'heure, les promoteurs d'EuroRennes n'ont dévoilé aucun nom de société « preneuse » pour les bureaux programmés sur les îlots Féval et Trigone. Et les récentes implantations d'entreprises locales comme le Crédit agricole ou l'IRT B-Com ont plutôt concerné les nouveaux quartiers de la Courrouze ou de Via Silva.

Animer le quartier

Pour ce qui est de la vie au quotidiene, l'installation d'un cinéma Arvor de cinq salles, mais aussi de restaurants et de terrasses doivent contribuer à animer le quartier. Rennes promet aussi « de nouveaux espaces publics propices aux déplacements doux », ensembles paysagés et dédiés aux piétons.

« La Zac EuroRennes doit répondre aux besoins d'une métropole de 450.000 habitants et de 650.000 à l'horizon 2030 » fait valoir la direction de l'urbanisme de la ville.

La gare SNCF transformée en PEM

Qui dit plus d'habitants, dit multiplication des déplacements. Pour accueillir l'afflux attendu d'usagers, mais aussi faciliter l'ouverture des entreprises vers le reste de la Bretagne et vers l'international, la gare SNCF est appelée à se transformer.

En faisant gagner près de trois quarts d'heure sur un trajet Rennes-Paris à partir de 2017, la future LGV contribuera de façon significative, estime la SNCF, à accroître la fréquentation de la gare. Selon les prévisions de l'antenne Bretagne de la société de transports, le nombre de passagers, de l'ordre de 10 millions par an actuellement, s'établira à 20 millions après 2020. Il devrait tripler d'ici à 2030.

Sous-dimensionnée, la gare actuelle est donc jugée trop petite et peu fonctionnelle. Les travaux qui démarrent consistent à réorganiser le bâtiment des voyageurs, construire une passerelle piétonne et une colline végétale, réaménager la station de taxis...

Hub de transports urbains

En 2019, date de la fin du chantier, la gare de Rennes se présentera plutôt comme un Pôle d'échanges multimodal (Pem) ou hub de transports urbains. L'usager pourra prendre le TGV, le TER, le bus, le vélo. La gare sera aussi desservie en 2019 par la deuxième ligne de métro, actuellement en construction et dont l'objectif est de relier le Sud et le Nord de la ville. Le chantier de la gare est l'un de plus importants chantiers menés par la SNCF. Son coût s'élève à 107 millions d'euros, financés à hauteur de 31 millions d'euros par Rennes Métropole. Pour l'agglomération, le jeu en vaut la chandelle. Le caractère exceptionnel du futur site EuroRennes doit permettre de rééquilibrer la cité et créer un véritable axe économique de centre ville. Un pari sur l'avenir.