Île-de-France  : la droite ne fait pas de concession

Par Mathias Thépot  |   |  827  mots
La droite a rejeté les propositions de la gauche concernant la politique de l'emploi de la région.
Les conseillers régionaux de gauche d’Île-de-France ont proposé à la droite de nouvelles mesures pour soutenir l'emploi. Mais la majorité a rejeté leurs propositions, ce qui est loin d'être une première. Depuis l'élection de Valérie Pécresse fin 2015, l'opposition a énormément de mal à se faire entendre dans l'hémicycle francilien.

Les tensions ne s'estompent pas dans l'hémicycle du conseil régional d'Île-France. Après une violente campagne électorale, qui a finalement vu Valérie Pécresse reprendre la région capitale à la gauche après 17 ans de règne, le climat ne s'est pas apaisé. La première moitié de l'année 2016 a été marquée par des oppositions fortes. Sur des sujets comme le logement où Valérie Pécresse a coupé dans des financements au logement très social, ou celui des subventions aux associations, également rationalisées par la droite, les divergences idéologiques sont profondes et les compromis inexistants.

Au point de questionner l'utilité réelle de l'opposition dans la durée du mandat de Valérie Pécresse qui prendra fin en 2021. Si en décembre dernier, la nouvelle présidente de région l'a emporté d'une très courte tête face à Claude Bartolone - qui n'a pas souhaité siéger au conseil régional -, les vainqueurs de l'élection ont obtenu, comme les statuts le stipulent, un bonus d'un quart des sièges à l'Assemblée francilienne. Ainsi dans l'hémicycle, l'union des partis de droite occupe 121 sièges sur 209, l'union des partis de gauche 66 sièges et le Front national 22. Un écart considérable.

Les niches régionales

Conscients de leur faible poids dans l'Assemblée, les élus de gauche attendaient donc avec impatience leur « niche » régionale qui leur permet une fois par an de faire une proposition de délibération à l'hémicycle - le reste du temps, ils doivent se contenter de proposer des amendements aux délibérations de la majorité. Histoire aussi de démontrer l'utilité d'une opposition très rarement écoutée par la majorité. La gauche avait donc à cœur de proposer en cette rentrée des mesures constructives, qui puissent être acceptées par la droite.

Deux niches ont été soumises au vote les 13 et 14 octobre dernier, une du Front de gauche qui a opté pour un « plan de sauvegarde des associations », sujet ô combien clivant dans l'hémicycle. Et une du Parti socialiste, qui proposait des avancées sur le thème de l'emploi, érigé en priorité par Valérie Pécresse. Mais les deux niches n'ont pas retenu l'attention de la droite. Concernant celle du Front de gauche, cela n'a rien de surprenant car Valérie Pécresse avait fait de la baisse des financements aux associations un thème de campagne. Il n'y avait donc rien à espérer pour le Front de gauche, qui estime pourtant qu'il faudrait renforcer les moyens des associations, garantes du tissu économique et social dans une région où les inégalités sont très fortes.

Des propositions sur l'emploi

A l'inverse, le Parti socialiste, dont le responsable du groupe est le lieutenant essonnien de Manuel Valls Carlos Da Silva, avait tenté d'être plus consensuel en proposant des mesures sur l'emploi. Un thème cher à la droite. Valérie Pécresse a en effet déjà annoncé son attention de doubler d'ici la fin de sa mandature le nombre de formations en apprentissage avant le bac pour les jeunes à 60.000, d'augmenter le nombre total d'apprentis à 100.000, et de créer 100.000 nouveaux stages.

Le groupe socialiste proposait ainsi un dispositif peu coûteux pour la région : 2,150 millions d'euros pour la fin de l'année 2016 alors que le budget total annuel « Apprentissage, formation professionnelle, emploi » de la région côtoie les 700 millions d'euros. Par le biais de ce dispositif, le PS souhaitait « soutenir les publics les plus éloignés de l'emploi » et renforcer les moyens des missions locales, afin que qu'elles puissent être mieux formées au dispositif Garantie jeunes du gouvernement. Celui-ci est censé donner aux jeunes dans les zones défavorisées « la chance d'une intégration sociale et professionnelle grâce à un parcours intensif de formation et d'accès à l'emploi » .

Emplois aidés

Le PS proposait également dans sa niche de créer un volume d'emplois aidés dans les quartiers prioritaires et les zones rurales dans le secteur de l'économie sociale et solidaire ; et de soutenir davantage des entreprises souhaitant s'engager dans des dispositifs de responsabilité sociétale. Les socialistes justifiaient ces dispositifs par la nécessité d'éviter que l'Île-de-France, un territoire déjà très fracturé, « le soit encore davantage ». Il n'y a, selon le PS francilien, qu'un maillage fin de l'accompagnement des territoires qui peut permettre aux publics exclus de l'emploi « de garder la tête hors de l'eau ».

« C'est le rôle de la puissance publique de veiller à la cohésion de la société, et de s'occuper des populations qui risquent de sortir complètement des radars publics », explique Fanélie Carrey-Conte, conseillère régionale PS. Mais la droite a rejeté d'un revers de main toutes ces propositions. Preuve que le rôle de l'opposition durant le mandat de Valérie Pécresse risque d'être réduit à son minimum.