Île-de-France  : Valérie Pécresse révise à la baisse ses promesses budgétaires

Par Mathias Thépot  |   |  788  mots
Valérie Pécresse a annoncé 120 millions d'euros d'économies pour la région Île-de-France en 2016.
La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse avait promis durant sa campagne 400 millions d'euros d'économies par an. Mais en 2016, la réduction du train de vie de la région atteindra 120 millions d'euros.

Pour obtenir la présidence de la région Île-de-France en décembre dernier, Valérie Pécresse (LR) a fait campagne contre « le train de vie luxueux » de la mandature précédente de gauche, dirigée par Jean-Paul Huchon. Elle avait ainsi présenté un plan anti-gaspillage visant à générer 400 millions d'euros d'économies par an - dont les trois quart étaient minutieusement détaillés dans son programme - par rapport au budget 2015 de 4,9 milliards d'euros. Ayant particulièrement insisté sur ce point durant sa campagne, la présidente de la région est très attendue sur le terrain des économies. La présentation cette semaine des orientations budgétaires pour 2016 au Conseil régional francilien permettra donc d'y voir un peu plus clair sur sa capacité à respecter ses promesses de campagne.

120 millions d'euros économies...

Une chose est, du reste, certaine : les économies pour 2016 seront bien loin d'atteindre 400 millions d'euros, puisque Valérie Pécresse a d'ores et déjà annoncé une réduction de 120 millions d'euros des dépenses de la région. Certes, pour une première année de mandat, ce n'est pas une surprise car une bonne part des 400 millions d'euros d'économies étaient impossibles à réaliser en 2016.

Dans son programme, Valérie Pécresse avait ainsi détaillé ses économies annuelles de la sorte : près de 75 millions d'euros en réduisant les subventions aux associations qui ne relèvent pas des compétences de la région ; 45 millions d'euros en regroupant les organismes associés à la région en pôles ; près de 50 millions d'euros de réduction des coûts de maintenance du réseau ferroviaire ; 50 millions d'euros grâce aux économies d'énergies dans les lycées et à une meilleure gestion de l'entretien et des cantines ; 17 millions par le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, hors personnel de lycées ; 24 millions grâce à une gestion plus motivante des effectifs de la fonction publique régionale ; 24,5 millions d'euros de baisse de loyers grâce au déménagement du siège de la région, ainsi qu'un montant non déterminé résultant de la cession du patrimoine de la région.

Pas de financement du Pass Navigo

Enfin, Valérie Pécresse avait promis d'engager 100 millions d'euros d'économies par an « en ciblant mieux les politiques régionales, en les évaluant et en subordonnant les aides à l'atteinte de résultats ». Une notion bien imprécise.

Si certaines des proposions de la présidente de région sont difficiles à mettre en oeuvre à court terme, on peut tout de même s'interroger sur le caractère réalisable des 400 millions d'euros d'économies promises durant une campagne que Valérie Pécresse a menée très à droite.

D'autant que sur les 120 millions d'euros d'économies prévues pour 2016 par rapport à 2015, le refus de financer le Pass Navigo à 70 euros - instauré le 1er septembre dernier - pèse pour 50 millions d'euros, indique un proche de Valérie Pécresse. Cette économie exceptionnelle peut, certes, être introduite dans la promesse très floue du « meilleur ciblage des politiques régionales ». Mais force est de constater que la présidente de région pour l'instant manie les chiffres comme elle l'entend pour justifier ses promesses.

Vente du patrimoine immobilier

Dans le détail, dès 2016, la région capitale devrait couper 22 millions d'euros de subventions aux associations qui ne respectent pas leurs obligations légales, et 10 % du budget des organismes associés à la région, soit environ 11 millions d'euros. Par ailleurs, l'ancienne ministre du Budget assure qu'elle optimisera la vente du patrimoine de la région. Elle a notamment repéré un hôtel particulier situé dans le 17e arrondissement estimé à entre 9 et 11 millions d'euros. Aussi, dans l'attente d'une réorganisation des services de la région - qui ne devrait pas être opérationnelle avant la mi-mandat - ni les CDD, ni les départs en retraite au siège de la région ne seront remplacés.

Enfin, dans une interview au Figaro, Valérie Pécresse a annoncé de petites mesures d'économie comme le dispositif « très coûteux et inefficace » "Jeunes violence Ecoute" qui coûte « 1 million d'euros par an pour dix appels par jour ». Le parc automobile de la région sera aussi divisé par trois, et Valérie Pécresse va « arrêter de financer ce qui n'a aucune retombée pour l'Île-de-France, à l'image de cette subvention de 100.000 euros au peuple de Sarayaku (Amazonie Equatorienne ndlr) », a-t-elle indiqué.

Il n'y a pas de petites économies, dira la majorité régionale. Mais l'importante cure de rigueur que souhaite appliquer Valérie Pécresse à la région Île-de-France sera certainement difficile à appliquer.