Régionales : Bartolone aurait trop de retard au premier tour pour l'emporter

Par Mathias Thépot  |   |  870  mots
Valérie Pécresse a-t-elle pris une avance décisive dans la campagne pour la présidence de la région Île-de-France.
Un dernier sondage donne 4 points d'avance à Valérie Pécresse (LR) sur Claude Bartolone (PS) au second tour des élections régionales en Île-de-France. La droite s'apprête à reprendre une région à gauche depuis 1998.

La droite est sur le point de reprendre un poids lourd à la gauche : abritant 30 % du PIB français, 23 % de l'emploi et 12 millions d'habitants, la région Île-de-France est l'une des plus importantes collectivités locales françaises. Elle serait donc sur le point de basculer à droite après avoir été pendant 17 ans présidée par Jean-Paul Huchon (PS). Selon le dernier sondage Ipsos/Sopra Steria, la candidate de la droite Valérie Pécresse devancerait celui de la gauche Claude Bartolone de 4 points lors de la triangulaire du second tour (40 % contre 36 %), le Front National de Wallerand de Saint Just récoltant pour sa part 24 % des suffrages.

D'évidence, le contexte national, notamment caractérisé par un rejet de la majorité à gauche et un Front National fort, joue à plein : les électeurs du Front de Gauche, qui réaliserait 7,5 % au premier tour, s'abstiendraient pour un tiers d'entre eux au second tour et ne seraient que 59 % à voter pour Claude Bartolone, selon Ipsos. Les électeurs verts, eux, voteraient certes à 80 % pour Bartolone au second tour, mais le petit score au premier tour de la liste menée par Emmanuelle Cosse (6 %) - alors qu'elle était créditée de près de 10 % des voix il y a peu - l'empêcherait d'avoir une influence significative dans le résultat final du scrutin.

Dynamique décisive

C'est donc la dynamique du premier tour qui devrait s'avérer décisive. Selon Ipsos, Pécresse devancera Bartolone de 11 points (33 % contre 22 %) le 6 décembre au soir. Un retard rédhibitoire pour le candidat PS. Certes le sondage a été réalisé avant les attentats du vendredi 13 novembre - qui pourraient peut-être modifier la donne - mais la bataille s'annonce tout de même mal engagée pour la gauche francilienne. Elle peut s'attendre à un véritable fiasco lors de la première quinzaine de décembre.

Du reste, le scrutin suscite une relative indifférence de la part des électeurs. Selon Ipsos, respectivement 37 % et 38 % des électeurs estiment que ce ne sera  « ni une bonne chose, ni une mauvaise chose » si la gauche ou la droite l'emporte. La campagne n'aura il faut dire, pas été marquée par son opposition de fond entre les candidats. Ce sont davantage les multiples petites attaques ( propos de Claude Bartolone sur Tariq Ramadan, la droite accusée de propagande organisée etc...) qui auront alimenté l'actualité de la campagne, interrompue il est vrai par les drames du 13 novembre.

Des propositions peu crédibles

Au final les deux principaux candidats auront eu du mal à rendre crédibles leurs propositions. Sur le volet sécuritaire par exemple, Valérie Pécresse s'est emparée du sujet des fraudes dans les transports, allant jusqu'à intégrer de manière surréaliste dans son argumentaire, le fait qu'un des terroristes du 13 novembre « se sentait tellement en impunité sur le sol français qu'il pouvait même se permettre de frauder dans le métro sous l'œil de la caméra ».

De même, les propositions des deux principaux candidats en matière de transports, le premier poste de dépenses de la région (près de 40 % de son budget ), n'ont que peu convaincu. La principale fédération d'usagers de transports (Fnaut), a notamment jugé les propositions des candidats séduisantes mais pas très réalistes. « Renouveler tous les trains d'ici la fin du mandat, malheureusement, ça ne nous paraît pas techniquement possible, du fait des délais de construction des rames », a expliqué Marc Pélissier, président de la Fnaut Île-de-France. Il pointait là la proposition de Valérie Pécresse de renouveler ou rénover d'ici à 2021 « toutes les rames de RER et de Transilien ». « Il y a plein de propositions qui vont dans le bon sens, mais en même temps, toutes ces propositions s'ajoutent à tout ce qui a déjà été officiellement décidé et il y a une impression qu'il sera très difficile de tout réaliser », a résumé Marc Pélissier.

Une écotaxe régionale floue

En outre, la proposition de Claude Bartolone de créer une écotaxe régionale apparaît floue pour la Fnaut. « Aujourd'hui, les conditions de mise en œuvre ne sont pas connues », a regretté Marc Pélissier. La Fnaut a également fait part de son scepticisme quant au maintien du passe Navigo à tarif unique, dont le financement n'est pas pérenne - comme l'a dénoncé Valérie Pécresse. Or, Claude Bartolone compte s'appuyer sur cette mesure qui s'applique depuis le 1er septembre pour l'emporter le 13 décembre prochain. « Certes, il est en place, mais l'équation financière n'est pas résolue », a expliqué Marc Pélissier, qui a estimé qu'il « manquera environ 250 millions d'euros par an à partir de 2016 pour financer durablement la mesure ». Il a d'ailleurs tablé en conséquence sur un retrait de ce tarif unique ou sur des « hausses de tarif importantes à venir ».

Encore une mauvaise nouvelle pour la gauche, qui, alors que l'échéance des élections se rapproche et que la campagne redémarre, jouera ses derniers atouts dans les prochains jours. D'autant qu'il s'agit là d'un poids lourd puisque c'est le président de l'Assemblée nationale qui serait battu en Île-de-France.