Régionales Île-de-France : la bataille s'annonce très serrée

Par Mathias Thépot  |   |  1023  mots
La dynamique est favorable à la droite
Le dernier sondage Ifop/Fiducial donne Valérie Pécresse (LR) gagnante au second tour des élections régionales en Île-de-France, mais elle devance de seulement un point Claude Bartolone (PS). La messe est loin d'être dite.

La course à la présidence de la région Île-de-France sera serrée jusqu'au bout, mais ce que l'on peut dire pour l'instant, c'est que la dynamique est du côté de la droite. La liste LR-UDI-Modem conduite par Valérie Pécresse recueillerait, selon le dernier sondage Ifop-Fiducial pour iTélé, Paris Match et Sud Radio, 32 % des suffrages lors du premier tour, soit 7 points de plus que Claude Bartolone, et 39 % au second tour, soit 1 point de plus que son adversaire socialiste. Ce résultat proche de celui publié par l'institut BVA il y a quelques semaines, qui plaçait Valérie Pécresse en tête avec deux points d'avance sur Claude Bartolone au second tour.

Selon Ifop, le candidat FN de Wallerand de Saint-Just réaliserait pour sa part 18,5 % au premier tour et 23 % au second. Il devrait donc provoquer une triangulaire, mais sa percée est moins forte que celle de ses collègues dans le Nord, le Sud ou l'Est de la France.

Si la gauche remonte autant sur la droite entre les deux tours, sans la dépasser du reste, c'est que sa réserve de voix est plus importante : la liste d'Europe Ecologie Les Verts et du Rassemblement Citoyen conduite par Emmanuelle Cosse et celle du Front de Gauche conduite par Pierre Laurent recueillent respectivement 9 % et 7,5 % au premier tour dans les sondages. Valérie Pécresse ne pourra pour sa part s'appuyer que sur la liste Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan qui obtiendrait 6 % des suffrages au premier tour selon Ifop.

Dur de séduire l'électorat centriste

La capacité des deux principaux candidats à convaincre les électeurs de leurs potentiels alliés avant le second tour sera donc déterminante. Mais ce n'est pas une mince affaire. Valérie Pécresse a par exemple du mal à convaincre au centre. « En dépit de l'union des Républicains avec l'UDI et le MoDem, Valérie Pecresse éprouve des difficultés à séduire l'électorat centriste », note Frédéric Dabi Directeur Général Adjoint de l'Ifop.

« Perçue peut-être comme « trop droitière » (cf. ses propositions en matière de sécurité et de transport), elle ne rassemble que 45% des électeurs de François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle 2012 (34% allant sur les listes du Parti Socialiste, du Parti Radical de Gauche et de l'Union des Démocrates et des Ecologistes, et d'Europe Ecologie Les Verts et du Rassemblement Citoyen) », ajoute-t-il.

La candidate LR s'est par exemple entourée de Geoffroy Didier, son conseiller au logement, qui représente la ligne la plus droitière du parti LR. Ainsi, dans la partie de son programme dédiée au logement, Valérie Pécresse promet que le région refusera, au nom de la lutte contre la ghettoïsation, de cofinancer à l'avenir les projets de construction de logements très sociaux dans les communes qui en ont déjà plus de 30 %. Mais, à l'inverse, elle ne propose pas de mesures coercitives pour les communes récalcitrantes à accueillir des logements sociaux.

Une politique de sécurité très marquée à droite

Par ailleurs, comme le note l'Ifop, sa politique de sécurité dans les transports est très marquée à droite.

La candidate LR expliquait récemment à la Tribune vouloir d'abord axer sa politique « sur la lutte contre la fraude dans les transports, dont je suis persuadée qu'elle est supérieure aux 200 millions d'euros annoncés par la Région, soit 5% des recettes totales. Il faudra pour ce faire renforcer les moyens de la police régionale des transports, notamment dans les bus où la fraude est plus importante que dans les réseaux ferrés, et instaurer un certain nombre de règles. Je propose concrètement le port obligatoire de la pièce d'identité dans les transports en commun afin de faciliter les contrôles ».

Elle assure aussi que si elle est élue, « 100 % des transports seront vidéos protégés », et que « les agents de sécurité seront autorisés à procéder à des fouilles et à des contrôles d'identité ». « Des patrouilles en civil, et pas seulement en uniforme », seront par ailleurs multipliées. La candidate LR propose enfin « de garantir la gratuité du Pass Navigo pour les policiers : cette simple mesure permet d'assurer la présence d'environ 20.000 représentants de la Loi armés chaque jour dans le réseau francilien ».

Certes, la droite francilienne limite la perte de voix vers le FN. « A la différence d'autres régions, la liste conduite par Valérie Pécresse parvient en effet à contenir la fuite des électeurs de l'ex-UMP vers le Front National », remarque ainsi Frédéric Dabi. Mais ses propositions en matière de sécurité pourrait lui faire perdre l'électorat centriste.

Bartolone à la chasse aux écologistes?

A gauche, les problématiques sont différentes. Claude Bartolone va notamment devoir rassurer les électeurs écologistes sur le sujet majeur de la qualité de l'air. Or, objectivement, le programme dédié à l'environnement du PS est relativement limité. Peut-être est-ce d'ailleurs une stratégie pour laisser une porte ouverte à ses futurs alliés écologistes.
La mise en œuvre de la sortie du Diesel d'ici à 2025 sera certainement le sujet majeur des discussions de l'entre-deux-tours, car la région a de nombreuses compétences en la matière : transport (40 % de son budget), développement économique et environnement.

Et, de son côté, Emmanuelle Cosse a proposé un plan de 3 milliards d'euros d'investissement sur la mandature pour lutter contre la pollution de l'air - dont les modalités de financement restent très contestées par la droite. Ce plan inclut notamment des aides aux ménages pour changer leur véhicule polluant, l'éradication du diesel de la flotte de bus des transports en commun d'ici 2021, et un an de passe Navigo gratuit pour les habitants qui abandonnent leur voiture.

De quoi alimenter les discussions début décembre entre les deux tours, même s'il faudra trouver les moyens pour le financer. Et sur ce point la droite ne se gênera pas pour attaquer le PS, si les listes de gauche fusionnent.