SNCM : Transdev débouté de sa tentative de prise de pouvoir

Par Adeline Descamps, à Marseille, Méridien Mag  |   |  552  mots
Les actionnaires salariés, de plus en plus irrités par les multiples tentatives de déstabilisation de Transdev, craignent que le départ du président du conseil de surveillance signifie de facto la destitution du président du directoire et donc la condamnation du plan de développement de la SNCM.
Le Tribunal de commerce de Marseille avait été saisi en référé par l’actionnaire majoritaire de la SNCM qui demandait la désignation d’un mandataire ad hoc afin de convoquer une assemblée générale extraordinaire des actionnaires. La demande a été rejetée.

Les tensions, qui opposent depuis quelque mois la direction de la SNCM à son actionnaire principal, Transdev (66 %), ont pris ces derniers jours la forme d'un véritable bras de fer. En cause, la tentative, ou du moins interprétée comme telle, de prise de contrôle (ou d'abus d'autorité, disent même certains) par Transdev de la compagnie maritime en forçant la porte du conseil de surveillance pour placer à sa tête un autre homme.

Bloc pour défendre le plan de redressement

Il s'avère que Gérard Couturier, l'actuel président du conseil de surveillance de la SNCM (qui compte 14 membres dont 4 représentants des salariés, trois de l'État et 7 de Transdev), censé donc représenter les intérêts de ce dernier, fait bloc en réalité avec le président du directoire, Marc Dufour, pour défendre le plan de redressement que ce dernier a dessiné afin d'assurer la pérennité de l'entreprise à long terme. Or, la compagnie maritime, dans un état financier extrêmement et chroniquement tendu, pèse (à tous les sens du terme) sur la filiale de Veolia (à 50 %), régulièrement accusée de vouloir contraindre la SNCM à la liquidation judiciaire.

Carence du conseil de surveillance

Faute donc d'obtenir au cours du conseil de surveillance du 14 avril dernier la convocation en urgence d'une assemblée générale, seul organe souverain pour se prononcer dans cette société à directoire et conseil de surveillance, qui aurait permis de destituer Gérard Couturier et de placer un homme de son sérail (Jérôme Nanty), Transdev a donc saisi la justice consulaire en référé, procédure d'urgence répondant normalement à un « péril exceptionnel et imminent ».

Les dirigeants, salariés et les organisations syndicales de la SNCM s'étaient présentés jeudi 18 avril ensemble au Tribunal de commerce de Marseille face à Transdev isolé (sans la présence de l'État), dont les avocats ont plaidé une « carence du conseil de surveillance ». A l'inverse, l'avocat de la compagnie, Sébastien Mabile, a argué d'un « détournement de procédure visant uniquement à favoriser l'actionnaire majoritaire au détriment de l'intérêt social ».

Gérard Couturier conforté

Dans son délibéré rendu ce vendredi 18 avril, le Tribunal de commerce de Marseille a « considéré que la SNCM fonctionne dans le respect de ses règles statutaires. Gérard Couturier, en se désolidarisant de l'actionnaire majoritaire, est conforté dans son choix de défendre l'intérêt social de la compagnie et la mise en œuvre de son plan de redressement que Transdev avait approuvé », commentent les deux avocats de la compagnie, Me Jean-Pierre Mignard et Sébastien Mabile, du cabinet Lysias Partners.

Stratégie post municipales

Les actionnaires salariés, de plus en plus irrités par les multiples tentatives de déstabilisation de l'actionnaire majoritaire, craignent que le départ de Gérard Couturier signifie de facto la destitution de Marc Dufour, le président du directoire et par conséquent la condamnation du « plan de développement en cours de la SNCM », note Maurice Perrin, délégué CFE-CGC. Ce dernier ajoute que le relatif flottement observé dans le nouveau cabinet du secrétaire d'Etat aux Transports « favorise de fait la stratégie actionnariale post municipales de Veolia Transdev. »