SNCM : Transdev force la porte

Le conseil de surveillance de la compagnie maritime marseillaise qui devait aborder lundi 14 avril les solutions de financement pour l’acquisition de nouveaux bateaux, soumettra aussi aux votes des administrateurs la convocation d’une assemblée générale pour modifier le conseil de surveillance. Et ce n’était pas prévu...
Les comptes de la compagnie maritime, qui devaient être clôturés le 31 mars, n’ont pas été certifiées par les commissaires aux comptes qui ont exigé un provisionnement de 600 M€.

Ils avaient mis fin à une grève d'une semaine fin mars, estimant avoir reçu de leur actionnaire principal Transdev des garanties sur l'avenir de la société. Les syndicats (CGT, FO, CFE-CGC, CFDT et SAMM) de la compagnie maritime marseillaise avaient notamment obtenu l'assurance que seraient évoqués dans les semaines à venir - soit au cours du conseil de surveillance qui doit se tenir ce lundi 14 avril - le plan de financement de nouveaux bateaux (sans lesquels la restructuration de la compagnie ne serait pas viable) et la mise en place d'un nouvel actionnariat (pour combler la sortie de Transdev).

Veolia souhaite se retirer

Pour rappel, Veolia Environnement, actionnaire majoritaire aux côtés de la Caisse des Dépôts via Transdev, souhaite se retirer du capital de l'armement. Le PDG de Veolia Antoine Frérot n'a pas caché ces derniers temps son refus d'investir à nouveau dans la société, sollicitant même sa mise sous protection du Tribunal de commerce tandis que le président de Transdev, Jean-Marc Jarnaillac, a finalement rejoint les positions de son partenaire en jugeant, en conseil de surveillance du 22 janvier, le plan de redressement de la société « fragile » après l'avoir validé à plusieurs reprises.

Modification du conseil de surveillance

Dans ces conditions, comme nous l'avions annoncé, la convocation d'une assemblée générale demandant la modification du conseil de surveillance n'est pas de bon augure. Sachant que seul le conseil de surveillance peut remplacer le directoire (au sein duquel un pacte d'actionnaire pourrait mettre en minorité l'actionnaire majoritaire sous réserve de la position de l'État).

Il s'avère qu'une partie de l'ordre du jour de celui de ce lundi 14 avril, aurait été modifiée, avec ajout de deux nouveaux points par l'actionnaire majoritaire Transdev, révèle Le Marin : il s'agit de « l'autorisation donnée au directoire de convoquer une assemblée générale » pour examiner « la révocation de Gérard Couturier (président du conseil de surveillance, Ndlr) de son mandat de membre du conseil de surveillance de la société » et « la nomination de Claude Arnaud en qualité de nouveau membre du conseil de surveillance de la société ». Une demande formulée le 8 avril.

Transdev demande à ce que cette assemblée générale se tienne au plus tard le 25 avril 2014. Jean-Marc Jarnaillac a rappelé ces derniers jours, lors d'une conférence de presse, que la société n'avait pas « les moyens de financer le fonctionnement courant d'une compagnie qui depuis 2001, hors éléments exceptionnels, a perdu 220 M€ et qui a eu une seule année bénéficiaire sur 13. »

Une provision qui ne passe pas

La filiale de la Caisse des dépôts et de Veolia Environnement dit avoir passé l'an dernier une dépréciation de 107 M€ dans ses comptes à cause de la SNCM. Les comptes de la compagnie maritime, qui devaient être clôturés le 31 mars, n'ont pas été certifiées par les commissaires aux comptes qui ont exigé un provisionnement de 600 M€ pour couvrir notamment les 440 M€ exigibles au titre des condamnations par l'Europe (aides publiques trop perçues), le financement du plan de départ volontaires (515 postes supprimés) et les créances auprès de l'Office des transports corses. Sans parler de l'achat prévu de nouveaux bateaux dont « le financement n'est toujours pas assuré et dont la facture est passée de 140 millions dans le PLT à 172 millions d'euros par unité », a déclaré Jean-Marc Jarnaillac.

À vendre : 77 M€

Jean-Marc Janaillac, qui se « prêt à céder la participation de l'entreprise pour un prix symbolique et abandonner nos créances, soit 77 M€ », est-il en train de profiter de la vacance du pouvoir, alors que les équipes du gouvernement Valls se mettent à peine en place, pour créer l'électrochoc et acculer l'État à trancher sur ce dossier ? Profitant de la nomination de Jean-Pierre Jouyet, le directeur général de la CDC - autrement dit sa tutelle - à l'Élysée, le patron de Transdev, un temps fort discret, semble reprendre la main sur le dossier. Et tout dépendra en effet des votes des trois administrateurs de l'État ce lundi 14 avril.

Equitation complexe

Au-delà, parmi les nouvelles inconnues de cette équation complexe figure la position du nouvel homme fort de la Caisse des Dépôts. S'il s'agit de Pierre-René Lemas, actuel secrétaire général de l'Élysée - qui troquerait donc son poste avec Jean-Pierre Jouyet -, il connaîtrait bien les dossiers, dit-on sur le port, pour avoir été préfet de Corse d'un part et avoir géré la crise du détournement du Pascal Paoli en 2005.

Quoi qu'il en soit, si l'assemblée générale a bel et bien lieu, le départ du président du conseil de surveillance Gérard Couturier pourrait aussi entraîner la destitution du directoire et donc de son président Marc Dufour, les deux patrons payant ainsi leurs oppositions systématiques à l'égard de leurs actionnaires.

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Commentaires 4
à écrit le 13/04/2014 à 23:11
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équitation complexe ???? équation peut-être non ????

à écrit le 12/04/2014 à 7:43
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Il se passe en France ce qui se passe à la Sncm. Avec à la manœuvre la CGT & FO, SUD et Cie.

à écrit le 11/04/2014 à 14:11
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liquider cette entreprise propriété des syndicats qui a coûtée trop aux contribuables

le 11/04/2014 à 21:17
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La liquidation est la meilleure solution. L'intransigeance et l'obscurantisme des syndicats ( un en particulier ...) sans compter le laisser faire des différentes directions pour avoir la paix sociale vont mener cette société au dépôt de bilan ( qui ...

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