Une formation universitaire pour aider à la redynamisation des centres-villes

Par Propos recueillis par César Armand  |   |  619  mots
Le professeur Olivier Badot est conseiller scientifique sur la formation de manager--développeur de centre-ville que lancera l'IAE de Caen en septembre 2019. (Crédits : DR)
INTERVIEW. Dans un contexte d'appels à projets tous azimuts en matière de revitalisation des communes périphériques, l'IAE de Caen lancera en septembre 2019 un diplôme de manager-développeur de centre-ville. Docteur en économie et en anthropologie, le professeur Olivier Badot est conseiller scientifique sur cette formation au côté de Max Poulain, enseignant-chercheur.

En mars 2018, Jacques Mézard, alors ministre de la Cohésion des territoires, lançait le programme "Action cœur de ville" visant à revitaliser les centres-villes de 222 communes. Dans le sillage de ce programme, un appel à manifestations d'intérêt "Réinventons nos cœurs de ville" a été initié dès la mi-décembre afin d'aider les territoires à monter leur propre appel à projets local, avant de les inviter à une rencontre dédiée à "l'innovation urbaine" en mars 2019.

Par ailleurs, le projet de loi sur l'Évolution du logement, de l'aménagement et du numérique (Élan), promulgué fin novembre, a créé un nouvel outil : l'opération de revitalisation de territoire (ORT). Le préfet d'un territoire peut coordonner, avec les communes et les intercommunalités en copilotes, les autorisations d'exploitation commerciale dans les collectivités concernées. Il peut ainsi suspendre sur une durée de trois ans l'implantation d'équipements commerciaux nuisibles aux centres-villes.

LA TRIBUNE - Avez-vous eu l'idée de créer ce diplôme de manager-développeur de centre-ville lors du lancement du programme "Action cœur de ville" ?

OLIVIER BADOT - La Commission nationale de concertation du commerce (3C), dans laquelle je siège, réunit les acteurs du commerce, éclaire et conseille les pouvoirs publics sur cette question, de même qu'elle peut proposer des actions et soumettre des propositions dans ce domaine. Durant la campagne présidentielle, nous avions ainsi déjà diffusé un livre blanc et en tant qu'universitaire spécialiste du commerce, notamment de détail, je suis évidemment sensible au programme "Action cœur de ville". Aujourd'hui, avec l'association d'élus "Centres-villes en mouvement", présidée par le député (LREM) de l'Hérault Patrick Vignal, nous avons monté le programme de formation. Nous nous appuierons aussi sur leur réseau. L'objectif est de trouver des interlocuteurs privilégiés pour les commerçants, les associations et les élus sachant coordonner la redynamisation des centres-villes.

Quels cours seront dispensés pour répondre à cet enjeu ?

Le programme est prêt et a été validé par l'université de Caen. Il s'articule autour de quatre blocs de compétences. Le premier sera sur la ville, son histoire et ses évolutions, avec des cours sur l'aménagement et les politiques urbaines. Le deuxième portera sur l'urbanisme et les métiers de développeurs de ville. Le troisième couvrira le commerce urbain et périurbain avec un accent très fort sur la révolution numérique et la transition énergétique. La logistique du dernier kilomètre va, en effet, beaucoup changer avec les contraintes liées à la transition écologique et la diminution du nombre de voitures. Enfin, le quatrième module se déploiera autour des questions de fiscalité locale et de formalités administrativo-légales comme "Action cœur de ville" ou des retours d'expérience à l'étranger. Ces 207 heures s'accompagneront d'un stage tutoré de 400 heures.

Qui en assurera l'enseignement ?

Les professionnels du commerce, de la ville, du droit et de l'urbanisme constitueront 65% des professionnels. Les 35% restants seront des universitaires sur les mêmes sujets, auxquels il faut ajouter des sociologues et des experts de l'architecture urbaine. Ces derniers viendront majoritairement de l'IAE de Caen, mais pas seulement.

Quel sera le profil des premiers étudiants ?

Il y aura un public de formation initiale déjà titulaire d'un Bac+2. Cela peut intéresser des étudiants en IUT, en BTS et d'autres comme ceux en géographie ou en urbanisme. La formation continue s'adresse, elle, aux agents des collectivités territoriales ou toute personne qui se prépare à cette fonction. Elle aura lieu une semaine par mois. Les élus locaux, enfin, forment un dernier public potentiellement intéressé.