La sécurité demeure un frein à l’essor du paiement mobile

Par Christine Lejoux  |   |  780  mots
Le cabinet Gartner estime que le marché mondial des paiements mobiles va grimper de 35% par an d'ici à 2017, horizon auquel il devrait peser 721 milliards de dollars.
Les paiements de proximité par mobile représentent moins de 1% du total des paiements, dans le monde. Nombre de consommateurs redoutent encore que leurs données bancaires ne soient insuffisamment sécurisées, dans le cadre des transactions par smartphones.

A l'aune des perspectives du marché mondial des smartphones, le paiement mobile semble promis à un bel avenir. La planète devrait en effet compter 4,5 milliards de ces "téléphones intelligents" en 2018, soit un quadruplement par rapport à 2012, selon l'équipementier en télécommunications Ericsson. Autrement dit, plus d'un humain sur deux sera équipé d'un smartphone dans quatre ans. Ces chiffres apportent de l'eau au moulin du cabinet Gartner, qui estime que le marché mondial des paiements mobiles va grimper de 35% par an d'ici à 2017, horizon auquel il devrait peser 721 milliards de dollars.

Mais les faits sont têtus : pour l'heure, les paiements de proximité par téléphone mobile représentent moins de 1% des paiements, à l'échelle mondiale. Et ce, malgré les multiples initiatives prises dans ce domaine par l'industrie des paiements, qu'il s'agisse de ses acteurs traditionnels - les banques - ou de nouveaux entrants comme les géants de l'Internet Google ou Amazon, qui ont tous mis sur le marché des portefeuilles électroniques, ces dernières années.

 22% des Français ne sont pas à l'aise avec le paiement sans contact

 "Si les différents portefeuilles numériques [Paylib pour BNP Paribas, la Société générale et la Banque Postale, Kwixo au Crédit agricole, V.me chez LCL et BPCE, Fivory pour le Crédit Mutuel-CIC ; Ndlr] qui existent sur le marché ne décollent pas vraiment, c'est parce que les utilisateurs ne perçoivent pas bien leur valeur d'usage et n'ont pas totalement confiance dans leur sécurité",

explique Isabelle Alfano, directeur du salon Cartes Secure Connexions, qui se déroulera du 4 au 6 novembre à Villepinte, en Seine-Saint-Denis. Sécurité, le mot est lâché : aussi "accros" soient-ils à leur smartphone, nombre de consommateurs ne sont pas encore prêts à sauter le pas du paiement mobile, par crainte que les données bancaires stockées sur leur téléphone ne soient piratées.

Ainsi, selon une étude publiée en mars par Statista, un portail Internet de statistiques, moins de 40% (37%) des Européens interrogés estimaient que leur argent était en sécurité lors de paiements utilisant la technologie du sans-contact, dite NFC (Near Field Communication). Une proportion qui tombe même à 22% dans le cas de la France. On comprend donc pourquoi le paiement sans contact n'a pas encore décollé dans l'Hexagone, en dépit des expérimentations menées depuis plusieurs années dans des villes comme Nice, et bien que près de 50 modèles de smartphones soient dotés de la technologie NFC, en France.

 Apple Pay pourrait changer la donne

 Mais la donne pourrait bientôt changer :

"Le paiement sans contact devrait enfin décoller l'année prochaine. Le fait qu'Apple, avec Apple Pay, ait reconnu le protocole NFC, expérimenté depuis plusieurs années par les banques et les opérateurs de téléphonie mobile, est très positif",

estime Isabelle Alfano. En effet, le géant américain de l'électronique exerce une grande influence sur les modes de consommation et, surtout, dans le cas présent, il promet que son système de paiement mobile sans contact est doté d'une sécurité très supérieure à tout ce qui s'est fait jusqu'à présent aux Etats-Unis. Non seulement les données bancaires sont cryptées et stockées au sein d'une puce sécurisée qui se trouve dans les iPhone 6 et 6 Plus, mais, en outre, chaque transaction doit être validée par un code de sécurité unique. "Last but not least", la validation du paiement exige une vérification de l'identité de l'auteur de la transaction, au moyen du capteur biométrique Touch ID.

 A noter que les banques, elles aussi, travaillent à des solutions d'authentification biométrique dans le cadre des paiements par mobile, le système 3D Secure d'envoi d'un code de vérification par SMS étant autrement moins pertinent pour l'Internet mobile que pour l'Internet fixe. C'est le cas de Banque Accord (groupe Auchan), de BNP Paribas, du Crédit agricole et de Crédit Mutuel Arkéa, qui testent la solution développée par Natural Security, une start-up française dont ces établissements sont actionnaires. L'enjeu, pour les banques, étant de ne pas se laisser distancer par les géants de l'Internet, au risque de se faire déposséder de la manne des commissions sur les transactions mobiles et de la mine d'informations sur les consommateurs que représentent les données bancaires captées par les smartphones. "Les banques bénéficient d'une forte crédibilité, en matière de sécurité des transactions", nuance Olivier Trebucq, expert en sécurité numérique pour le salon Cartes Secure Connexions.