4G : Free fait le pari de l’illimité

Par Pierre Manière  |   |  439  mots
Xavier Niel, le fondateur d'Iliad, la maison-mère de Free.
L’opérateur de Xavier Niel booste son forfait à 15,99 euros par mois pour ses abonnés Freebox, en y proposant la 4G en illimité. Pour ceux qui ne disposent que d’un abonnement mobile à 19,99 euros, le forfait passe de 50 à 100 gigas de données par mois.

Désormais, sur le papier, impossible de faire mieux. Ce mardi, Free a décidé de passer à l'illimité sur la 4G pour son forfait mobile à 15,99 euros par mois, réservé aux abonnés Freebox. Au passage, l'offre comprend les appels, SMS et MMS illimités en France métropolitaine. Pour les non-abonnés Freebox, l'enveloppe de data passe de 50 à 100 gigas mensuels pour 19,99 euros par mois. Ce faisant, l'opérateur de Xavier Niel fait un joli pied de nez à la concurrence. Ces dernières semaines, les Orange, SFR et Bouygues Telecom ont en effet multiplié les dégriffes et les offres aux grosses enveloppes de data.

Dans un communiqué, Free se félicite d'une offre « incroyable », saluant « une première mondiale ». Faut-il, pour autant, y voir une révolution ? « Pas vraiment », estime Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James. De fait : qui a aujourd'hui besoin d'autant de data ? Excepté quelques geeks hyper-connectés, pas grand monde. Lors de la présentation de ses résultats 2016, au début du mois, Free a d'ailleurs souligné que ses abonnés 4G consommaient en moyenne 4,9 gigas par mois. « Que l'enveloppe mensuelle de data soit de 50 gigas, de 100 gigas, ou illimitée ne change donc pas grand chose », constate Stéphane Beyazian.

La monétisation de la 4G menacée

Toutefois, l'analyste souligne qu'avec cette offre, « on peut considérer qu'on entre dans l'ère de l'illimité en France pour la 4G ». Ce qui n'est pas rien, puisque cela signifie, à ses yeux, « que c'est probablement la fin de l'espoir de monétiser cette technologie ». Autrement dit : Orange, SFR et Bouygues Telecom ne pourront bientôt plus facturer à leurs clients des volumes spécifiques de données sur leurs réseaux mobiles. Ce qui va forcément constituer un sacré manque à gagner. « D'ici deux ou trois ans, lorsque le réseau de Free couvrira mieux la France (pour l'heure, l'opérateur ne couvre 'que' 80% de la population en 4G, NDLR), ses concurrents, qui maintiennent des forfaits au volume, devront s'aligner sur son offre à 19,99 euros », estime Stéphane Beyazian.

Dans ce contexte « où on a donné la 4G au consommateur au même prix que la 3G », dixit Stéphane Beyazian, on peut aussi s'interroger sur l'impact de l'annonce de Free sur les investissements dans la 5G, la prochaine génération de communication mobile. S'ils redoutent de ne pas pouvoir rentabiliser leurs investissements en la matière, certains opérateurs pourraient en effet reporter leurs projets. Si tel est le cas, la 5G, dont les premiers déploiements commerciaux sont prévus à horizon 2020 ou 2021 dans le monde, verra le jour beaucoup plus tard dans l'Hexagone.