Cellnex, le géant des tours télécoms, poursuit sa stratégie de « consolidation »

Le mastodonte espagnol, qui gère plus de 112.000 sites de téléphonie mobile en Europe, a limité ses pertes au premier trimestre. Lourdement endetté après avoir, des années durant, multiplié les acquisitions sur le Vieux Continent, il entend désormais rationaliser son portefeuille, et se concentrer sur les pays, à ses yeux, les plus prometteurs.
Pierre Manière
Cellnex a décidé de « consolider » ses positions en Europe. En clair de vendre certaines activités dans les pays qu'il ne considère pas comme stratégiques.
Cellnex a décidé de « consolider » ses positions en Europe. En clair de vendre certaines activités dans les pays qu'il ne considère pas comme stratégiques. (Crédits : Reuters)

Dans le petit monde des télécoms, Cellnex a tout d'une tornade. Au milieu des années 2010, cet acteur espagnol, méconnu du grand public, est l'un des premiers à sentir une jolie opportunité de marché. A l'époque, beaucoup d'opérateurs télécoms européens sont très endettés et manquent de cash pour investir dans leurs réseaux 4G et de fibre optique. Plusieurs d'entre eux décident, alors, de vendre tout ou partie de leurs tours télécoms, ces pylônes qui hébergent leurs antennes de téléphonie mobile. Cellnex saute sur l'occasion, et se met à racheter ces infrastructures par milliers sur tout le Vieux Continent. A l'époque, les taux sont bas, et Cellnex décide de s'endetter massivement pour assouvir sa boulimie d'acquisitions.

Mais le temps de « l'argent pas cher » est révolu. Les taux ont depuis augmenté. Et Cellnex a dû revoir sa stratégie, donnant la priorité au désendettement. Il faut dire qu'à date, sa dette s'élève à plus de 17,3 milliards d'euros. L'heure n'est plus aux acquisitions, mais à la rationalisation de ses activités pour rassurer ses créanciers. Sur ce front, le géant espagnol, qui gère désormais quelque 112.000 sites de téléphonie mobile en Europe, se veut rassurant.

Ce vendredi, Cellnex a affiché un chiffre d'affaires en nette hausse, de 7%, à 946 millions d'euros. S'il affiche une perte de 39 millions d'euros sur la période, celle-ci s'est réduite par rapport au premier trimestre 2023, où elle s'était élevée à 91 millions d'euros. C'est aussi mieux que les prévisions des analystes interrogés par Factset, qui tablaient sur une perte de 53 millions d'euros.

Densification des réseaux

De quoi satisfaire Marco Patuano, le PDG de Cellnex. « Tous nos indicateurs clés, des revenus de trésorerie aux mesures commerciales liées à l'expansion des points de présence sur nos sites, reflètent un début d'année solide », s'est félicité le dirigeant. Pour doper ses revenus, Cellnex cherche, en effet, à avoir un maximum d'opérateurs sur chaque site mobile. Mécaniquement, plus il y a d'opérateurs, plus il encaisse de loyers. Cellnex estime que l'avenir lui appartient. Et ce notamment pour une raison : avec l'arrivée de la 5G, les opérateurs mobiles ont besoin de densifier leurs réseaux, et donc, à priori, de faire appel à ses services. Au premier trimestre, le business des tours télécoms a contribué à hauteur de 82% des revenus totaux de Cellnex - c'est-à-dire 776 millions d'euros, en augmentation de 5% sur un an.

En parallèle, Cellnex a décidé de « consolider » ses positions en Europe. En clair de vendre certaines activités dans les pays qu'il ne considère pas comme stratégiques. C'est la raison pour laquelle le géant espagnol a décidé de céder ses 1.900 tours télécoms en Irlande à son concurrent américain Phoenix Tower International (PTI) pour quelque 971 millions d'euros. Cette opération, qui a été bouclée au début du mois de mars, doit lui permettre d'accélérer son désendettement.

Cellnex gère près de 24.000 tours en France

A cette occasion, Marco Patuano a indiqué que cette initiative permettrait de « simplifier » la « structure » du groupe, et in fine de « concentrer » ses efforts « dans ses principaux marchés ». Dans l'Hexagone, Cellnex, qui a récupéré une grande part des tours télécoms de SFR, de Bouygues Telecom et de Free, en gère près de 24.000. En Italie, le groupe espagnol en possède plus de 22.500. Suivent enfin la Pologne (avec 13.400 tours télécoms), et le Royaume-Uni (plus de 8.700 tours). Devenu un poids lourd des infrastructures télécoms en Europe, Cellnex affiche une capitalisation boursière de plus 22 milliards d'euros. C'est seulement 5 milliards d'euros de moins que celle d'Orange, le champion français des télécoms, lequel affiche un chiffre d'affaires global annuel de 44 milliards d'euros.

Pierre Manière

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