La "Une" de Charlie Hebdo dérange à droite comme à gauche

Par latribune.fr  |   |  565  mots
Le dessinateur Riss rappelle dans un éditorial que l'attaque contre Charlie Hebdo, qui avait fait 12 morts, était justifiée par les caricatures de Mahomet publiées par l'hebdomadaire en 2006.
Le journal satirique publie un numéro à 1 million d'exemplaires, mercredi. Celui-ci met en scène, en couverture, un dieu muni d'une kalachnikov.

Publié le 04/01/2016 à 13:29. Mis à jour le 05/01/2016 à 14:17.

Jeudi 7 janvier, un bien triste anniversaire sera commémoré, celui de l'attentat contre "Charlie Hebdo" qui avait fait 12 morts, dont huit membres de la rédaction du journal satirique, une année plus tôt. La couverture (la "une") au ton acerbe, est signée par le dessinateur et directeur de la publication Riis. "Un an après, l'assassin court toujours" est-il titré. Le dessin en manchette montre un dieu barbu à la mine patibulaire, couvert de sang et portant une kalachnikov en bandoulière.

"C'est l'éternité qui nous est tombée dessus, comme la foudre"

Dans un éditorial, le dessinateur Riss rappelle que les terroristes avaient justifié l'attaque contre Charlie Hebdo, qui avait fait 12 morts, par les caricatures de Mahomet publiées par l'hebdomadaire en 2006.

"En 2006, quand Charlie publia les caricatures de Mahomet, personne ne pensait sérieusement qu'un jour tout ça finirait dans la violence. Il n'était pas pensable qu'au XXIe siècle, en France, une religion tue des journalistes. [..] La vérité, c'est que, dès cette époque, beaucoup espéraient qu'un jour quelqu'un viendrait nous remettre à nos places", écrit-il

Et d'ajouter: "Mais un croyant, surtout fanatique, n'oublie jamais l'affront fait à sa foi, car il a derrière lui et devant lui l'éternité. C'est ce qu'on avait oublié à Charlie. C'est l'éternité qui nous est tombée dessus, comme la foudre."

L'hebdomadaire sera tiré à près de 1 million d'exemplaires pour l'occasion.

La une de Charlie Hebdo dérange à droite et à gauche

Plusieurs politiques se sont dits bousculés par cette une.

Du côté du parti "Les Républicains", Isabelle Balkany a tweeté "Je ne suis plus Charlie...".

Invité sur Europe 1, mardi, Alain Juppé a, quant à lui, lancé: "Je me suis senti Charlie, évidemment lorsqu'on a assassiné des journalistes de la rédaction. Ma solidarité a été profonde et sincère. Mais quand j'ouvre 'Charlie Hebdo' je ne suis pas toujours Charlie". "Elle ne me fait pas rire", a-t-il ajouté au sujet de la une.

Rachida Dati, ancienne ministre de la Justice, a également critiqué l'hebdomadaire satirique: "Certaines couvertures ont pu me heurter, je ne le regarde pas et je ne l'achète pas."

Du côté du Parti socialiste, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement a réagi à l'édito de Riss avec embarras: Charlie Hebdo "n'est pas un Journal officiel. [...] (Cet éditorial) n'engage en rien la République ni la laïcité."

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Une semaine d'hommages

Une série d'hommages seront rendus par le chef de l'Etat:

> Mardi 5 janvier 2016, François Hollande doit participer au dévoilement de trois plaques à la mémoire des victimes des attaques contre l'hebdomadaire satirique et contre un commerce de produits cacher.

> Samedi 9 janvier 2016, le président de la République dévoilera une autre plaque en souvenir d'une policière tuée il y a un an à Montrouge (Hauts-de-Seine) par Amedy Coulibaly, l'auteur de la prise d'otages dans le magasin Hyper Cacher le 9 janvier 2015.

> Dimanche 10 janvier, le chef de l'Etat assistera à l'hommage rendu place de la République, dans le centre de Paris, aux victimes des attaques islamistes de janvier et de novembre 2015. Plus d'un millier de personnes, rescapés et membres des familles des victimes, ont également été invitées à cette cérémonie.