Un marché de millions de patientes dans le monde

Par La Tribune avec i-Lab  |   |  714  mots
(Crédits : DR)
Le concours i-Lab, dont elle a été lauréate en 2018, a permis à Womed, lancée juste avant, d'accélérer ses activités. Son objectif ? Améliorer la fertilité des femmes en réparant les utérus abîmés. Et la start-up de Montpellier vise la Chine comme marché principal à l'avenir.

« J'avais déjà créé une première société il y a plus de 10 ans - il s'agit d'une entreprise de la medtech, Stentys, visant les maladies artérielles, lancée en 2006 et introduite en bourse ensuite, raconte Gonzague Issenmann, et je cherchais une idée pour une nouvelle start-up dans le médical ». Cet entrepreneur l'a trouvée en s'intéressant aux travaux entrepris par des chercheurs de l'université de Montpellier, assortis de leurs droits intellectuels et portant sur l'infertilité des femmes, en raison d'un utérus abîmé par une intervention chirurgicale. En développant un film spécial dans le but de protéger les parois de l'utérus contre une mauvaise cicatrisation à la suite d'une chirurgie, la technique peut permettre à de nombreuses femmes de tomber enceintes, ce qui ne pouvait pas arriver auparavant. Le dispositif, une fine feuille d'un nouveau polymère, est inséré comme un stérilet. Elle se déploie dans l'utérus et agit comme une barrière pour éviter l'accolement des parois de l'utérus pendant la cicatrisation. Enfin, en se gélifiant, la feuille s'évacue naturellement ensuite.

Accélérateur

« Le concours i-Lab est plus qu'une valorisation de la recherche, déclare l'entrepreneur, c'est un accélérateur ». De fait, avec l'enveloppe, d'un montant initial de 330 000 euros, abondé à un total de 550 000 euros, dont était doté le grand prix que la jeune pousse a gagné à l'issue du concours i-Lab de l'an dernier, Womed, qui compte également le professeur Xavier Garric, de l'Institut des Biomolécules Max Mousseron, composante de l'Institut Carnot Chimie Balard Cirimat, et le docteur Stéphanie Huberlant, du CHU de Nîmes, comme co-fondateurs, en association avec la SATT du Languedoc Roussillon (la SATT AxLR), a pu immédiatement embaucher trois personnes, dont l'une avait fait une thèse sur le sujet, et deux ingénieurs. Le tout pour, dans un premier temps, mettre sur pied une étude clinique. Et aujourd'hui, Womed se prépare effectivement à lancer sa première phase clinique, auprès de 30 patientes dans cinq hôpitaux européens dont le CHU de Nîmes. Elle devrait débuter après l'été.

Il reste encore du chemin à parcourir. Ainsi, il faudra, une fois les résultats de l'étude clinique connus, se mettre aussi bien en quête de partenariats industriels que des agréments pour une commercialisation du produit en Europe, tout en prenant bien en compte les enjeux scientifiques et commerciaux. « Il faut déjà savoir ce que l'on a entre les mains, pour saisir le potentiel d'efficacité », relève ainsi Gonzague Issenmann, et si certains partenariats peuvent se faire très tôt, mieux vaut attendre, là encore, de voir le potentiel, pour ne pas faire d'erreur dans le contrat de partenariat », ajoute-t-il. Sans oublier, sans doute, une levée de fonds, envisagée pour les mois à venir par la jeune pousse, afin d'obtenir les fonds nécessaires pour fabriquer puis commercialiser ce nouveau dispositif utérin.

L'Europe, d'abord

Une fois toutes ces étapes, cruciales, franchies, il ne restera plus à Womed qu'à se déployer sur les marchés et vendre son « pansement de l'utérus ». D'abord, d'ici 2020, en Europe, puis, en 2025, en Chine, un marché clé pour Womed. Car il est gigantesque, non seulement en raison de sa population, mais aussi et surtout parce qu'après quarante ans de politique de l'enfant unique, les autorités de Pékin, soucieuses à la vue d'une pyramide des âges très déséquilibrée, incitent désormais au contraire les familles à avoir plusieurs enfants. Avec un résultat mitigé... Au-delà des aspects culturels - les familles chinoises se sont habituées à un seul enfant, qu'elles chouchoutent terriblement, et les femmes participent largement au marché du travail, ce qui freine également leur désir d'enfant - ce sont les effets secondaires de la politique de l'enfant unique, responsable de nombreux avortements et de blessures de l'utérus, qui doivent être contrecarrés chez les femmes toujours en âge de procréer.

La société montpelliéraine a donc un avenir tout tracé, celui de participer, à sa façon, non seulement au bonheur des familles, mais aussi à la nouvelle politique de natalité d'un géant comme la Chine... Décidément, le concours i-Lab peut emmener loin !