Le parrainage, un coup de pouce supplémentaire

Depuis l'an dernier, les lauréats « Grands Prix » du concours i-Lab se voient attribuer un parrain, généralement un chef d'entreprise de leur domaine, pour les aider à passer certaines étapes. Tom Shepherd, co-fondateur de Neurophoenix, bénéficie ainsi des conseils de Franck Mouthon, PDG de Theranexus.
Neurones de la rétine interne dont la survie est stimulée  par une  injection de Neurovita 
(le corps cellulaire de ces neurones apparait  en jaune).
Neurones de la rétine interne dont la survie est stimulée par une injection de Neurovita (le corps cellulaire de ces neurones apparait en jaune). (Crédits : Institut Pasteur)

« Lorsque nous avons appris que c'était Franck, nous nous sommes dits 'super' ! Nous connaissions sa réputation », se souvient Tom Shepherd. Cet Ecossais qui vit une partie du temps en Suisse, lauréat du concours i-Lab 2018, fait d'une part référence à ses deux coéquipiers dans l'aventure entrepreneuriale, Monique Lafon, de l'Institut Pasteur, et Pascal Voisin, et, de l'autre, à Franck Mouthon, PDG de Theranexus, devenu leur parrain à l'issue du concours i-Lab. Car en plus de l'enveloppe financière destinée à aider les chercheurs pour qu'ils développent le produit issu de leurs recherches grâce à la création d'une entreprise, i-Lab met depuis l'an dernier à disposition des lauréats « Grands Prix » un parrain, œuvrant généralement dans le même secteur, et lui-même entrepreneur. C'est ainsi le cas de Franck Mouthon, PDG de Theranexus, une société bio-pharmaceutique issue du CEA qui développe des candidats médicaments pour le traitement des maladies du système nerveux central, fondée en 2013 et cotée sur le marché Euronext Growth. Autant dire que Franck Mouthon a déjà un parcours entrepreneurial exemplaire.

Et quoi de mieux pour épauler Neurophoenix, jeune pousse lancée dans la foulée du succès au concours i-Lab, en 2018, après un accord passé avec l'Institut Pasteur sur la propriété intellectuelle ? « Franchement, je ne sais pas s'ils avaient besoin de moi, tant ils étaient déjà au point !, s'exclame Franck Mouthon. Mais ce que je peux dire, c'est que j'y ai largement trouvé mon compte ! ». Quoi de plus gratifiant en effet pour un entrepreneur comme lui que d'accompagner des chercheurs pour qu'ils empruntent le même chemin ? « Toutes les questions que l'équipe se posait, nous nous les étions posées avant à propos de Theranexus », souligne Franck Mouthon. Des questions sur le transfert de technologie, le choix du couple produit/indication, le modèle d'affaires, la levée de fonds, et même les sujets très pratiques de constitution ou le temps que tout cela peut prendre pour aboutir... De quoi, pour l'équipe de Neurophoenix, gagner du temps, précisément, grâce aux réponses et au partage d'expérience de Franck Mouthon, sans brûler les étapes, mais en les passant, une à une, avec méthode et succès.

Stratégie thérapeutique inédite

L'aventure Neurophoenix a commencé avec Monique Lafon, « qui travaille depuis des années sur le virus de la rage, et a découvert que ce virus, qui infecte les neurones, avait la propriété remarquable de les garder en vie », détaille Tom Shepherd. D'où l'idée d'utiliser cette propriété pour enrayer la progression des maladies dégénératives du cerveau ou de l'œil. La première maladie ciblée par Neurophoenix est une forme aiguë de glaucome, qui, jusqu'à présent, n'a pas de traitement. Potentiellement, grâce à Neurophoenix, les neurones endommagés par la maladie seront régénérés, le nerf optique retrouvera ses facultés et le patient recouvrira la vue. En s'attaquant aux conséquences et non aux causes de la maladie, cette découverte propose une stratégie thérapeutique inédite et innovante applicable à de nombreuses maladies neurodégénératives.

Les trois fondateurs et l'Institut Pasteur contribuent au premier tour de table, puis, grâce aux fonds du concours i-Lab, embauchent un premier chercheur. La société travaille actuellement à optimiser le candidat médicament. « Nous avançons bien », se réjouit Tom Shepherd. Neurophoenix a déjà obtenu les preuves de concept in vitro et in vivo de l'efficacité de la molécule et la phase préclinique de développement du candidat médicament sera lancée en 2019.

Partage d'expérience

Et Neurophoenix avance encore mieux depuis que Franck Mouthon accompagne la start-up, d'abord accueillie par l'incubateur de l'Institut de la vision. « Nous avons commencé par un déjeuner informel, au cours duquel nous avons parlé de notre projet, de la société, de ses priorités, raconte Tom Shepherd. Et déjà, Franck nous a donné des conseils, des détails à prendre en compte », se souvient le nouveau chef d'entreprise. « Je les ai senti très accueillants, très ouverts aux suggestions, très en demande, même », remarque de son côté Franck Mouthon. Selon lui, ce n'est pas facile de faire la transition entre l'activité de recherche académique et l'entrepreneuriat. « C'est assez compliqué de sauter le pas de la création de la société, relève-t-il, il est donc important que les porteurs de projets ne soient pas seuls ». Ceux de Neurophoenix ont été bien entourés. Les échanges avec leur parrain ont eu lieu régulièrement et finalement, « nous l'avons invité à siéger au comité stratégique de la société, aux côtés de l'Institut Pasteur », indique Tom Shepherd. Que ce soit en ce qui concerne le produit et sa fabrication, les choix stratégiques ou encore la façon d'envisager l'avenir, un parrain comme Franck Mouthon - « qui est direct et abordable, et fait souvent un pas de côté, ce qui nous aide grandement à prendre de la hauteur », relève Tom Shepherd - peut s'avérer crucial. Franck Mouthon relativise cependant son apport. « Cela a été très enthousiasmant pour moi de voir les progrès de Neurophoenix, mais ce n'est pas le parrainage qui fait cela, c'est la qualité de l'équipe en place et son état d'esprit », dit-il.

Toujours est-il que Franck Mouthon voit l'avenir en grand pour Neurophoenix. Alors que le glaucome affecte 80 millions de personnes dans le monde, dont 10% seront aveugles à un horizon de 20 ans, le produit développé par la jeune pousse aura forcément de larges débouchés et apportera un espoir thérapeutique à des millions de personnes. Ainsi, c'est la société dans son ensemble qui pourra bénéficier des découvertes de la recherche et de l'ambition entrepreneuriale des fondateurs de Neurophoenix - et de leur parrain.

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