Les chercheurs des Pays de la Loire profitent d'un écosystème porteur

La clé du dossier de candidature pour le concours i-Lab provient de la qualité des équipes, et de leur projet. Ce dernier doit s’inscrire au cœur de le deeptech : plan phare du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri) et de Bpifrance.
(Crédits : iStock)

Ce jeudi 7 mars n'était pas un jour comme les autres pour la douzaine d'entrepreneurs de la région Pays de la Loire : leurs dossiers pour le concours i-Lab étaient étudiés par le secrétariat technique régional des Pays de la Loire, composé de la délégation régionale à la recherche et à la technologie (D.R.R.T.), en association avec Bpifrance, qui gère le programme, visant à valoriser la recherche grâce à la création d'entreprises. « Comme l'an dernier, nous avons constaté une tendance lourde sur les thématiques industriels et la pharma-biotech, mais à laquelle s'ajoutent cette année plusieurs dossiers dans les technologies médicales », indique Sophie Barrès, Déléguée régionale adjointe à la recherche et à la technologie Pays de la Loire. Autant de dossiers, dont un large éventail dans la « tech dure », qui seront étudiés par le secrétariat.

Puis, cette étape régionale passée, les meilleurs seront sélectionnés pour être présentés au niveau national. « Nous choisirons des projets qui sont au cœur de plan phare de Bpifrance et du Mesri, celui de la Deep tech », ajoute Patrick Baudry, Délégué régional Innovation pour Bpifrance dans les Pays de la Loire. De fait, Bpifrance a annoncé, au début de cette année, son plan Génération Deep tech, doté de 800 millions d'euros sur cinq ans, pour accroître le soutien des autorités aux innovations de rupture. Des montants qui seront versés notamment sous la forme d'obligations convertibles, pour que les jeunes pousses puissent aborder sereinement la phase cruciale de levée de fonds - et les besoins sont souvent élevés pour établir la preuve de concept, puis réaliser les premiers tests ou les essais cliniques. Les chercheurs/entrepreneurs peuvent aussi s'appuyer sur un écosystème porteur dans la région des Pays de la Loire, composé entre autres d'Atlanpole et de la Satt Ouest valorisation mais également de l'École Centrale de Nantes, de l'Institut de Recherche Technologique (IRT) Jules Vernes et du Pôle de compétitivité EMC2.

Parcours personnel

S'il s'agit bien de repérer les meilleurs dossiers, ceux qui offrent une différenciation en matière de technologies de rupture, « la clé, c'est l'équipe », précise la déléguée régionale à la recherche et à la technologie. Et le délégué régional innovation de Bpifrance, qui participe depuis huit ans au jury régional du concours i-Lab, d'ajouter : « C'est le parcours personnel qui fait le succès ». Pour conscientiser les entrepreneurs locaux sur l'intérêt d'une participation au concours i-Lab, les lauréats des éditions passées ont été conviés à présenter leur parcours et les succès de l'entreprise qu'ils ont lancée dans le sillage du concours, à l'occasion de la célébration de ses 20 ans, qui s'est tenue à Nantes en octobre dernier. Nombreux sont les lauréats prêts à montrer la voie, tant ils sont attachés au concours i-Lab, première reconnaissance de leur recherche mais aussi de leurs ambitions entrepreneuriales.

Success stories

Et les exemples de succès émanant des Pays de la Loire abondent. A commencer par AKRYVIA, une start-up spécialisée dans le développement d'une technologie de rupture pour l'intensification des plasmas thermiques, avec la découpe des métaux pour première application. Basée à Nantes depuis 2015, elle a été fondée par Frédéric Camy-Peyret, lauréat en 2015 dans la catégorie « en émergence », puis lauréat du concours i-Lab (volet création). La technologie d'AKRYVIA permet d'atteindre des densités d'énergie trois fois supérieures à ce qui se pratique actuellement. De quoi susciter l'intérêt de nombreux industriels...

D'ailleurs, la start-up, qui vient de lancer une opération de levée de fonds, a déjà bénéficié d'un prêt d'amorçage de Bpifrance, et signé au début de cette année une convention de soutien avec Airbus Group Développement, structure de l'avionneur dévolue à l'aide aux PME et aux start-up locales. Sans oublier d'autres soutiens : ceux du pôle de compétitivité Atlanpole, d'EMC2, de Centrale Nantes, de TOTAL innovation... « Le fait d'être deux fois lauréats du concours i-Lab a réellement permis cette différenciation aux yeux des investisseurs », souligne Sophie Barrès. « Le projet a un potentiel énorme, se réjouit de son côté Patrick Baudry, et le profil de Frédéric Camy-Peyret est intéressant, puisque ce dernier a déjà eu une première carrière en R&D dans l'industrie. Il a donc une connaissance fine du marché et des besoins non-satisfaits. Venant de l'industrie, il a su poursuivre ses recherches pour parvenir à proposer des solutions de rupture commercialisables ». Autant dire que pour ces experts, ce chercheur/entrepreneur a le profil idéal... Mieux, après le succès de l'étude de preuve de concept et du dépôt de demandes de brevet, la jeune pousse est entrée en phase de développement industriel, pour une première commercialisation de sa technologie cette année.

Frédéric Camy-Peyret n'est pas le seul entrepreneur à succès de la région de Nantes... Sophie Barrès met également en avant l'aventure entrepreneuriale de Philippe Guédat, fondateur d'InFlectis BioSciences et lauréat du concours i-Lab en 2013 dans la catégorie émergence (lauréat national) et en 2014 dans la catégorie création-développement, après 15 ans d'expérience dans l'industrie pharmaceutique et les biotechs. Soutenue par Atlanpole, la jeune pousse pharmaceutique développe des solutions thérapeutiques stimulant le système de défense naturelle des cellules pour le traitement de maladies neurodégénératives, comme la maladie de Charcot-Marie-Tooth (maladie génétique des nerfs périphériques). Là encore, l'intérêt de faire passer la recherche à la phase industrielle par le biais d'une entreprise spécialisée est immense pour la société civile.

Pas étonnant dans ces conditions qu'InFlectis BioSciences ait déjà réussi à lever des fonds totalisant 13 millions d'euros ! De fait, dès 2015, la société a réuni 1,7 million d'euros avec Bpifrance, Go capital et Participation Besançon au tour de table. En juin 2016, CMC-CIC innovation, avec Remiges Ventures, sont venus les rejoindre et ont apporté 4,5 millions d'euros supplémentaires, puis en 2018, CM-CIC innovation, Remiges Ventures et Go Capital ont rajouté 4,5 millions d'euros permettant ainsi à InFlectis BioScience de finaliser la première phase des essais cliniques sur des volontaires sains ainsi que les études de toxicologies réglementaires, étapes clés nécessaires pour avancer le produit en phases cliniques chez les malades. Puis viendra, comme pour les autres entreprises issues de la recherche et épaulées par i-Lab et Bpifrance, la phase industrielle et la commercialisation, avec, nul doute, de nouveaux succès à la clé...

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