Un président exigeant mais confiant

Ludovic Le Moan, co-fondateur et dirigeant de Sigfox, préside de nouveau le jury du concours i-Lab cette année. Il souhaite en accroître la visibilité, auprès des chercheurs comme des investisseurs, tout en restant très sélectif, afin d'augmenter les chances de succès des entreprises issues de la recherche.
Ludovic Le Moan, co-fondateur et dirigeant de Sigfox.
Ludovic Le Moan, co-fondateur et dirigeant de Sigfox. (Crédits : DR)

« Comme l'an dernier, on m'a demandé d'être cette année le président du jury du concours i-Lab, preuve qu'on ne m'en veut pas ! », s'amuse Ludovic Le Moan. Car le cofondateur et directeur général de Sigfox, l'une des pépites françaises les plus connues au monde dans le domaine de l'Internet des objets, lui-même lauréat du concours en 2010, a non seulement son franc parler, mais en plus, il ne cache pas ses exigences. Sur la qualité des dossiers, d'abord, qui doivent présenter à la fois une innovation de rupture et une vision claire du marché et de la façon de l'atteindre de la part du porteur de projet. Mais plus encore sur la fonction même d'i-Lab. « C'est l'un des concours les plus fortement dotés en argent public, il s'agit donc d'utiliser le mieux possible ces fonds, pour qu'ils servent aux meilleurs, ceux qui ont le plus de chances de réussir commercialement », explique-t-il. Pourtant, malgré cette très belle dotation, le concours i-Lab n'est pas encore assez connu, pas encore assez couru à son goût. « Il faut que cela devienne un truc pour lequel les gens se battent pour être retenus ! », s'exclame-t-il.

Bien commun

Et si ce chef d'entreprise peut travailler à ce bien commun, alors il n'hésite pas. Il s'agit, avec le concours, d'aller dénicher les pépites là où elles se cachent, dans les laboratoires, par exemple, pour les transformer en entreprises à succès. « Les chercheurs n'ont pas forcément l'esprit business, mais sans business, que valent réellement leurs découvertes ? », tonne-t-il. Ludovic Le Moan mise aussi sur un effet boule de neige du concours. « En étant hyper sélectif, en mettant les meilleurs en avant, notamment auprès des investisseurs, le concours ne peut qu'aider d'autres projets, qui en sont à un stade moins avancé. Les lauréats en entraînent d'autres avec eux », détaille-t-il. Et pour tout cela, rien de tel que de travailler le fond. Pas question de se contenter d'un discours convenu sur les ambitions en matière d'entrepreneuriat, pas question de « rester dans cette frénésie de la French Tech, dit-il. Il faut vraiment aider la France à développer de belles boites ».

Le patron de Sigfox est prêt à transmettre son expérience, non seulement au sein du jury, lors des délibérations sur les dossiers, mais aussi en tant que parrain, comme il l'a fait l'an dernier avec Thierry Garret, le porteur du projet Moïz, lauréat grand prix, qui a développé un concept de récupération d'énergie (via un différentiel de température) pour la convertir en électricité, laquelle servira à alimenter des objets, le tout sans piles ni alimentation électrique. Le président du jury, qui n'a pas de voix prépondérante par rapport aux autres membres, a cependant défendu bec et ongles le dossier l'an dernier. « Si l'on doit assortir de batteries des milliards d'objets à l'avenir, on a un sacré problème environnemental, explique-t-il, j'ai donc, peut-être plus que d'autres, tout de suite perçu le potentiel de marché du concept ». Moins calé dans d'autres domaines, comme les biotech, Ludovic Le Moan se fie alors aux autres membres du jury. D'où l'intérêt d'avoir des jurés aux profils diversifiés.

Formaliser le parrainage

C'est aussi lui qui a lancé, l'an dernier, l'idée de parrainage d'un projet par un entrepreneur aguerri. Toujours aussi exigeant, il veut la raffiner cette année. En formalisant la relation, avec des objectifs à atteindre à un horizon donné, par exemple, et qui pourraient même conditionner en partie le versement progressif des fonds aux lauréats. En outre, il souhaite que tous les porteurs de projets s'engagent à être « challengés » : sur leurs idées, leur vision du marché, la façon dont ils comptent mener leur affaire, de la fabrication à la commercialisation. De même qu'ils doivent s'engager à « exploiter » les parrains le plus possible. Chacun, en somme, doit redoubler d'efforts et d'engagement personnel. Car on n'a rien sans rien. Ou, comme le dit Ludovic Le Moan avec une formule bien à lui : « Pour réussir, il faut se faire mal ! ». Autant dire qu'il encourage tous ceux qui sont, de près ou de loin, impliqués dans le concours i-Lab ou le seront à l'avenir, à se lancer dans l'effort entrepreneurial, pour développer encore plus le potentiel français en matière d'innovations. La récompense en sera d'autant plus belle que la tâche est rude.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.