Coronavirus : "personne ne se sent en sécurité chez Amazon en France"

Par AFP  |   |  482  mots
(Crédits : STRINGER)
Pas assez de gel hydroalcoolique, pas de masque FFP2, ni de gants ni de lingettes désinfectantes... Plusieurs syndicats ont dénoncé le manque de mesures sanitaires dans les sites logistiques d'Amazon en France, alors que l'activité de l'ogre du e-commerce est dopée par le confinement. Plusieurs salariés ont fait valoir leur droit de retrait depuis le début de la semaine.

Ils posent des jours de congés ou exercent leur droit de retrait : des salariés de plusieurs sites d'Amazon en France font valoir le "danger grave et imminent" auquel ils sont exposés, faute, disent-ils, de pouvoir respecter les règles de sécurité sanitaire face à l'épidémie de coronavirus.

Alors que l'activité du groupe américain de commerce électronique est soutenue par le confinement de la population française, au moins 200 salariés du site près de Douai (Nord) ont fait valoir mardi leur droit de retrait. Mercredi, environ 50% des CDI ont fait la même démarche ou étaient en débrayage à Montélimar (Drôme), selon des sources syndicales.

"Personne ne se sent en sécurité chez Amazon aujourd'hui en France", explique Jérôme Guilain, délégué Sud-Solidaires à  Lauwin-Planque, près de Douai, qui a alerté à propos d'un "danger grave et imminent" lundi. "Ils ne mettent pas les moyens nécessaires pour sécuriser les travailleurs", assure-t-il.

D'après lui, "les gens ne veulent plus venir". "Ils ont peur d'être présents sur le site" où travaillent 1.700 salariés, sans compter les centaines d'intérimaires, selon les périodes.

Entre 80 et 100 salariés du site débrayaient mercredi après-midi, selon plusieurs sources syndicales. "Les salariés demandent au minimum de travailler en sécurité et au maximum de fermer le site pendant 15 jours", écrit l'intersyndicale dans un communiqué.

Des mesures sanitaires insuffisantes

Selon les syndicats, il n'y a pas assez de gel hydroalcoolique, pas de masque FFP2, ni de gants ni de lingettes désinfectantes. Et la distance physique d'au moins un mètre n'est pas applicable partout dans le centre logistique : croisement des équipes dans les allées, proximité sur les lignes d'emballage...

"A certains endroits, impossible de garder les distances de sécurité, notamment dans les vestiaires. Ils ont rajouté une pause en plus pour qu'on ne soit pas trop nombreux en salle de pause mais les trois pauses s'enchaînent sans nettoyage des locaux", renchérit Guillaume Reynaud, secrétaire CGT d'Amazon Montélimar.

A Boves, près d'Amiens (Somme), il y a cinq suspicions de cas de Covid-19, affirment les syndicats. "Tout le monde a peur; ça tourne à la panique", affirme Sandra Holota, déléguée syndicale CGT.

Mais seuls une "dizaine de salariés" ont fait valoir leur droit de retrait ces derniers jours. "Beaucoup ne le font pas parce qu'ils ne seront pas payés". Selon Sandra Holota, "la direction a fait savoir que leur absence serait considérée comme une absence autorisée non payée. On ne sera pas sanctionné, pas licencié, mais pas payé".

Invité ce jeudi matin dans la matinale de France Inter, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a déclaré : "Ces pressions (subies par le personnel) sont inacceptables et nous le ferons savoir à Amazon."