La bataille des tablettes s'annonce féroce

Par Delphine Cuny  |   |  626  mots
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Quasiment tous les fabricants de téléphones ont présenté à Barcelone un concurrent de l'iPad. Ce marché naissant, promis à un bel essor, est déjà encombré.

Qui aura la plus belle tablette ? La plus puissante ? La plus innovante ? Et qui n'a pas sa tablette ? Pas une journée au dernier Mobile World Congress de Barcelone sans l'annonce d'un nouveau modèle dans cette catégorie qui s'impose comme l'avenir de l'informatique nomade depuis le lancement réussi de l'iPad d'Apple il y a moins d'un an. Si l'an dernier tout acteur se devait d'avoir au moins un modèle de smartphone dans son portefeuille de produits, rares sont ceux qui n'ont pas une, voire plusieurs tablettes à montrer cette année. Il faut dire que ce marché naissant est promis à des taux de croissance exponentiels. Morgan Stanley table sur 55 millions d'exemplaires vendus cette année, contre 16 millions en 2010, dans une étude parue lundi.

Des dix premiers fabricants mondiaux de téléphones, les seuls à ne pas être de la partie sont Nokia, en pleine réorganisation, et Sony Ericsson, qui devrait laisser sa maison-mère Sony investir ce créneau, où ses rivaux de l'électronique et surtout du monde de PC sont déjà engagés (Lenovo, Dell, Asus, Acer, etc). Samsung a présenté dimanche le successeur du Galaxy Tab, l'autre coréen, LG, a dévoilé la première tablette 3D, l'Optimus Pad. Le canadien RIM, le fabricant du BlackBerry, exposait pour la première fois en Europe sa PlayBook et l'américain Motorola sa Xoom. Mardi, le taïwanais HTC a montré sa Flyer. Les Chinois ne sont pas en reste, Huawei avec sa Ideos, ZTE avec la Light.

RIM, HP et Apple se distinguent

Problème : même si plusieurs formats existent (7, 9 ou 10 pouces soit 17,8, 22,9 ou 25,4 cm), « elles se ressemblent toutes » observe, blasé, un opérateur. Il est vrai que sur ces dizaines de tablettes, la quasi-totalité d'entre elles fonctionnent avec le système d'exploitation Android de Google et proposent donc les mêmes applications.

Seuls RIM, HP et Apple ont leur système propriétaire et du coup se distinguent nettement du lot. « Il n'y aura pas de place pour tout le monde », prédit cet exécutif d'un opérateur. Pas de place pour ces dizaines de tablettes dans les boutiques opérateurs et les linéaires des magasins spécialisés, ni d'espace économique non plus pour tous les acteurs.

Les boutiques des opérateurs n'ont pas vocation à proposer que des tablettes. « Nous n'avons besoin en magasin que de l'iPad, d'une bonne tablette sous Android comme la Galaxy Tab et peut-être de celle de RIM pour le marché entreprises », confie un acheteur chez un opérateur. Aujourd'hui, ce sont les smartphones qui rapportent en étant vendus avec des abonnements assez coûteux. Les opérateurs vont préférer concentrer leurs efforts commerciaux sur un ou deux modèles de tablettes. D'autant qu'ils s'orientent vers des ventes couplées tablettes + smartphones avec des forfaits complémentaires pour le surf sur tablette qui soient moins chers que les abonnements actuels (30 euros en moyenne).

Or sans subvention des opérateurs, les tablettes sont encore très chères. Celle de LG, dotée d'une caméra 3D, sera vendue « nue », sans abonnement, à 999 euros en Allemagne ! « Du suicide pour une marque qui n'est pas assez forte et un produit trop gadget », stigmatise un analyste du secteur. Le premier Galaxy Tab est encore vendu 600 euros sur le site de la Fnac. La Xoom devrait être commercialisée aux États-Unis autour de 800 dollars. On semble encore loin de la baisse des prix prédite par certains professionnels. Toutefois, pour exister au milieu de cette déferlante de tablettes sous Android, la seule option restant aux marques les moins bien installées sera de se battre sur les prix. Un mauvais présage pour les marges encore fragiles du secteur.