Zynga, la star des jeux gratuits qui valait 10 milliards de dollars

Par Delphine Cuny  |   |  515  mots
Infographie Latribune
L'éditeur de jeux pour réseaux sociaux démarre lundi sa tournée de présentation aux investisseurs. Ces derniers s'interrogent sur la solidité de son modèle.

C'est la valse des montants astronomiques. Après les 100 milliards espérés par Facebook, voici Zynga et ses 10 milliards de dollars de valorisation envisagés pour son introduction au Nasdaq courant décembre, selon Reuters. De quoi donner le vertige aux investisseurs auxquels la société californienne, du haut de ses quatre ans d'existence, va se présenter officiellement à partir de lundi. Au cours de ce « road-show », l'éditeur de jeux pour réseaux sociaux, gratuits pour l'essentiel, va devoir démontrer la solidité de son modèle, mis en cause par ses concurrents et détracteurs. Zynga espère lever 900 millions de dollars.

Malgré ses 227 millions d'utilisateurs actifs par mois et son chiffre d'affaires de 828 millions de dollars au cours des neuf premiers mois (multiplié par deux), il demeure une suspicion à l'égard du développeur de FarmVille, CityVille et MafiaWars, des jeux gratuits très populaires sur Facebook, son activité provenant de la vente de biens virtuels (via les crédits Facebook) aux utilisateurs pour développer leurs fermes, construire leurs villes, etc. Le marché mondial des biens virtuels est estimé à 6,8 milliards de dollars en 2001 par le cabinet Strategy Analytics, qui le chiffre à 12,7 milliards en 2016.

Mais aux yeux du patron de son concurrent Take-Two, Strauss Zelnick, « Zynga est une société de marketing direct, 97 % [des utilisateurs] ne leur paient rien du tout, 3 % le font. Ils perdent des utilisateurs à un rythme très rapide, en ont de nouveaux, voilà leur modèle », a-t-il récemment taclé, jugeant leurs indicateurs chiffrés « vagues, incomplets ». Dans son prospectus d'introduction, Zynga reconnaît qu'il ne compte que 6,7 millions d'utilisateurs payants, soit 3 % du total.

Inflation des coûts

Les jeux pour réseaux sociaux sont souvent joués assidûment au cours des premières semaines mais rapidement délaissés. Ce qui a conduit certains analystes à faire des parallèles entre Zynga et Groupon, du fait de l'inflation des coûts pour séduire de nouveaux « clients », et même des allusions aux chaînes de Ponzi, cet épouvantail brandi régulièrement depuis l'affaire Madoff. La marge opérationnelle de Zynga, qui dépassait 20 % l'an dernier, est tombée sous les 10 % à fin septembre.

Autre problème, sa dépendance vis-à-vis de Facebook, qui représente 93 % de son chiffre d'affaires au troisième trimestre. La société de San Francisco multiplie les déclinaisons sous forme d'applications mobiles et les acquisitions. Enfin, la croissance se tasse et les jeux de Zynga se font talonner par la concurrence sur Facebook, comme les « Sims Social » d'Electronic Arts, grimpés à la deuxième place des plus joués. Or, à 10 milliards de dollars, Zynga se paierait cher, un peu moins de 10 fois son chiffre d'affaires de l'année, contre 3 fois pour Activision Blizzard, le leader mondial du jeu vidéo, contrôlé par le français Vivendi, ou 2 fois pour Electronic Arts, le numéro deux. Pour autant, ces 10 milliards sont inférieurs aux 14 milliards de sa valeur d'actifs (fair value) mentionnée dans le prospectus ainsi qu'aux derniers cours sur les marchés secondaires (12,9 milliards actuellement sur SharesPost)...