Grosse déprime boursière pour Apple

Par Jérôme Marin, à New York  |   |  751  mots
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L'action du groupe à la pomme vient d'enchaîner une cinquième séance consécutive de baisse sur le Nasdaq, repassant nettement sous la barre des 600 dollars.

Cela faisait six mois qu'Apple n'avait pas connu une telle série négative. En chutant lourdement lundi (-4,15%), l'action du groupe à la pomme a enchaîné une cinquième séance consécutive de baisse. Encore plus impressionnant: elle a plongé de 8,5% depuis mardi dernier, alors que le Nasdaq n'a reculé que de 3% (une grande partie de ce repli étant de surcroit à mettre à l'actif d'Apple). Elle est ainsi nettement repassée sous la barre des 600 dollars, terminant à 580,13 dollars.

Il y a tout juste une semaine pourtant, l'euphorie était encore bien présente. Mardi, la firme de Cupertino avait même dépassé le seuil des 600 milliards de capitalisation boursière, une barre que seul Microsoft avait jusqu'à présent franchie (en 1999). Il n'en fallait pas plus pour relancer les discussions sur l'hypothèse qu'Apple vaille un jour plus de 1.000 milliards de dollars. Plusieurs analystes, dont l'influent Gene Munster de Piper Jaffray, le prédisent. Une semaine plus tard, la capitalisation du groupe a chuté d'environ 60 milliards de dollars.

Effet boule de neige

"Apple a besoin de respirer", explique Rick Bensignor, analyste chez Merlin Securities. Car depuis le début de l'année, l'action d'Apple n'en finissait plus de grimper, atteignant séance après séance de nouveaux plus hauts historiques. De 411 dollars le 3 janvier, elle avait en effet dépassé à un rythme déconcertant la barre des 500 dollars puis celle des 600 dollars. A 644 dollars mardi matin, elle affichait ainsi un bond de 57% depuis le début de l'année - permettant au Nasdaq de nettement surperformer les autres indices américains. Une correction n'est donc pas surprenante, d'autant plus que le groupe publiera ses résultats trimestriels la semaine prochaine.

"Après une telle progression, les investisseurs déclenchent leur vente plus rapidement si l'action commence à reculer, renchérit Shaw Wu, analyste chez Sterne Agee & Leach. On assiste un peu à un effet boule de neige". La tendance baissière pourrait se poursuivre ces prochains jours, anticipe Carter Braxton Worth d'Oppenheimer, même si le prochain seuil technique (la moyenne mobile sur 50 jours) est actuellement de 550 dollars. Reste que cette forte baisse ne peut pas seulement s'expliquer par des prises de bénéfices de certains investisseurs.

Ventes d'iPad

Deux analystes ont en effet tiré la sonnette d'alarme. Walter Piecyk, de BTIG, a dégradé sa recommandation sur le titre Apple, passant à "neutre". Une décision justifiée par son sentiment que les opérateurs téléphoniques se dirigent vers une baisse des subventions sur les terminaux mobiles, qui ont pour conséquence de peser sur leurs marges. La semaine dernière, Verizon, le premier opérateur américain, a par exemple annoncé la mise en place d'une surcharge de 30 dollars pour ses abonnés souhaitant changer de téléphone.

De leur côté, les analystes de Wadge Partners ont prévenu que les ventes de la dernière version de l'iPad commençaient à décliner, redoutant ainsi que les performances commerciales de la tablette soient plus faibles qu'espéré par les analystes. "Il existe un risque que l'action retombe sur terre", écrivent-ils. En outre, des rumeurs sur la sortie d'un potentiel mini-iPad, notamment pour répondre au Kindle Fire d'Amazon et au Nook Tablet de Barnes & Noble, font craindre un impact sur les marges.

Dividendes

Apple publiera mardi soir après la clôture de Wall Street les résultats du deuxième trimestre de son exercice décalé 2011-12. Le consensus des analystes table sur un bénéfice par action de 9,89 dollars. Cela représenterait un profit de 9,2 milliard de dollars. Le chiffre d'affaires est attendu à 36,3 milliards de dollars, en hausse de 47% par rapport à l'année passée. Les ventes du groupe ont profité du lancement de la troisième version de l'iPad qui, selon les chiffres officiels, s'est écoulée à plus de trois millions d'exemplaires au cours de son premier week-end de commercialisation.

Le mois dernier, Apple avait indiqué qu'il allait reprendre le versement d'un dividende, suspendu depuis décembre 1995. Ce dividende a été fixé à 2,65 dollars par trimestre, ce qui représente un rendement (modeste) de 1,82% par rapport au cours de clôture de ce lundi soir. Le groupe prévoit également de racheter pour 10 milliards de dollars de ses propres actions. Fin décembre, Apple disposait d'une trésorerie de 97 milliards de dollars. Selon les estimations des analystes, elle dépasserait désormais les 110 milliards de dollars. Sur les trois prochaines années, 45 milliards de dollars seront reversés aux actionnaires.