Lancement confidentiel en France de la Box «Google TV» signée Sony

Par Delphine Cuny  |   |  992  mots
La Box Internet Google TV de Sony et sa commande gyroscopique. DR.
Ce lecteur Internet, équipé du système d'exploitation Android et du navigateur Chrome de Google, débarque ce jeudi en France au prix de 200 euros, sur le site Web du constructeur japonais. Les chaînes traditionnelles et les fournisseurs d'accès à Internet voient d'un mauvais œil cette nouvelle concurrence.

Un boîtier de plus au pied de votre télévision ? C'est ce jeudi que débarque en France la « Box Internet Google TV » signée Sony, au prix de 200 euros (pour l'instant seulement sur le site de Sony.fr et dans sa boutique de l'avenue George V à Paris). « La puissance de Google sur votre TV, par Sony » promet la réclame. En fait, derrière le terme un peu trompeur de box, ce fin boîtier noir siglé Sony, qui se raccorde à votre téléviseur, quelle que soit sa marque (à l'aide d'un câble HDMI), vendu avec une télécommande ultrasophistiquée, se connecte en WiFi à la Box de votre opérateur Internet. Ce « lecteur Internet équipé de la fonction Google TV », comme l'appelle le constructeur japonais, tourne sous une version optimisée pour grand écran d'Android, (Honeycomb 3.2), le système d'exploitation pour smartphone et tablette de Google, mais n'est pas non plus équipé d'un tuner TNT et ne permet donc pas de regarder directement la télévision* sauf s'il s'agit d'un contenu venu du Web. Par exemple YouTube, le site de vidéo de Google. Ou des programmes déjà diffusés (TV de rattrapage) sur le site Web de France Télévisions Pluzz. Ou encore des films à télécharger de la plateforme Sony Entertainment Network.

La guerre entre chaînes et opérateurs contre les « over-the-top »
La « Box Internet Google TV » de Sony entre donc en concurrence directe avec l'offre de vidéo à la demande de votre fournisseur d'accès à Internet ou des chaînes payantes auxquelles vous êtes abonnés, qui voient forcément arriver ce produit avec beaucoup de défiance. On appelle d'ailleurs ce type de services, tels que Google TV ou le site de vidéos Netflix, des « Over-the-top », car ils s'installent « par dessus » votre service d'abonnement habituel (câble, ADSL, fibre). Ils restent d'ailleurs dépendants de la qualité de votre connexion à Internet. Si vous subissez des lenteurs en regardant des vidéos sur YouTube, comme s'en plaignent des abonnés Freebox, cela ne devrait pas s'améliorer avec une Google TV. Les chaînes aussi sont vent debout contre ce nouveau venu sur le petit écran. Le boîtier donne accès à la boutique virtuelle d'applications Google Play, qui compte une centaine de logiciels adaptés pour un écran de TV, donc quelques-uns spécifiques au marché français, comme France 24 ou Les Zouzous, les programmes pour enfants de France Télévisions. Mais les grandes chaînes, TF1, M6, Canal Plus, celles de la TNT, refusent que leurs émissions ou séries soient diffusées en direct ou en différé par la Google TV et ont signé une charte commune en ce sens fin 2010. Aux Etats-Unis aussi, au lancement de la première version il y a deux ans, les grands « networks » avaient bloqué l'accès à leurs programmes depuis la Google TV. « Nous n'avons pas besoin d'accords avec les chaînes puisque nous sommes une plateforme ouverte et nous donnons accès à tout le web avec notre navigateur Google Chrome, compatible avec tous les formats vidéo comme Flash et Html 5 » rétorque Christian Witt, responsable de la Google TV en Europe chez le moteur de recherche. On peut d'ailleurs naviguer ou faire des recherches sur la Google TV de Sony avec un iPhone (ou un smartphone Android bien sûr), si l'on a téléchargé l'application Media Remote de Sony.

Un boîtier séparé afin de « limiter le risque industriel » pour Sony
En France, Sony sera pour l'instant le seul à proposer sa Box Google TV (aux Etats-Unis, LG a intégré le service dans ses TV connectées, Samsung devrait suivre et Vizio vend un boîtier à 99 dollars). Le constructeur a choisi de commercialiser un boîtier séparé « car le marché des téléviseurs est extrêmement tendu, nous avons préféré limiter le risque industriel, mais nous n'excluons pas de l'intégrer dans nos TV » explique le directeur marketing et développement de Sony France, Christophe Lapacz. Le prix de 200 euros semble assez élevé pour un deuxième ou troisième boîtier TV (le site français d'Amazon annonce même 284 euros ; les sites de la Fnac et de Darty devraient prochainement aussi la proposer). Le suisse Logitech, spécialiste des souris et autres périphériques, a abandonné la fabrication de la Google TV au bout d'un an en novembre dernier après avoir essuyé un échec cuisant avec son boîtier Revue, dont il a cassé les prix de 249 à 99 dollars pour écouler les stocks. L'affaire lui a coûté plusieurs dizaines de millions de dollars. « Nous ne considérons pas que la première version de Google TV a été un échec. Nous ne cherchions pas à avoir un produit parfait, mais à l'améliorer avec le feedback des utilisateurs. Nous avons fait la même chose pour les smartphones » a plaidé Christian Witt, de Google jeudi, en présentant le nouveau produit de Sony. Le géant de l'Internet ne communique pas le nombre de Google TV écoulées à ce jour dans le monde, même si certaines estimations au vu des téléchargements d'applications dédiées l'évaluaient entre 10 et 50.000 en début d'année. Christian Witt se risque juste à dire que « les ventes ont beaucoup accéléré depuis la deuxième génération de Google TV. C'est un premier pas dans un voyage assez long... » Qui pourrait connaître de nombreux rebondissements si une nouvelle version nettement améliorée de l'Apple TV (ou iTV) venait à bousculer le marché.


* par exemple, si vous consultez le guide des programmes depuis l'application Télé7 (de Télé 7 jours), il est impossible de basculer directement sur le programme, il faut repasser par la télécommande de la télévision ou celle du décodeur TV de votre fournisseur d'accès Internet.