Les Français, des champions du SMS peu enclins à payer plus pour surfer plus vite

Par Delphine Cuny  |   |  772  mots
Copyright AFP
Selon une étude mondiale du cabinet Deloitte, nous sommes les plus friands de cet usage du téléphone portable, préféré aux appels et à l'Internet mobile. Seuls un quart des consommateurs sont prêts à payer plus pour un meilleur débit, ce qui n'est pas bon signe pour la monétisation de la 4G.

Les Français sont de plus en plus connectés... mais ils restent en retard par rapport aux habitants des grands pays occidentaux, selon l'étude* mondiale du cabinet Deloitte, State of Media Democracy, qui analyse les usages et interactions des télécoms et des contenus. Certes, les taux d'équipement progressent : 76% des Français possèdent un PC portable, contre 67% l'année passée, 55% ont un smartphone (contre 36%), 29% une tablette (contre 8%) et 11% une liseuse (vs 3%). Et 20% d'entre eux sont des « omnivores numériques » ayant au moins un PC portable, un smartphone et une tablette. Ce qui n'est pas très élevé : seuls les Japonais sont en dessous (7%), alors que l'Espagne, l'Italie et la Suède présentent un pourcentage de multi-équipement dépassant 30%. Et les intentions d'achat n'augurent pas d'un rattrapage rapide : la tablette arrive en première position avec 15% de Français n'en possédant pas envisageant de le faire dans les 12 mois, devant le smartphone (9%). « Cela ne traduit pas un désir très fort. La conjoncture entre peut-être en ligne de compte » a fait valoir Ariane Bucaille, associée chez Deloitte, responsable du secteur télécoms, médias, technologies, lors de la présentation à la presse de cette étude lundi matin. Mais l'explication ne vaut pas pour d'autres pays aussi touchés par la crise, comme l'Espagne et l'Italie.

La France est le pays où l'Internet mobile est l'usage le moins apprécié
Du côté des usages, l'envoi de SMS est le plus plébiscité, par 79% des Français, devant les appels (75%), sur un smartphone. En élargissant à l'ensemble des propriétaires de téléphones portables, les SMS et MMS restent l'usage le plus apprécié (44%), devant la voix (38%), ce qui peut paraître paradoxal à l'heure de la généralisation des forfaits incluant les appels illimités. Mais ce qui concorde avec les dernières données du régulateur français des télécoms, l'Arcep, qui révèlent une légère baisse de la consommation d'appels et une nouvelle explosion des SMS sur l'année 2012, malgré un premier recul historique au cours de l'été. Selon les experts de Deloitte, les Français sont donc « les champions du texting », juste devant les Japonais, la plupart des sondés des autres pays plaçant la voix en premier (55% en Allemagne, 49% aux Etats-Unis), la palme revenant aux Italiens (56%), confortant un bon vieux cliché. Les Sud-Coréens sont les seuls à apprécier l'Internet mobile (email, navigation, applications, etc) davantage que les autres usages. La France est le pays où le service de données est le moins apprécié des dix étudiés (18% contre 40% en Espagne, 23% aux Etats-Unis). Pas de quoi rassurer les opérateurs mobiles français qui se plaignent de la chute des prix et espèrent recréer de la valeur sur les forfaits proposant plus de « data. »

Les Français deux fois moins prêts à payer pour du débit que leurs voisins
L'arrivée de Free Mobile, avec ses forfaits illimités à prix cassés et sans téléphone, a sans doute eu un impact sur la perception de la valeur par les consommateurs, mais pourrait aussi en avoir sur l'évolution de l'équipement, sauf si Free attaque le marché subventionné, comme il l'a annoncé. Autre indicateur qui ne semble pas de bon augure au moment où les opérateurs lancent leurs offres commerciales pour leurs réseaux 4G : seuls 25% des Français se disent prêts à payer plus cher pour un Internet plus rapide (assez ou tout à fait d'accord), même si la propension est plus élevée chez les plus connectés. En comparaison, les Britanniques, les Allemands, les Italiens sont deux fois plus nombreux à accepter de payer plus pour du très haut débit. « Un quart, c'est un premier pas, qui reste cependant limité. Cela soulève de vraies interrogations sur le potentiel des opérateurs mobiles à augmenter leurs tarifs pour la 4G » relève Ariane Bucaille. La question ne précisait pas s'il s'agissait de l'accès à Internet fixe ou mobile et la réponse peut dépendre aussi, bien sûr de la qualité des réseaux (par exemple aux Etats-Unis, où la qualité est très inégale, 59% des sondés sont prêts à payer plus cher).


* L'enquête a été réalisée en ligne, fin 2012, auprès de 2.124 internautes français représentatifs en termes géographiques er économiques, sur quotas de sexe et cinq tranches d'âge. L'enquête mondiale, réalisée en partenariat avec YouGov, a porté sur environ 20.000 personnes dans 10 pays.