Rachat par Intel ou introduction en Bourse ? L'avenir de GlobalFoundries tangue entre ces deux destinées d'après le Wall Street Journal. L'entreprise est aujourd'hui détenue par Mubadala Investment, une société d'investissement appartenant au gouvernement d'Abou Dhabi. Il compte parmi ses clients Advanced Micro Devices, AMD, son ancienne maison-mère, et concurrente d'Intel.
Interrogé par l'AFP, Intel n'a pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat sur l'éventualité d'un rachat. Il avait cependant annoncé, plus tôt dans l'année, son intention d'investir plus de 20 milliards de dollars dans deux nouvelles usines en Arizona et pour renforcer la production en Occident. Son titre a en tout cas pris 0,82% dans les transactions précédant l'ouverture de Wall Street ce vendredi 16 juillet.
Polémique autour d'un autre rachat
Cette information intervient dans un contexte de polémique autour d'un autre rachat, celui du plus grand fabricant britannique de semi-conducteurs, Newport Wafer Fab, par Nexperia, société néerlandaise appartenant au groupe chinois Wingtech, annoncé le 5 juillet dernier. Le montant n'a pas été dévoilé mais la chaîne américaine CNBC croit savoir qu'il atteint 63 millions de livres.
Nexperia, qui était déjà actionnaire de Newport avant le rachat, explique que son site au Pays de Galles pourra compléter ses autres implantations à Manchester (nord de l'Angleterre) et à Hambourg en Allemagne. « Nexperia a des projets de croissance ambitieux et l'apport de Newport va aider à répondre à l'augmentation de la demande pour les semi-conducteurs », souligne Achim Kempe, responsable des opérations pour la société néerlandaise.
Les semi-conducteurs sont un domaine devenu très sensible puisque la pandémie a entraîné une pénurie mondiale de puces électroniques. Des éléments indispensables aussi bien dans les smartphones que les automobiles, consoles de jeu, ordinateurs ou encore antennes 5G qui font que nombre d'usines tournent au ralenti.
L'UE veut réduire sa dépendance envers la Chine
Cette pénurie a été révélatrice de la dépendance des pays occidentaux face aux producteurs les plus avancés de semi-conducteurs, en majorité asiatiques. Pour preuve : la production européenne de semi-conducteurs est passée de 40% il y a 20 ans aux alentours de 10% aujourd'hui. C'est pourquoi la Commission européenne souhaiterait que l'Europe puisse rouvrir des usines. « On a décidé de passer à 20% dans les 10 ans qui viennent », a ainsi déclaré le commissaire européen Thierry Breton. Soit un doublement de la capacité de production du continent d'ici 2030.
Pour y parvenir, la Commission a annoncé une "alliance" européenne réunissant tous les acteurs de la chaîne des semi-conducteurs, recherche privée et publique et industriels, en vue de mettre en place un nouveau PIIEC (projet important d'intérêt européen commun). Cet outil, déjà mis en place sur les batteries (2,9 milliards d'euros d'ici 2028) et dans le domaine de l'hydrogène, autorise sous certaines conditions des États membres alliés entre eux sur des projets transfrontières à contourner les règles de concurrence en permettant de subventionner des projets d'industrialisation dans des secteurs stratégiques.
Selon le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton, l'UE a été « trop naïve » dans son approche de certains secteurs critiques comme les puces électroniques, essentiellement produites en Asie. En conséquence, d'autres alliances stratégiques sont à l'étude, dans le domaine des lanceurs spatiaux, l'aviation à émissions nulles, ou les données du "cloud", en essayant d'encourager les technologies de rupture au passage.
Cette démarche s'inscrit dans la nouvelle stratégie industrielle de la Commission européenne, présentée en mai dernier, qui vise à aider l'Europe à réduire sa dépendance, en particulier vis-à-vis de la Chine, mais aussi du Vietnam, du Brésil ou des États-Unis.