Fibre : Free et Bouygues Telecom haussent le ton face à Orange

Par latribune.fr  |   |  539  mots
Free et Bouygues reprochent notamment à l'opérateur historique de s'être "réservé dans un premier temps l'usage de ses conduites enterrées pour déployer sa seule fibre dans les grandes villes".
Les opérateurs de Xavier Niel et de Martin Bouygues se sont inquiétés lundi auprès du gouvernement et de l'Arcep des conditions de déploiement du très haut débit fixe, les jugeant trop favorables à Orange.

Pour eux, l'exécutif doit se mobiliser en leur faveur. Les opérateurs télécoms Free et Bouygues Telecom se sont inquiétés lundi auprès du gouvernement et de l'Arcep des conditions de déploiement du très haut débit fixe, les jugeant trop favorables à Orange. Dans ce courrier consulté par l'AFP, adressé au Premier ministre, Edouard Philippe, ainsi qu'au président de l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep), Sébastien Soriano, les deux opérateurs s'inquiètent "d'une situation intenable" du fait d'une "régulation minimale" qui accorde à Orange, selon eux, "un monopole sur la quasi-totalité des prises FTTH rentables".

Dans le détail, Free et Bouygues reprochent à l'opérateur historique de s'être "réservé dans un premier temps l'usage de ses conduites enterrées pour déployer sa seule fibre dans les grandes villes", mais également à l'Etat d'avoir concédé à Orange, "au terme d'une procédure discutable, un monopole de fait pour le déploiement de 10 millions de prises sur 300 agglomérations de taille moyenne".

Des avantages qui, selon ses concurrents, permettent aujourd'hui à Orange de détenir autour de 70% du marché de la fibre grand public et pourraient entraîner demain "une concentration excessive du marché". Afin d'y remédier, Bouygues Telecom et Free demandent donc au gouvernement et au régulateur de mettre en place une régulation asymétrique à l'encontre d'Orange, de manière à rééquilibrer le marché, mais également une répartition "plus équilibrée" des zones de déploiement dans les zones moyennement denses. Du côté d'Orange, on parle en revanche d'un "tissu de contre-vérités et une tentative de réécrire l'histoire".

"C'est la lettre de gens qui n'ont pas investi"

"C'est la lettre de gens qui n'ont pas investi et se trouvent aujourd'hui en retard", a estimé un porte-parole du groupe. "Que n'ont-ils été si décidés quand l'occasion leur a été donnée de manifester leur passion pour l'investissement!", ajoute-t-il. Sollicitée par l'AFP, l'Arcep s'est refusée à tout commentaire. Ce courrier, révélé par Les Echos, intervient alors que le régulateur finalise ses propositions concernant la régulation sur le fixe, tant pour les particuliers que pour les entreprises, propositions qui concerneront les trois prochaines années.

Pour l'opérateur historique, il s'agit d'une "tentative de pression sur l'Arcep qui n'est pas en train d'aller aussi loin dans la régulation que ces concurrents le voudraient, ce qui sera un échec de leur lobbying". En début d'année, l'Arcep avait annoncé envisager durcir la régulation à l'encontre de l'opérateur historique afin d'encourager la concurrence, tout en reconnaissant "l'effort d'investissement porté par Orange". Mais ses concurrents craignent désormais que le régulateur se montre nettement plus conciliant avec le leader du marché.

La France est lancée dans un vaste plan de couverture totale du territoire en très haut débit fixe et mobile, via le déploiement d'un réseau 4G par les quatre opérateurs, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, et d'un réseau fibre très haut débit, avec investissements privés et publics, selon les zones de densité, avec un objectif de couverture totale d'ici 2022.

(avec AFP)