Davos : la Chine appelle les pays développés à partager les technologies d'IA avec le reste du monde

Par latribune.fr  |   |  753  mots
« L'IA doit être inclusive et bénéfique pour tous, et pas uniquement pour un petit groupe de personnes », a fait savoir Li Qiang. (Crédits : POOL)
Lors d'un discours au forum économique de Davos, le Premier ministre chinois Li Qiang a appelé les pays disposant de technologies d'intelligence artificielle à les partager avec ceux ayant du retard. Dans le même temps, le représentant de Pékin a dénoncé les « nouvelles mesures discriminatoires pour le commerce et l'investissement » mises en place notamment par les Etats-Unis.

« L'IA doit être dirigée dans une direction qui bénéficie au progrès de l'Humanité et il doit donc y avoir des lignes rouges qui ne doivent pas être franchies et que tout le monde doit respecter », a déclaré ce mardi Li Qiang, le Premier ministre chinois, dans un discours prononcé lors du Forum économique de Davos.

Li Qiang est le plus haut responsable chinois à participer à la réunion annuelle du Forum économique mondial dans la station des Alpes suisses depuis le président Xi Jinping en 2017. Et son discours porté sur l'IA n'a pas été présenté par hasard. Les avancées de l'intelligence artificielle dite générative, mises en lumière pour le grand public par ChatGPT, sont au cœur de nombreuses discussions sous la neige de Davos.

« L'IA doit être inclusive et bénéfique pour tous, et pas uniquement pour un petit groupe de personnes », a-t-il alors fait valoir, assurant que la Chine « souhaite développer la communication et la coopération avec toutes les parties pour améliorer les mécanismes de gouvernance de l'IA ». Avant d'ajouter : « Les intérêts des pays en développement doivent être priorisés pour réduire la fracture technologique avec les pays développés ».

La Chine a déjà commencé à investir dans l'IA. Les géants du pays Alibaba et Baidu ont annoncé avoir développé leurs propres concurrents nationaux du robot conversationnel de l'américain OpenAI. Mais jusqu'ici, ces derniers n'ont pas fait beaucoup de bruit.

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Course à l'IA

La Chine n'est cependant pas le seul pays à aborder le sujet de la concurrence dans l'IA. La présidente de la Commission européenne Ursula van der Leyen a notamment prévenu que l'UE devait « redoubler d'efforts » pour ne pas se laisser distancer dans cette course :

« Les premiers arrivés seront les premiers servis et la course a déjà démarré: notre compétitivité future dépend de l'intégration de l'IA dans nos activités quotidiennes. »

Le patron de Microsoft Satya Nadella, également présent en Suisse, a de son côté défendu son partenariat avec OpenAI, où son investissement d'environ 13 milliards de dollars depuis 2019 est dans le viseur des régulateurs européens. « Les partenariats sont une voie pour avoir de la concurrence », a-t-il affirmé lors d'un événement organisé par Bloomberg en marge de la réunion de Davos, mettant en avant le « grand risque » pris par Microsoft.

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Pékin dénonce les barrières commerciales

Le Premier ministre chinois a également dénoncé les « nouvelles mesures discriminatoires pour le commerce et l'investissement » alors que « tous les obstacles ou disruptions peuvent ralentir ou bloquer des flux vitaux pour l'économie mondiale ».

Il a notamment évoqué les technologies, y compris celles liées à l'environnement, suggérant que le monde « renforce la coopération dans le développement vert ».« Certaines technologies ou produits verts et bas-carbone qualitatifs et très efficaces ne peuvent pas circuler librement », a-t-il dénoncé, appelant à « retirer les barrières » et à « travailler ensemble ». « Il est crucial » de « défendre fermement le système commercial multilatéral », a-t-il lancé.

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Il n'a pas nommé de pays en particulier, mais le commerce a été un sujet de contentieux pour Pékin avec les États-Unis et l'Union européenne ces dernières années. Récemment, Washington a encore mis des freins aux exportations de puces essentielles pour la technologie en plein essor de l'intelligence artificielle, tandis que Bruxelles a ouvert une enquête sur les subventions chinoises aux véhicules électriques.

De leur côté, les autorités chinoises ont annoncé le 12 janvier avoir lancé une enquête antidumping sur les eaux-de-vie de vin, comme le cognac, importées de l'Union européenne (UE). Une telle enquête pourrait avoir des conséquences sur les producteurs européens exportateurs. En 2022, la Chine a importé plus d'eau-de-vie de vin que tout autre spiritueux, indique un rapport du cabinet Daxue Consulting, et la plupart des importations venaient de France. Parmi ces eaux-de-vie de vin produites dans l'UE figurent notamment le cognac et l'armagnac, tous les deux produits sur le sol français. De quoi dégrader encore davantage les relations avec l'occident.

(Avec AFP)