Brigad lève 6 millions d'euros pour ubériser l'hôtellerie et la restauration

Par François Manens  |   |  677  mots
Brigad met en relation des micro-entrepreneurs et des entreprises de la restauration et de l'hôtellerie. (Crédits : Brigad)
La plateforme de mise en relation entre micro-entrepreneurs, et entreprises de restauration et d'hôtellerie lève 6 millions d'euros pour s'installer dans de nouvelles villes françaises et une ville espagnole.

Encore une fois, le modèle de plateforme popularisé par Uber transforme l'emploi sur un marché. Dans le cas de Brigad, il s'agit de la restauration et de l'hôtellerie. La jeune pousse annonce ce mardi une levée de fonds de 6 millions d'euros en série B, menée par Serena, accompagné par Leap Ventures et le business angel spécialiste des plateforme Jérôme Caille. Déjà présente à Paris depuis 2017, mais aussi à Lyon et à Londres, la jeune pousse a ouvert des bureaux à Lille et à Bordeaux le mois dernier. Grâce à cette levée de fonds, elle compte aussi étendre sa présence à Marseille, Nantes et Strasbourg, puis en Espagne.

Des micro-entrepreneurs en position de force

Lauréate du concours UberPITCH en 2016, Brigad suit les pas de la célèbre plateforme. Le principe est connu : la startup met en relation des entreprises de restauration et d'hôtellerie (plus de 1.000) qui ont des besoins en main-d'oeuvre de dernière minute avec des travailleurs qualifiés inscrits sur sa plateforme (environ 4.000). « Ce sont des indépendants, qui sont payés en facture, et non en extra (contrat ponctuel commun en restauration, ndlr) », clarifie Florent Malbranche, cofondateur de Brigad. « L'extra, qui est une forme de contrat de CDD, est difficilement automatisable, et puis ne s'applique qu'à la restauration alors qu'on couvre aussi l'hôtellerie », justifie-t-il. L'entreprise prend en charge la partie administrative et fixe le prix de la facture grâce à un logiciel maison. Plus la demande est effectuée tard, plus le prix sera élevé.

Contrairement à la plupart des plateformes qui font appel à des micro-entrepreneurs, la jeune pousse se positionne sur un marché où les offres d'emploi sont plus nombreuses que les demandes. D'après les chiffres de la Dares, plus de 10.000 emplois en hébergement et restauration étaient vacants au troisième trimestre 2018. Résultat, la startup a longtemps manqué de travailleurs pour répondre à son offre. « Si nos indépendants voulaient trouver un contrat stable, ils le pourraient. Mais ils préfèrent profiter des avantages du travail indépendant », avance le cofondateur.

Conséquence du jeu de l'offre et de la demande, le prix moyen de l'heure de travail commandée sur la plateforme a augmenté de 15 euros à 17,90 euros depuis son lancement en décembre 2016. Brigad prend ensuite 25% de commission, puis les micro-entrepreneurs doivent payer leurs cotisations.

À la conquête de la France

« On croit au modèle de plateforme mais il y a des limites à poser », argue Florent Malbranche. En fonction de leur activité sur la plateforme, Brigad offre aux micro-entrepreneurs un certain nombre d'avantages : elle paie une partie ou l'intégralité d'une mutuelle de santé, dispose d'accords pour se porter garant sur les demandes de logements ou de prêts bancaires. « Surtout, on leur propose des formations gratuites. Les thèmes vont de comment mieux cuire son poisson à comment mieux gérer sa micro-entreprise », met en avant le CEO. Ces formations améliorent l'attractivité du profil des travailleurs sur la plateforme, mais aussi agrandissent le champ de compétences que Brigad peut proposer aux clients.

« Enfin un fond français qui rentre au capital ! » s'exclame à propos de Serena, qui mène cette seconde levée, de 6 millions d'euros. « En plus ils sont particulièrement bons sur les plateformes », ajoute-t-il, enthousiaste. La startup avait levé 2,2 millions en série A en 2017. Avec ce nouveau tour de table, la jeune pousse compte recruter 50 employés en plus des 67 actuels pour consolider son offre sur les villes existantes (Paris, Lyon, Bordeaux, Lille et Londres), et s'installer à Marseille, Nantes, Strasbourg, puis à terme en Espagne. Une partie des fonds sera allouée à la recherche informatique. « Nous avons de nombreux cas particuliers à intégrer pour améliorer l'automatisation de la plateforme. Et nous aimerions devenir plus précis dans nos prédictions sur l'offre et la demande », se projette le cofondateur.

Il espère transformer la petite équipe de recherche actuelle en un véritable pôle installé à Lille. Mieux, il envisage déjà de « devenir une référence de la recherche pour les plateformes. »