Internet pèse autant que l'énergie dans l'économie en France

Par Sandrine Cassini  |   |  552  mots
Copyright Reuters
La filière contribue à 3,7% au PIB de la France en 2010. En quinze ans, la Toile y a créé 700.000 emplois.

Que représente Internet dans l'économie française ? Pour la première fois, une étude a cherché à mesurer le poids de la Toile, jusque-là noyé dans l'ensemble de l'activité économique. Agé d'une quinzaine d'années à peine, Internet contribue désormais autant que des secteurs régaliens de l'économie française tels que l'énergie, les transports, ou l'agriculture. "En 2009, Internet a apporté 60 milliards d'euros, soit 3,2% du produit intérieur brut (PIB). Pour 2010, ce chiffre est estimé à 72 milliards d'euros (3,7% du PIB)", indique Eric Hazan, directeur associé de McKinsey.

Rédigée par le cabinet de conseil, l'étude, présentée ce mercredi par le ministre de l'Industrie et du numérique, Eric Besson, a été cofinancée par Google, qui a commandité des études similaires à l'étranger, au Royaume-Uni notamment. Dans la filière, McKinsey inclut l'ensemble des sites Internet (e-commerce, sites de contenus...) qu'ils tirent leur activité uniquement du Net ou qu'ils émanent de magasins existants (Voyages-sncf.fr, Laredoute.fr), les fabricants de matériels pour le Net (ordinateurs, smartphones, routeurs), les services informatiques et les télécommunications. De chaque entité a été soustraite toute activité n'ayant pas de lien avec le Web (exemple, les équipements voix vendus aux opérateurs télécoms).

Coup de pouce

Aux 60 milliards d'euros de 2009, McKinsey ajoute 28 milliards d'euros de contribution indirecte, issue des dépenses faites dans des réseaux physiques, après des recherches effectuées sur la Toile. "En 2010, Internet a représenté en tout 1,15 million d'emplois ", estime Jacques Bughin, directeur chez McKinsey à Bruxelles. Sur quinze ans, Internet a engendré la création de 700.000 emplois nets (les réallocations d'emplois du secteur traditionnel vers la Toile ont été réduites), "soit un quart des créations d'emplois en France".

Et la Toile a pesé un quart de la croissance en 2010. A un rythme de 14% par an, la contribution de l'Internet devrait atteindre 5,5% du PIB en 2015, soit 129 milliards d'euros. 450.000 emplois directs et indirects pourraient être créés. Pour que ce chiffre monte à 160 milliards d'euros, les auteurs de l'étude appellent les pouvoirs publics à donner un vigoureux coup de pouce au secteur. Au rang des pistes suggérées, la commande publique, le financement de la recherche, l'incitation au financement privé...

En attendant, c'est essentiellement la consommation qui, avec 25 milliards d'euros en 2009, génère l'essentiel de la filière. "Le panier moyen s'établissait en 2009 à 1.000 euros par acheteur et par an, contre 1.900 euros en Angleterre", note l'étude. Les investissements privés et publics, eux, représentent 25 milliards d'euros.

Rentabilité

Autre conclusion, les entreprises qui ont investi dans les technologies (création de sites Web, Intranet...) ont crû plus vite que les autres, et ont plus exporté. "Un euro dépensé a généré 2 euros de marge opérationnelle", a indiqué Jacques Bughin. L'investissement dans la publicité en ligne est même plus rentable, puisqu'un 1 euro dégage 2,5 euros de bénéfice. Et le consommateur s'y retrouve. Il valorise les services gratuits (financés par la publicité en réalité) à 7 milliards d'euros (18 euros par internaute et par mois). Et estime avoir économisé "2,5 milliards d'euros en 2009" sur les sites d'"e-commerce". Ces chiffres sont à relativiser dans la mesure où ils ne comprennent pas les frais fixes déboursés pour l'accès Internet et la téléphonie mobile.