Pandora, la boîte à musique qui vaut 2,6 milliards

Par Sandrine Cassini  |   |  513  mots
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La radio sur Internet américaine va entrer en Bourse ce mercredi sur la base d'une valorisation de 2,6 milliards de dollars. Elle n'a jamais gagné d'argent, mais affiche une croissance très forte.

Dans la musique, quand certains peinent à trouver le bon accord, d'autres ont trouvé la ritournelle qui plaît aux investisseurs. En témoigne l'introduction en Bourse de Pandora sur les marchés américains qui aura lieu ce mercredi. Pour répondre à la demande d'investisseurs gourmands, la radio Internet américaine a accru vendredi sa fourchette de prix de 10 à 12 dollars, contre 7 à 9 dollars initialement. Finalement, mardi soir, c'est à 16 dollars que les actions se sont vendues mardi soir. Pandora a ainsi levé 235 millions de dollars, et sera valorisée 2,6 milliards de dollars pour son entrée sur le Nyse.

Une web radio vivant de la publicité

Née en 2000, Pandora est une radio accessible (uniquement aux États-Unis) en streaming sur Internet ou sur mobile et qui propose à ses auditeurs de créer leur station de radio personnalisée. L'originalité : Pandora a développé un outil d'analyse des goûts de l'auditeur, qui lui permet de faire des suggestions des chansons écoutées. La radio revendique 90 millions d'auditeurs outre-Atlantique et une part de marché de 50 % de l'écoute radio sur Internet. Pandora, en concurrence avec des services comme Last Fm ou iTunes, pioche dans une bibliothèque de 800.000 chansons et de 80.000 artistes. En mai, elle a étendu son offre à la comédie, donnant accès aux performances de 700 artistes. Sur le mobile, 50 millions d'applications ont été téléchargées par les internautes depuis 2008.

Pandora reverse la moitié de ses recettes aux ayants-droit

Alors que d'autres plates-formes d'écoute de musique comme Deezer ou Spotify tentent d'accroître la partie payante de l'offre, Pandora vit essentiellement de la publicité. Sur l'exercice 2010-2011 (clos fin janvier), son chiffre d'affaires a cru de 80 % à 137,7 millions de dollars, dont 86 % issus des annonceurs. L'année 2011 se présente sous les meilleures auspices, puis que le premier trimestre (février-avril) affiche déjà une hausse de 136 % sur un an, à 51 millions de dollars. Pour toucher un maximum d'internautes, la radio a conclu des accords avec des constructeurs automobiles, comme Ford, Mercedes-Benz, General Motors, Hyundai ou Toyota. Mais ces contrats ne donnent pas lieu à contrepartie fiancière.

L'enjeur : baisser les taux de reversements aux maisons de disques

Revers de la médaille, Pandora n'a jamais gagné d'argent. En une décennie, elle a accumulé 92 millions de dollars de pertes. Principal problème : les reversements aux ayants-droit (calculés en fonction des contrats, soit sur le chiffre d'affaires, soit sur le nombre de sessions) augmentent aussi vite que le nombre de chansons écoutées par les internautes. Sur le dernier exercice (clos fin janvier), Pandora a reversé 70 millions de dollars aux maisons de disques, soit la moitié de son chiffre d'affaires. Une amélioration par rapport aux deux années précédentes (59 % en 2009 et 81 % en 2008). Il y a deux ans, la société, qui s'est alliée à des concurrents du Net, a réussi à faire baisser les taux de reversement. Mais l'accord en cours n'est valable que jusqu'en 2015. Après, c'est l'inconue, comme le précise le document d'introduction. Qui prévient, au chapitre « Risques », qu'il est possible que Pandora ne gagne jamais d'argent.