Hadopi : plus d'un demi million d'internautes avertis par mail

Par Sandrine Cassini  |   |  427  mots
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La Haute autorité contre le piratage des œuvres fête sa première année d'activité. Pour le moment, aucun internaute n'a vu sa ligne d'abonnement à Internet coupée.

La lutte contre le piratage des œuvres avance. C'est le message qu'a voulu délivrer Marie-Françoise Marais, présidente de la Haute autorité contre le piratage des œuvres (Hadopi). En un peu moins d'un an d'activité, 650.000 premiers mails d'avertissement ont été envoyés aux internautes. Des mises en garde visiblement suffisantes puisque 44.000 seulement ont reçu un second avertissement et une lettre, après de nouvelles infractions. Reste que ces avertissements sont une goutte d'eau, au regard des 18,4 millions d'infractions constatées par l'Autorité en juin de cette année. Actuellement, l'Autorité envoie 4.000 mails par jour aux internautes, en dessous de son objectif de 10.000 mails quotidiens qu'elle s'était fixée pour la mi-2011.

Une soixantaine de dossiers seulement font l'objet d'une instruction par la Hadopi, qui pourrait envisager un renvoi au tribunal. Mais ce nombre est amené à augmenter. Les sanctions les plus graves portent sur des amendes de 1.500 euros et sur un mois de suspension des abonnements à Internet.

Si les avertissements de l'Hadopi semblent faire effet sur les comportement, impossible de savoir si le téléchargement illégal ralentit ou pas, ni s'il a un réel effet sur les ventes de musique numérique. Le rapport de l'autorité prévient qu'il faut prendre "les résultats avec précaution" tout en assurant que de plus en plus d'internautes se tournent vers des offres légales. De fait, l'arrivée du dispositif s'est conjugué avec la percée des plateformes de musiques, comme Deezer ou Spotify, tandis qu'iTunes poursuit sur sa lancée. Sans compenser la chute du disque, le chiffre d'affaires de la musique numérique a augmenté de 23% au premier semestre à 53 millions d'euros, selon le SNEP, qui représente les producteurs.

Pour l'avenir, Marie-Françoise Marais s'est dite "confiante", donnant "rendez-vous en 2012". Une façon de répondre aux critiques du parti socialiste. Le programme du PS prévoit en effet une abrogation de cette "loi répressive", même si jusque là la Haute autorité a tenu à montrer qu'elle essayait de faire preuve de pédagogie. C'est la raison pour laquelle aucune plainte n'a été déposée devant le tribunal. Si le candidat Arnaud Montebourg ne s'est pas ouvertement déclaré défavorable à l'Hadopi, prônant la nécessité de financer les artistes, Manuel Valls, autre candidat à la primaire, a indiqué, à la Tribune ce jeudi, qu'il s'agissait d'un dispositif "perdant perdant et inefficace, qui favorisait les distributeurs, pas les artistes". Tous deux, ainsi qu'une partie de l'UMP, suggèrent une taxation des fournisseurs d'accès Internet pour financer les oeuvres.