Le Conseil national du numérique démissionne (presque) en bloc

Par Sandrine Cassini  |   |  521  mots
Fleur Pellerin Copyright Reuters
Après le parachutage de Jean-Baptiste Soufron au poste de secrétaire général du CNN, ses membres ont «remis leur mandat au gouvernement». Une façon polie de se retirer. Seul l'ex-président Gilles Babinet a tenu à rester.

Fleur Pellerin voulait-elle se débarrasser de l'héritage de Nicolas Sarkozy? Quel qu'en ait été l'objectif originel, le résultat est visiblement au dessus de toute attente. Il aura fallu un petit communiqué d'apparence anodin - l'annonce de la nomination du nouveau secrétaire général du conseil national du numérique (CNN) - pour faire démissionner la quasi-totalité du Conseil créé il y a un peu plus d'un an par l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy.

Ne pas injurier l'avenir

Jeudi soir, après l'annonce du parachutage de Jean-Baptiste Soufron, ex-conseiller de Fleur Pellerin,au CNN en remplacement de Benoit Tabaka parti chez Google, l'ensemble des membres du collège ont «décidé de remettre leur mandat à la disposition du président de la république et du gouvernement». Visiblement soucieux de ne pas jeter de l'huile sur le feu, encore moins d'injurier l'avenir, le Conseil n'a pas voulu employer le mot «démission».... à l'exception de Marie-Laure Sauty de Chalon (Auféminin), qui a reconnu sur Twitter (en anglais et sans langue de bois) que "les membres du CNN démissionnaient tous ensemble". Un certain nombre d'entre eux pourrait être repris lors d'une nouvelle configuration. C'est en tout cas ce qu'on laissait entendre jeudi soir au sein du ministère, reconnaissant que cette «remise de mandat» en bloc facilitait la nouvelle mission de Jean-Baptiste Soufron. «Il est plus facile de reconfigurer le CNN s'il n'y a plus les membres actuels». Dans la journée, les membres du collège avaient été stupéfaits d'apprendre par voie de communiqué qu'on leur imposait leur secrétaire général. De fait, selon le règlement intérieur du CNN que la Tribune s'est procuré, ce choix appartenait au président et à ses vice-présidents. 

Gilles Babinet contre "une décision aussi extrême sans même une conversation avec Fleur Pellerin"

Un seul a tenu a conserver son mandat: l'ex-président du CNN Gilles Babinet. Officiellement, en raison de sa « mission de «digital champion» auprès de la commission européenne (qui) doit être préservée dans l'intérêt du numérique», indique le communiqué. Fleur Pellerin l'a en effet désigné pour représenter la voix de la France en Europe, dans le cadre de l'action menée par Neelie Kroes. En réalité, les deux missions ne semblent pas liées. A aucun moment, le communiqué de presse annonçant cette nomination ne fait état de cette qualité pour s'exprimer au nom de la France, mettant plutôt en avant l'expérience d'entrepreneur de Gilles Babinet. Ce dernier avait très déçu en avril dernier de ne pas avoir été réélu président du CNN. Mais le résultat du scrutin du collège présenté comme démocratique - où il avait obtenu 5 voix, contre 8 pour Patrick Bertrand, selon nos informations - avait été sans appel. "Je n'ai pas démissionné car il me semblait tout à fait anormal de prendre une décision aussi extrême sans même une conversation avec Fleur Pellerin", indique à la Tribune, Gilles Babinet.