Les sites de e-commerce se battent pour recruter les meilleurs "data miners"

Par latribune.fr (source AFP)  |   |  506  mots
Copyright Reuters
Les sites de commerce en ligne s'arrachent les mathématiciens surdiplômés, "data miners" ou "fouilleurs de données", capables de proposer des modèles qui permettent de définir précisément le profil des utilisateurs internet. Objectif : mettre en place des publicités très ciblées pour doper les ventes.

Les "data miners" ne connaissent pas la crise. Ces "fouilleurs de données", mathématiciens hors pairs, qui savent traduire données informatiques en profils d'acheteurs sont très demandés par les commerçants. Docteurs en mathématiques, normaliens ou encore diplômés des mines : les plus grands sites de vente en ligne s'arrachent ces têtes bien faites, seules capables de proposer un modèle permettant des campagnes de publicités très ciblées.

"Je suis un pur matheux", explique David Bessis, un chercheur de 40 ans. Spécialités: "l'algèbre, la géométrie et la topologie". Après une dizaine d'années de recherche fondamentale à l'université de Yale et au CNRS, ce normalien s'est lancé en affaires. Il a cofondé TinyClues, une start-up qui "cherche de petits indices dans de grandes masses de données", pour de grands noms du commerce en ligne.

Analyse des données en détail pour établir un profil précis

Parmi des milliers de paramètres, l'ordinateur trouve des corrélations entre hébergeurs e-mail (@yahoo.fr, @gmail.com), pseudonymes utilisés en lignes, et achats. Un prénom est également une donnée importante qui peut donner un indicateur assez fiable d'âge et de milieu social. Les comportements en ligne sont également analysés dans les détails, quelques secondes passées sur une page peuvent être enregistrées et décortiquées par les sites employant des "data miners".

Avec l'essor du commerce en ligne, ce métier devient stratégique. Les sites "qui déploient les meilleures pratiques en matière de connaissance du client affichent des taux de croissance annuels moyens significativement supérieurs", note Eric Hazan, directeur associé de McKinsey.

Des salaires culminant à 250.000, voir 500.000 euros par an

Mais les "data-miners" ne courent pas les rues. CDiscount recrute des statisticiens. Priceminister aussi, pour sa base de données cumulant 15 millions de clients, près d'un Français sur quatre. Trouver la perle rare,"ce n'est pas évident", confie à l'AFP Pierre Kosciusko-Morizet, son patron et fondateur. "Il faut vraiment aimer les chiffres et les maths". Le profil idéal, c'est "un ingénieur intéressé par le business. C'est exceptionnel", ajoute-t-il, estimant la France pas si mal placée grâce à ses formations en maths fondamentales.

C'est pourquoi le marché est "très tendu, il y a clairement un déficit d'offre", confirme Stéphane Treppoz, patron de Sarenza. Par conséquent, les salaires sur le marché montent "très facilement", de 40.000 à 100.000 euros bruts annuels, selon les patrons de Sarenza et de Criteo. Ils culminent à 250.000 voire 500.000 euros pour un "data scientist", un expert recruté par l'une des dix entreprises les plus en pointe dans le monde, selon David Bessis. A l'e-commerce, les chercheurs et mathématiciens préfèrent souvent l'assurance ou la finance, "qui offre des problèmes théoriques assez complexes", ou encore la santé publique, aussi consommatrice de données, explique Stéphane Tufféry, professeur à l'ENSAI et à Rennes-I, dont "100% des élèves trouvent un travail rapidement".