Start-up : la "Tech City" de Londres cajole les investisseurs

Par Tristan de Bourbon, à Londres  |   |  587  mots
En juin 2012, le Premier ministre britannique, David Cameron, se disait prêt à « dérouler le tapis rouge » aux entreprises fuyant l’impôt en France. / DR
Depuis les Jeux olympiques de 2012, Londres se vante d’être le centre européen des start-up. Pourtant, concrètement, rien ou presque n’est fait pour aider les jeunes entrepreneurs… à part cajoler leurs investisseurs.

« Un dimanche, de passage à Paris, j'ai discuté avec un de mes clients de la possibilité d'ouvrir ma propre société à Londres, se souvient Clémence de Crécy, 34 ans. Quarante- huit heures plus tard, j'avais déposé les statuts de Clémentine Communications, en une semaine j'avais un site Internet, en quinze jours ma première employée et en trois semaines des locaux. »

Un processus éclair qui allait contraster avec sa future expérience française : huit mois pour obtenir un numéro de TVA (quatre semaines en Angleterre), une demande de paiement du fisc au bout de trois semaines alors que le premier versement s'effectue outre-Manche neuf mois après la fin de la première année comptable, et la nécessité d'employer un comptable en raison de la complexité des requêtes de l'administration.

Simplicité administrative

La simplicité administrative outre-Manche n'explique pourtant pas, à elle seule, la renommée relativement récente de Londres en termes d'attractivité pour les start-up. Tout est en fait parti d'une déclaration de David Cameron.

« Les fondateurs de Google ont dit qu'ils n'auraient jamais pu lancer leur société en Grande-Bretagne, avait déclaré le Premier ministre en novembre 2010. Nous voulons changer cela afin que, si vous avez une bonne idée commerciale et que vous réunissez des investissements importants, vous soyez les bienvenus dans ce pays pour y lancer votre affaire. »

Le coup de projecteur médiatique donné à Londres par l'organisation des JO et les communicants du Premier ministre ont fait le reste. Ils ont en effet mis en avant le succès d'un quartier de start-up technologiques non loin de la City, après l'avoir intelligemment baptisé « Tech City ».

Un environnement qui a ses avantages

Cette récupération a bien fait sourire les start-up qui y étaient installées depuis quelques années. Mais Matthew Evans, cofondateur en 2009 du Hoxton Mix, une société de location d'espaces de travail, reconnaît les avantages de cet environnement :

« Les jeunes entrepreneurs sont ici basés à proximité de milliers de professionnels à l'activité proche de la leur, ce qui leur permet de se faire des réseaux, au final d'accélérer le développement de leur affaire. »

Matthew Evans organise aussi des événements, une mine pour des créateurs de start-up souvent isolés, mais aussi pour les investisseurs, qui se voient faciliter l'accès à des projets à leur stade initial.

« Cette concentration dans un mile carré de tant d'entrepreneurs décidés à partager leurs idées, leurs soucis et leurs investisseurs me fait penser à la Silicon Valley », assure ainsi Adam Valkin, partenaire chez Accel Partners, l'un des plus gros fonds de capital-risque mondiaux avec 8,8 milliards de dollars d'actifs. « Londres dispose d'un réel avantage, aussi bien grâce à la pratique de l'anglais que par la législation développée par les autorités en matière d'investissement. »

Ce qui attire ici : le "travail à petit prix"

Les investisseurs se voient offrir des réductions et parfois des exemptions d'impôts, ainsi que l'attribution rapide d'un visa commercial. Pour les entrepreneurs, en revanche, il n'existe ni avantages en termes d'imposition, ni subvention publique pour les jeunes entreprises, politique d'austérité extrême oblige.

Comme l'expliquait Clémence de Crécy, c'est plus l'absence de contraintes qui attire les fondateurs de start-up, contents de profiter d'un marché du travail ultraflexible et guère protecteur des salariés : le coût du travail y est peu élevé et il leur est possible de s'adapter rapidement à une croissance rapide d'activité.