Pourquoi Spotify déclare la guerre à Apple en Europe

Par François Manens  |   |  625  mots
Spotify révèle au grand jour son conflit avec Apple. (Crédits : Christian Hartmann)
Spotify a porté plainte contre Apple auprès de la Commission européenne, ce mercredi 13 mars. La startup suédoise dénonce les pratiques de la marque à la pomme sur l'App Store, qui selon elle rendent déloyale sa concurrence avec Apple Music.

30% de taxe sur les transactions payantes, blocage des offres promotionnelles, refus de mises à jours, Spotify ne cesse de rencontrer des problèmes sur l'App Store. Son fondateur, Daniel Ek, a donc décider d'amener l'affaire en justice et s'est expliqué dans un billet de blog : "après un examen attentif, Spotify a constitué un dossier de plainte contre Apple auprès de la Commission européenne, l'organe responsable du maintien de la compétition juste et non discriminatoire".

Au cœur de la plainte de Spotify se trouve le fonctionnement de l'App Store. Apple n'offre qu'un seul moyen de paiement sur son application. Si les développeurs d'applications veulent l'utiliser, ils n'ont pas d'autres choix et doivent s'acquitter d'une taxe de 30% sur les transactions. Pour Spotify, cela revient à proposer son offre à 12,99 euros par mois, au lieu de 9,99 euros par mois, pour ne pas perdre de marge. Problème : son concurrent Apple Music n'est pas soumis aux même restrictions, et propose son offre à 9,99 euros par mois sur le store.

"Apple est à la fois propriétaire de système d'exploitation iOS, de l'App Store et c'est aussi un concurrent à Spotify. En théorie, ce n'est pas gênant. Mais dans le cas d'Apple, ils continuent à se donner un avantage déloyal à chaque occasion", dénonce Daniel Ek, le fondateur de Spotify, dans un billet de blog.

Cerise sur le gâteau, toutes les applications ne sont pas soumises à ces frais sur les transactions. Par exemple, Uber et Deliveroo y échappent.

Spotify n'est pas seul contre l'App Store

Lancé en 2008 sur l'App Store, Spotify a d'abord refusé le système de paiement, annoncé en 2011. En 2014, la startup suédoise le met à l'essai, mais se rétracte en 2016. Depuis, il est impossible de souscrire à un abonnement Spotify premium directement depuis l'application iOS. Cependant, rien n'empêche les utilisateurs de Spotify de prendre l'abonnement à 9,99 euros depuis un appareil autre qu'un iPhone et de se connecter à leur compte premium sur l'application. Mais le géant du streaming musical accuse Apple de l'empêcher de faire la promotion de ses offres (3 mois à 0,99 euros par mois, un mois gratuit) ou de renvoyer à d'autres moyens de paiement.

Netflix et Fortnite ont également dénoncé les pratiques d'Apple, et se sont également retirés du système de paiement de l'App Store, jugeant qu'ils avaient une taille assez importante pour s'en passer. Si Spotify porte plainte seul aujourd'hui, le jugement de l'affaire pourrait ouvrir la voix à d'autres.

Un site dédié aux griefs contre Apple

Spotify a acquis deux studios de podcast en février, dont Gimlet Media. Mais lorsqu'il a voulu utiliser les API de recommandation d'Apple pour promouvoir les podcasts auprès des utilisateurs, la firme de Cupertino les a bloquées. Cette goutte supplémentaire fait déborder un vase bien rempli par dix années de conflits avec Apple. Par le biais d'un site créé pour l'occasion, Time to play fair (il est temps d'être juste et équitable), Spotify étale chaque grief dans une frise chronologique, qu'il accompagne d'un dessin animé dans lequel Apple est représenté par une caricature de brute épaisse.

En plus de la bataille sur l'App Store, Spotify se plaint du traitement de son application sur les produits de la marque, comme l'Apple Watch, l'enceinte connectée Homepod ou l'assistant vocal Siri. Il affirme que ses propositions d'amélioration sont régulièrement rejeté, et le Homepod est la seule enceinte connectée à ne pas avoir de fonctionnement facilité avec Spotify. Le Google Play Store, les Echo d'Amazon ou le Google Home incluent Spotify sans frais supplémentaires. Les détails de la plainte restent confidentiels, et la startup suédoise n'a pas voulu communiquer son estimation du préjudice financier qu'elle pense avoir subi.