France Télévisions : les députés UMP défient le gouvernement

Par Jamal Henni  |   |  622  mots
Les députés UMP, emmenés par Jean-François Copé, plaident tous pour le maintien de la publicité en journée, contre l'avis du ministre de la culture.

"Un consensus se dégage sur le maintien de la publicité en journée sur France Télévisions", a constaté ce mercredi matin le député UMP Bernard Debré, à la fin du colloque sur le sujet à l'Assemblée nationale. Tous les intervenants se sont exprimés dans ce sens: les députés UMP comme socialistes, les publicitaires (AACC, Udecam, UDA), les auteurs (SACD, Scam)..., et même France Télévisions: "il y avait un enjeu éditorial à supprimer la publicité après 20 heures, mais il n'y en a aucun avant 20 heures", a souligné le directeur général chargé des programmes Patrice Duhamel. Selon lui, les programmes de l'après-midi "resteront les mêmes" de toutes façons: "des jeux, des divertissements, des émissions d'accompagnement..."

Seuls TF1 et M6 ont réclamé -timidement- une suppression totale de la publicité. Selon la Une, il faudra "au moins 5 ans" pour revenir au niveau de recettes publicitaires de 2007, même si la chaîne a enregistré "une petite croissance à deux chiffres" au premier trimestre 2010.

En pratique, le président du groupe UMP Jean-François Copé a proposé de créer un groupe de travail sur la question. Reste juste un obstacle de taille: le gouvernement, très discret sur le sujet, au point qu'"on oublierait presque qu'il existe un ministre de la culture aujourd'hui", a ironisé le député PS Patrick Bloche. "Frédéric Mitterrand n'a pas du tout vu monter le sujet", confie un député UMP. Un autre s'étonne de "l'inexistence du ministère". Fin mars, le ministre avait dit vouloir rester dans la ligne fixée par la loi de 2009, c'est-à-dire une suppression totale la publicité fin 2011. Autrement dit, c'est dans une contestation de la ligne officielle que Jean-François Copé entraîne désormais ses troupes.

Le colloque de mercredi s'est déjà projeté dans la question d'après: quid de la régie de France Télévisions si la publicité est maintenue en journée ? Pour le député UMP Christian Kert, "si la publicité est maintenue, il faut suspendre les négociations sur la privatisation. Mais je ne suis pas persuadé qu'il faille la remettre totalement en cause, car elle est souhaitée par le personnel de la régie". Même son de cloche chez Damien Cuier, directeur général de France Télévisions chargé des finances: "la réflexion sur la privatisation peut être fondée, y compris si la publicité est maintenue en journée, car France Télévisions n'a pas les capacités pour développer une régie très au-delà des 400 millions d'euros récoltés en journée. D'ailleurs, l'appel d'offres prévoit que, si la régie surperforme, alors France Télévisions bénéficiera d'un complément de prix jusqu'en 2014".

Le repreneur retenu, Stéphane Courbit, a abondé: "le maintien de la publicité est déjà traité dans l'appel d'offres. On ne peut pas arrêter unilatéralement le processus de vente, ce n'est pas prévu contractuellement. La seule clause permettant de sortir du contrat est le conflit d'intérêt, or juridiquement il n'y en a pas. C'est de la pure fantasmagorie. Et comme il n'y a pas de problème juridique, c'est compliqué de trouver une solution juridique".

Un conflit d'intérêt pourtant pointé du doigt par Patrice Duhamel: "les producteurs ont à l'unanimité dit qu'il y avait un problème. Cela sera extrêmement difficile pour la sérénité des arbitrages. Il faut éviter tout risque de suspicion".

Toutefois, reprendre la régie "n'est pas vital, et ne va pas changer la donne ni pour moi, ni pour Publicis", a conclu Stéphane Courbit.