Les séries américaines continuent de truster le petit écran

Par Sandrine Cassini  |   |  516  mots
Eric Garandeau, président du CNC Copyright Reuters
Le nombre de fictions américaines a la télévision a continué de progresser, alors que la production française stagne sur le petit écran. Le CNC propose une aide financière supplémentaire aux projets de séries tricolores.

Bones, les Experts, Mentalist, Esprits Criminels. Le petit écran est de plus en plus peuplé de séries américaines, et les Français aiment ça. Tel est le constat fait par le Centre National du Cinéma (CNC) qui dresse son bilan annuel de la production audiovisuelle. En 2011, les chaînes publiques et privées ont programmé 813 soirées de fiction, soit 62 soirées supplémentaires qu'en 2010.

Las, sur cette progression, le nombre de fictions françaises a stagné, tandis que la fiction étrangère ? Etats-Unis en tête ? continue de progresser. Et le premier diffuseur de séries américaines n?est pas TF1? mais M6. Le groupe présidé par Nicolas de Tavernost a mis à l?antenne en première partie de soirée 146 fictions étrangères l?an passé, contre simplement 12 fictions françaises. Sur TF1, le téléspectateur a pu voir 95 fictions étrangères, mais 86 épisodes français. « L?offre de fiction américaine est plus abondante que l?offre française pour la deuxième année consécutive », note le rapport. France 2 reste le premier diffuseur de fictions françaises.

Un quasi monopole des séries américaines dans le top de l'audience

Globalement, le téléspectateur plébiscite la production américaine.  La « la fiction capte 76 des 100 meilleures audiences de la télévision ». Et 72 de ces fictions sont des épisodes de séries américaines (essentiellement de trois séries), note le CNC. Et pourtant, chaque année, le CNC finance de plus en plus de fictions, avec 77 fictions aidées l?an passé, contre 71 l?année d?avant.

Comment faire revenir le téléspectateur sur une offre nationale? Le CNC, dont le financement et l?état de la trésorerie sont régulièrement critiqués, a décidé de donner un large coup de pouce financier à la production française. Ainsi, les séries pour lesquelles seront commandées au moins 6 épisodes et qui auront une durée de 45 à 52 minutes se verront attribuer un bonus de financement de 25%.

Un bonus financier pour les projets à risques

En contrepartie, le soutien aux séries longues déjà installées, comme « Plus belle la vie », sera progressivement réduit. « Le compte de soutien doit porter là où la prise de risque est la plus grande. En tout, cela revient à injecter 10% de plus dans la fiction », a indiqué le patron du CNC, Eric Garandeau. La fiction française bénéficiera donc de 8 à 10 millions d?euros supplémentaires par rapport aux 75 millions de financement actuel. Mais pas question de ponctionner cette somme sur d?autres lignes de dépenses.

Eric Garandeau mise sur une croissance des recettes du CNC, n?envisageant pas du tout son plafonnement. « Nos recettes sont assises sur le chiffre d?affaires. Le plafonnement de nos taxes est antagoniste avec ce modèle. Il est vital d?avoir un compte de soutien en croissance », a martelé le président. Cette annonce au moment où le sénateur Philippe Marini, a confirmé aux Echos, demandé à la Cour des comptes un audit du CNC.