Presstalis au bord du dépot de bilan

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  453  mots
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L'ex-NMPP, principal distributeur de presse en France, est dans une situation financière dramatique. Au point que les conseillers des deux finalistes de la présidentielle ont été saisis de ce dossier qui pourrait exploser au lendemain du 6 mai. Dans l'urgence, l'État se dit prêt à débloquer une avance de 11,9 millions d'euros.

Pas de journaux le 7 mai! Le futur président de la République a peine élu et même pas investi, pourrait avoir son premier conflit social au cours de la deuxième semaine de mai. Et il le sait déjà. Les conseillers presse de Nicolas Sarkozy et de François Hollande ont en effet été prévenus ces derniers jours que Presstalis (les anciennes NMPP en charge de 70% de la distribution de la presse) sont en quasi dépôt de bilan. Anne Marie Couderc, ancienne ministre d?Alain Juppé, ancienne dirigeante de Lagardère Active et actuelle présidente de Presstalis, est en effet allée la semaine dernière voir François Fillon pour lui expliquer que son entreprise ne pouvait plus assurer le paiement des précomptes sociaux : rien n?a été réglé à l?URSSAF fin mars et la direction de Presstalis aurait également demandé au groupe Audiens un report du versement des cotisations retraite et maladie complémentaires. D?autres émissaires de Presstalis ont eux rencontré Michel Françaix, le conseiller médias de François Hollande. Officiellement, Anne Marie Courderc reconnait «une faiblesse de trésorerie évidente » mais, ajoute t elle « assez habituelle à ce moment de l?année », même si en 2012 elle est très violente.
 

"A partir du 7 mai, tout est possible"

Il n'empêche. Presstalis ne maîtrise plus son destin. Si le groupe dispose d'encore  un peu de trésorerie, plusieurs dirigeants de presse s?opposeraient à son utilisation pour payer les précomptes sociaux : Francis Morel, le président directeur général des Echos, et Marc Feuillée, le directeur général du Figaro. « En toute logique nous devrions annoncer un dépôt de bilan au début du mois prochain si rien ne change, explique un proche d?Anne Marie Couderc. Mais pour des raisons politiques évidentes, il est peu probable que nous le fassions avant le 6 mai. De même il est peu probable que la CGT lance un mouvement de grève avant le 6 mai, pour d?évidentes raisons politiques également. En revanche, à partir du 7, tout est possible? »

La situation a été jugée suffisament urgente pour que le gouvernement se décide finalement à intervenir : l'Etat est prêt à verser "dans les plus brefs délais" une avance de 11,9 millions d'euros à Presstalis, a annoncé lundi le ministère de la Communication et Bercy. Cette intention est précisée dans un courrier adressé à Gérard Rameix, le médiateur du crédit de Presstalis qui vient d'être nommé. Les deux ministères précisent que les actionnaires du distributeur ont donné leur accord pour une augmentation de capital à hauteur de 0,5% du chiffre d'affaires.