Rémy Pflimlin met le feu à France Télévisions

Par Sandrine Cassini  |   |  695  mots
rémy Pflimlin, le président de France Télévisions. Copyright Reuters
Le président du groupe de télévision publique a annoncé la fusion des rédactions de France 2 et France 3. Selon les syndicats, il n'exclut pas de mener un plan social - sans départ contraint - si besoin.

Il n?est pas dans les habitudes de Rémy Pflimlin de passer en force. Et pourtant. Le président de France Télévisions a jeté un énorme pavé dans la marre mardi en annonçant en Comité central d?entreprise la fusion des rédactions nationales de France 2 et France 3. Le projet ? intitulé « Info 2015 » - doit être opérationnel en 2015. « Depuis une dizaine d?années, l?Internet, la TNT, et demain la télé connectée changent notre manière de faire de l?information. Or, notre organisation actuelle ne permet pas de répondre à ces nouveaux besoins », justifie Jérôme Cathala, directeur en charge de l?éditorial, et propulsé responsable du groupe de travail.

La fusion des rédactions fait partie des arlésiennes du groupe de télévision publique. Mais compte tenu du caractère délicat de sa mise en place ? dans l?esprit de chacun, fusion rime avec réduction des coûts - aucun des dirigeants de France Télévisions n?avait jusque là voulu ouvrir le dossier. Actuellement, la rédaction de France 2 compte 350 cartes de presse, celle de France 3, 200 et le numérique 40 personnes. Problème : des équipes des deux grandes chaînes se retrouvent souvent sur les mêmes événements pour tourner les mêmes images (conférences de presse, déplacements d?hommes politiques?). « En un an, nous avons fait 600 tournages communs, du coup nous avons réinvesti dans des reportages plus spécifiques », indique Jérome Cathala. « Aujourd?hui il y a une rédaction qui fait le 20h de France 2, une autre le 19h20 de France 3. L?objectif c?est d?avoir une rédaction nationale avec deux cellules spécifiques dédiées à chaque chaîne ».

Les signaux avant-coureurs
« Cette annonce n?est pas une surprise. On l?a vu arriver avec la fusion des moyens techniques des rédactions, et notamment celle des magasins [lieux de stockage du matériel] cet été, même si Thierry Thullier n?a pas arrêté de nous dire en juillet qu?on était parano et que cela ne préfigurait pas du tout une fusion », déclare Joy Banerjiee, délégué du personnel du SNJ-CGT et journaliste reporter d'images à France 3. Un droit d?alerte a été lancé. Evidemment, la dimension baisse des coûts est dans tous les esprits. Dès cette année, le manque à gagner publicitaire de France Télévisions sera de 55 millions d?euros, la dotation d?Etat a d?ores et déjà été amputée de 20 millions d?euros. En 2012, le groupe doit trouver 75 millions d?euros pour être à l?équilibre. En 2013, la baisse de la ressource publique sera de 4%, soit 100 millions d?euros. Il y a en outre de fortes chances que l?objectif publicitaire, fixé à un haut niveau, ne soit pas atteint.

Un plan social n?est plus tabou
« Rémy Pflimlin a laissé entendre que si la situation l?exigeait, il mènerait le plan social nécessaire, même s?il n?y aurait pas de départ contraint », s?emporte Joy Banerjiee. Pour l?instant, le contrat d'objectifs et de moyens (COM) prévoit une baisse de 5% des effectifs d?ici 2015, et donc 500 départs. Mais un nouveau COM, faisant apparaître plus d?économies, doit être renégocié d?ici au début de l?année prochaine.

Le dossier des régions en suspens

Le projet de Rémy Pflimlin laisse un autre dossier délicat en suspens : celui des rédactions régionales. France 3 Régions, qui inclut France O et les 9 éditions d?Outre-Mer, compte quasiment 3.000 journalistes, un coût énorme pour le service public. « Mais ils produisent chaque jour 48 éditions régionales, 50 éditions locales et 18 éditions en outre-Mer », justifie Jérôme Cathala. L?idée de régionaliser la rédaction ? qui revenait à donner plus d?autonomie à des chaînes en région et à trouver d?autres ressources financières provenant des collectivités locales - a été abandonnée par Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et la Communication, du fait de son coût trop élevé.