Formule 1, foot : pourquoi TF1 lève le pied dans le sport

Par Sandrine Cassini  |   |  630  mots
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La Une a décidé de laisser Canal Plus racheter les trois prochaines saisons de la Formule 1, qu'elle diffusait pourtant depuis 1992. Une décision identique avait été prise sur la Ligue des Champions. Dans le sport, TF1, qui fait le constat que les séries américaines sont plus rentables, veut limiter ses pertes pour se contenter des grands événements comme l'Euro 2016 ou la Coupe du Monde.

Une page se tourne pour TF1. La Une a choisi de ne pas surenchérir sur les droits de la Formule 1, qu'elle diffusait depuis 1992. C'est donc Canal Plus qui mettra à l'antenne le championnat de F1, ces trois prochaines saisons. Le groupe audiovisuel aurait accepté de débourser 29 millions d'euros par an, selon L'Equipe. Jusqu'à présent, la Une payait chaque année plus de 30 millions d'euros (entre 31 et 38 millions, d'après les estimations), selon le dernier appel d'offres qui couvrait la période 2008 à 2012.

Audiences en baisse, coûts en hausse

Pour TF1, cet épilogue n'est pas une surprise. La Une payait très cher des programmes dont l'audience n'a cessé de baisser ces dernières années. Sur la saison 2012, les Grands Prix attiraient en moyenne 2,8 millions de télespectateurs, soit 400.000 de moins qu'en 2009 et 1 million de moins qu'à une période plus faste. Dans le même temps, les tarifs pratiqués par la Formula One Management (FOM) n'avaient cessé de croître, et la Une avait accepté de débourser sur le dernier appel d'offres trois fois plus qu'en 2003-2005, quand elle payait encore 10 millions d'euros par an environ.

Plus de Champion's League non plus

C'est le deuxième désengagement fort de TF1 dans le sport. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la Une avait décidé début 2012 de laisser filer à Canal Plus les 13 meilleures affiches de la Ligue des Champions, à l'antenne depuis 1989. Les audiences étaient là aussi en baisse sur le long terme -chaque match atteignant péniblement 5 millions de téléspectateurs, loin des 7 millions d'aficionados de la grande époque, tout en restant très onéreux. La Une déboursait en effet 2,3 millions d'euros par rencontre, soit un total de 31 millions d'euros sur la saison. Cette saison, la Une diffusera quand même la finale de la Champion's League, qui fait partie des événements sportifs devant passer sur les chaînes en clair.

Les séries américaines payent plus que le sport

TF1 laisse donc de côté deux événements sportifs non rentables. D'autant qu'en termes d'audience pure, l'histoire donne raison à TF1. Ainsi, les soirées Ligue des Champions ont été remplacées par des séries américaines (Dr House, Unforgettable et Esprits Criminels) qui attirent entre 7 et 8 millions de téléspecteurs en moyenne. De même les dimanches après-midi, où se succèdent là aussi des séries américaines -Mentalist et Dr House- attirent en moyenne 3 millions de téléspectateurs.

"Nous considérons que les histoires au long court [les championnats, ndlr] sont destinées à des chaînes payantes, et non plus à des chaînes gratuites. En revanche, les grands événements comme les matches de l'Equipe de France de football, la Coupe du Monde ou l'Euro 2016 ont toute leur place sur TF1, car il y a un effet de halo sur l'ensemble des audiences", assure un porte-parole de TF1. Pourtant, la Ligue des champions ou la Formule 1 n'ont jamais été des programmes rentables. Ils devaient déjà servir à porter l'image de la chaîne. C'est en tout cas le discours que tenait TF1. Mais depuis, la chaîne, en proie à un recul chronique des audiences sur le long terme (même si depuis le début de l'année, la chaîne a renoué avec la croissance), a fait évoluer son discours. Son PDG Nonce Paolini a régulièrement distillé qu'il n'était plus prêt à ouvrir déraisonnablement les cordons de la bourse et à continuer à perdre de l'argent. La perte des deux feuilletons sportifs traduit cette nouvelle stratégie. Reste à savoir si à plus long terme, la chaîne ne décidera pas d'appliquer les mêmes règles aux grands événements footballistiques, eux aussi fortement déficitaires.