Meta planche sur des versions payantes de Facebook et Instagram dans l'UE

Par latribune.fr  |   |  547  mots
Meta a déjà exposé cette proposition aux régulateurs européens en septembre, d'après la même source confidentielle. Pour l'instant, Bruxelles n'a pas réagi officiellement. (Crédits : GONZALO FUENTES)
Meta envisage une version de ses réseaux sociaux sans ciblage publicitaire, mais payante, pour se conformer aux nouvelles lois européennes.

Ce serait une révolution chez Meta. Le géant numérique envisage de proposer des abonnements payants aux Européens afin d'avoir accès à Instagram et Facebook dans une version sans publicité, pour s'accorder avec la législation européenne sur les données personnelles et la publicité ciblée. L'information a d'abord été révélée par le Wall Street Journal (WSJ) mardi puis confirmée par une source proche du dossier à l'AFP.

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Meta envisage ainsi plusieurs formules. Dans la première, les abonnés pourraient payer environ 10 euros par mois pour leur compte Instagram ou Facebook sur leur ordinateur, et 13 euros pour les applications mobiles sur smartphones. Chaque compte supplémentaire nécessiterait environ 6 euros en plus à la facture mensuelle. Les utilisateurs qui refusent que Meta exploite leurs données personnelles pour du ciblage publicitaire garderaient ainsi l'accès aux plateformes... mais de façon payante.

Pas de réaction officielle de l'UE pour l'instant

Meta a déjà exposé cette proposition aux régulateurs européens en septembre, d'après la même source confidentielle. Pour l'instant, Bruxelles n'a pas réagi officiellement. « Meta croit en la valeur des services gratuits financés par des publicités personnalisées », a expliqué un porte-parole du groupe à l'AFP. « Toutefois, nous continuons d'étudier les possibilités de nous conformer à l'évolution des exigences réglementaires. Nous n'avons rien d'autre à partager pour le moment », a-t-il précisé.

Proposer des abonnements payants constituerait un tournant radical d'approche pour l'entreprise qui avait promis que Facebook resterait « toujours » gratuit. Le modèle économique des plateformes payantes tend cependant à se diffuser, aussi bien chez X (anciennement Twitter) que chez les plateformes de streaming comme Netflix, moins chères ou gratuites avec de la publicité, et plus chères ou payantes sans publicité et avec des avantages supplémentaires.

« Libres de refuser »

En juillet dernier, la Cour de Justice de l'UE a confirmé que Meta n'avait pas le droit de partager des informations personnelles sur les utilisateurs entre ses plateformes. Les utilisateurs « doivent être libres de refuser individuellement (...) de donner leur consentement à des traitements particuliers de données qui ne sont pas nécessaires à l'exécution du contrat, sans être obligés de s'abstenir totalement d'utiliser le service », avait tranché la Cour le 4 juillet.

Ainsi, ces utilisateurs sont censés « se voir proposer, le cas échéant moyennant une redevance appropriée, une option alternative équivalente ne s'accompagnant pas de tels traitements de données ».

Meta et Google ont bâti leur fortune sur le modèle du ciblage publicitaire : des milliards d'utilisateurs avec des publicités finement ciblées et personnalisées grâce aux données personnelles qu'ils laissent sur les plateformes.

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Mais l'Union européenne (UE) s'attaque depuis des années au pistage des internautes sans leur consentement, d'abord avec le règlement européen sur la protection des données (RGPD) de 2016, puis avec le règlement sur les marchés numériques (DMA), entré en vigueur cet été. Les plateformes numériques concernées ont jusqu'au 6 mars 2024 pour se conformer à ces nouvelles obligations.

(avec AFP)