Threads, le « Twitter killer » de Meta et ses 30 millions d'utilisateurs en deux jours, fait paniquer Elon Musk

Alors que le lancement de Threads, dont l'ambition affichée est de détrôner Twitter, est un grand succès, Elon Musk voit rouge. Le milliardaire a qualifié son nouveau concurrent de parasite, et menace d'attaquer Meta en justice pour vol de secrets industriels et infraction au droit de la propriété intellectuelle. Une probable tactique de diversion pour tenter d'enrayer le succès du nouveau réseau social, qui dispose encore d'un réservoir considérable d'utilisateurs grâce à la puissance d'Instagram.
Sylvain Rolland
Le logo de Threads (en noir) sur celui de Twitter.
Le logo de Threads (en noir) sur celui de Twitter. (Crédits : DADO RUVIC)

Elon Musk voulait en découdre avec Mark Zuckerberg sur un ring, à mains nues, à Las Vegas. Ce dernier avait accepté le combat, mais il a finalement préféré frapper là où cela fait le plus mal : au portefeuille. Mercredi 5 juillet, Meta a lancé Threads, son « Twitter killer », un nouveau réseau social affilié à Instagram, dont le but affiché est de capitaliser sur les difficultés de l'oiseau bleu sous la direction d'Elon Musk pour prendre sa place en détournant ses utilisateurs et les annonceurs qui y sont encore.

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Et c'est, pour l'instant, un grand succès : après voir atteint 5 millions d'utilisateurs en seulement 4 heures, puis 10 millions en 7 heures, Threads a gagné pas moins de 20 millions nouveaux utilisateurs lors de son deuxième jour. Ce qui porte donc le total à 30 millions d'utilisateurs en 24 heures, soit plus d'1,2 million d'inscrits par heure.

Engouement réel grâce à la puissance d'Instagram

Certes, Threads est encore très loin de Twitter, qui revendiquait 396,5 millions d'utilisateurs en mars 2023, soit encore plus de dix fois plus. Mais son potentiel de croissance est immense, car Threads est interopérable avec Instagram, le réseau star de Meta, qui attire, lui, 2,5 milliards d'utilisateurs actifs par mois.

Pour donner toutes les chances de succès à Threads, Mark Zuckerberg le positionne comme le réseau social complémentaire d'Instagram : le second permet à ses membres de réunir des communautés basées sur les photos et les vidéos courtes, et le premier y ajoute la dimension de la discussion via le texte. La fluidité entre les deux services est parfaite car ils sont interopérables au point où il est possible non seulement d'importer sur Threads l'ensemble de ses contacts Instagram, mais aussi de partager les mêmes identifiants.

Le potentiel de croissance est d'autant plus immense que Threads n'est toujours pas lancé en Europe en raison d'un conflit réglementaire avec Bruxelles, et que les premiers retours des utilisateurs sur Threads sont assez positifs. « Threads n'est pas Twitter. Mais il a le potentiel de devenir quelque chose de différent et de puissant. C'est Twitter mais avec moins de problèmes, plus d'éclat d'entreprise, et suffisamment de potentiel pour aspirer ce qui reste de vie -et de revenus publicitaires- du réseau social en difficultés d'Elon Musk », estime le journal britannique The Guardian après avoir testé le service pendant une journée.

Mais dans la plus pure tradition de Meta, Mark Zuckerberg compte détrôner Twitter pour enfermer les utilisateurs de Threads dans son écosystème : certains utilisateurs ont constaté qu'il est impossible de supprimer Threads sans supprimer Instagram...

Elon Musk menace d'attaquer Meta en justice

« On dirait le début de quelque chose d'exceptionnel mais nous avons encore beaucoup de travail devant nous pour bâtir l'app de conversations écrites d'Instagram », s'est réjoui Mark Zuckerberg en annonçant le pallier des 30 millions d'utilisateurs. Lors du lancement, il avait affirmé viser 1 milliard d'utilisateurs. « Twitter a eu l'occasion de le faire mais n'a pas réussi. Nous espérons y arriver », avait-il écrit.

Piqué au vif, Elon Musk prend visiblement la menace au sérieux. A un tweet d'un utilisateur qui trouvait que le logo de Threads « ressemble à un ver solitaire », l'actionnaire majoritaire de Twitter a commenté : « Sur le plan métaphorique aussi », comparant la nouvelle plateforme à un parasite. Il a aussi réagi par un émoji pleurant de rire au tweet du cofondateur de Twitter Jack Dorsey disant: « On voulait des voitures volantes. Au lieu de ça, on a eu sept clones de Twitter ».

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Mais le bouillant milliardaire ne s'est pas contenté de rire, envoyant par le biais de l'avocat de la maison mère de Twitter, X Corp, une lettre accusant Meta d'avoir enfreint des secrets industriels et d'infraction au droit de la propriété intellectuelle. La maison mère de Facebook est accusée d'avoir recruté « des dizaines » d'anciens employés de Twitter, selon le document publié par le site d'information Semafor. Mettant en demeure Meta de cesser ses agissements, X Corp s'est dit prête à saisir la justice dans le cas contraire. « La concurrence n'est pas un problème. La tricherie en est un », a dénoncé Elon Musk sur Twitter.

L'accusation a entraîné un démenti de Meta. « Aucun membre de l'équipe d'ingénieurs de Threads n'est un ancien employé de Twitter », a répondu sur le nouveau réseau social Andy Stone, porte-parole de Meta. Et même si c'était le cas, pas sûr que cela suffise à Elon Musk pour gagner une action en justice, car il faudrait encore prouver que les éventuels employés en question soient partis avec des secrets industriels sous le bras, ou aient violé une clause de non-concurrence. Pour rappel, Elon Musk avait renvoyé plus de 8.000 employés et contractuels de manière particulièrement brutale, du jour au lendemain, lors de trois grandes vagues de licenciements dès sa prise de poste en novembre dernier.

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Quoi qu'il en soit, la réaction procédurière d'Elon Musk traduit que Mark Zuckerberg lui a porté un vrai coup, et que l'entrepreneur prend très au sérieux la menace existentielle que représente Threads. Et pour cause : parmi tous les clones de Twitter qui se sont créé ces derniers mois -Bluesky, Truth SocialPost.News...- et ceux qui ont tenté de surfer sur les difficultés de Twitter pour rebondir -Mastodon, Hive...-, aucun n'a connu un tel engouement. Reste désormais à savoir si Threads saura faire rester ces utilisateurs qui sont tentés d'abandonner Twitter.

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 08/07/2023 à 1:19
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C'est une bonne chose que l'auteur reconnaisse enfin l'échec des concurrents du type Mastodon, auxquels il promettait un brillant avenir voici quelques mois à peine. Mais est-ce une raison pour répéter les mêmes illusions avec ce nouvel entrant ?

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