Orange et la Grande-Bretagne, c’est fini

Par Pierre Manière  |   |  429  mots
Avec cette cession, Stéphane Richard, le PDG d'Orange, s'assure, selon une source proche du dossier, que c'est l'Autorité de la concurrence française qui examinera le possible deal avec Bouygues Telecom.
L’opérateur britannique BT a bouclé vendredi le rachat du spécialiste du mobile EE auprès d’Orange et Deutsche Telekom. Le géant français des télécoms met donc un point final à ses activités outre-Manche.

Un géant quitte la Grande-Bretagne, et un autre renaît. Dans un communiqué, BT affirme vendredi avoir finalisé le rachat de l'opérateur mobile EE auprès d'Orange et Deutsche Telekom pour 12,5 milliards de livres (environ 16,5 milliards d'euros). Dans cette opération, Orange a récupéré 4,5 milliards d'euros, en plus d'une participation de 4% dans BT. Deutsche Telekom, pour sa part, qui souhaitait être payé essentiellement en actions, en a reçu 12%.

Du côté d'Orange, le bouclage de cette opération constitue aussi une bonne nouvelle concernant un possible mariage avec Bouygues Telecom. Pourquoi ? Parce que la part des revenus de l'opérateur historique en France par rapport à ceux réalisé sur le Vieux Continent dépasse désormais largement la barre des deux tiers. Or ce seuil est déterminant pour savoir qui, de l'autorité de la concurrence française ou européenne, arbitrera un possible mariage avec Bouygues Telecom. « Jusqu'alors, c'était tangent, confirme Vincent Maulay, analyste chez Oddo Securities. Désormais, il sera plus facile à Paris de réclamer la supervision du deal. »

BT se mue en opérateur « convergent »

D'après une source proche du dossier, il ne fait plus de doute que c'est bien Bruno Lasserre, le patron de l'Autorité de la concurrence française, qui étudiera un éventuel mariage. Un point clé, puisque Bruxelles, depuis quelques mois, s'est montré de plus en plus frileux concernant les consolidations nationales dans les télécoms.

En Grande-Bretagne, la finalisation de cette opération permet à BT de se muer en en acteur « convergent », capable de proposer des offres mêlant téléphonie, Internet et télévision. Pour de nombreux analystes, cela devrait permettre à l'opérateur de retrouver le chemin d'une croissance forte. Après avoir mangé son pain noir, BT a désormais, semble-t-il, de solides atouts pour redevenir un cador au niveau européen.

« BT a connu de graves difficultés dans les années 2000, il affichait un endettement très élevé, rappelle Yves Gassot, le patron de l'Idate, un think tank spécialisé dans les télécoms. Il fallait donc l'alléger [en vendant son activité mobile, Ndlr]. A côté des Deutsche Telekom, Orange ou Telecom Italia, beaucoup considéraient que BT était devenu un opérateur secondaire. Depuis, celui-ci s'est recentré sur le marché britannique. Il a subi un effritement de son chiffre d'affaires, certes, mais il a amélioré sa marge. Et depuis quelques années, il est redevenu un acteur dynamique. »

Lire aussi : Royaume-Uni : BT, ou la renaissance d'un géant des télécoms