Orange veut "se retirer d'Israël", l'Etat hébreu exige des excuses

Par latribune.fr  |   |  540  mots
"Je suis prêt à abandonner demain matin" les liens avec Partner mais "sans exposer Orange à des risques énormes" sur le plan légal ou financier, a annoncé Stéphane Richard.
Le PDG d'Orange, sous la pression d'un rapport sur la légalité de la présence de son groupe dans les colonies israéliennes publié par des ONG, compte revoir ses liens avec la société de télécoms Partners. En Israël, les réactions sont épidermiques.

Publié le 04/06/2015 à 14:36. Mis à jour le 04/06/2015 à 16:14.

La guerre semble déclarée entre Orange et Israël. Le PDG d'Orange a annoncé mercredi 3 juin lors d'une conférence de presse au Caire qu'il aimerait revoir ses liens avec la société israélienne de télécoms Partner, qui utilise la marque du groupe,français en vertu d'un contrat de licence signé en 1998, et à terme se "retirer d'Israël".

"Je suis prêt à abandonner demain matin" les liens avec Partner mais "sans exposer Orange à des risques énormes" sur le plan légal ou financier, a précisé Stéphane Richard. Il a exprimé  sa volonté de quitter le pays car selon lui, la présence du groupe dans l'Etat Hébreu est une "question sensible"  au sein des autres pays du Moyen-Orient où le groupe fait des affaires. Il veut "être un partenaire de confiance de tous les pays arabes", rapporte le Financial Times.

Pression des ONG

Par ailleurs, dans un rapport intitulé "Les liaisons dangereuses d'Orange dans le territoire palestinien occupé, cinq ONG et deux syndicats, dont CCFD-Terre Solidaire, l'Association France Palestine Solidarité et la CGT, ont mis une forte pression sur le groupe français.

Selon eux, en exerçant des activités économiques dans les colonies israéliennes, Orange "contribuerait à leur viabilité économique et à leur maintien, et aiderait ainsi à perpétuer une situation considérée comme illégale par la communauté internationale". Les cinq ONG et les deux syndicats même demandé fin mai à Orange "de communiquer publiquement sa volonté de désengagement et de dénoncer les atteintes aux droits humains commises par Partner".

Orange, accusé de subir les pressions de groupes pro-palestiniens

Les réactions ont été vives en Israël. Le porte-parole des Affaires étrangères israéliennes, Emmanuel Nahshon, a annoncé: "Notre ambassadeur (en France) s'est adressé aux autorités françaises pour obtenir des explications. [...] Nous attendons des excuses de la part d'Orange".

Yair Lapid, ancien ministre israélien des finances et leader de Atid, parti de centre droit, s'est lui aussi adressé au gouvernement français lui demandant de prendre ses distances avec ces "déclarations irresponsables". Il s'appuie sur le poids de l'Etat français, actionnaire à 25% d'Orange.

Enfin, Isaac Benbenisti, amené à prendre la présidence de Partner le 1er juillet, s'est plaint sur la radio militaire israélienne:

"Je suis très, très en colère. Je pense que ce qu'il a dit est le résultat de pressions très importantes des (groupes) pro-palestiniens. Nous devons nous mobiliser en tant que pays pour nous occuper de ce sujet. Israël est attaqué dans le monde. Ils essayent de nous isoler."

Orange assure ne pas prendre part à un quelconque débat politique

Face à la levée de boucliers, Orange a tenu à clarifier sa position, jeudi 4 juin, assurant ne pas prendre part "sous une quelconque forme, à un débat de nature politique". Et de préciser:

"Conformément à sa politique de marque, Orange ne souhaite pas maintenir la présence de la marque dans les pays où le Groupe n'est pas ou n'est plus opérateur. Dans ce cadre, tout en respectant strictement les accords existants, Orange souhaite mettre fin à terme à cette licence de marque [signée avec Partner]."